Category Archives: PHILOSOPHIE

Jollien : L’handicapé est-il un humain ?

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Que représente le mot « handicapé » ?  Un mot, une chaîne, une prison. Une Etiquette.

« Derrière les mots se cache un être, une personnalité riche, unique, irréductible que le poids des préjugés finit par recouvrir d’une couche fièrement catégorique. Ce vernis exclut une approche simple et innocente. La chaise roulante, la canne blanche, voilà ce qui saute aux yeux. Mais qui, avec virtuosité, utilise le fauteuil roulant, qui manipule la canne ? Le voit-on, veut-on le voir ? Et pourquoi de tels accessoires seraient-ils nécessairement les signes du malheur ? C’est aussi la raison pour laquelle, puisqu’il faut se méfier des généralités et considérer l’individu dans sa vérité (toujours plus dense que ce qui est visible), ces signes extérieurs interdisent d’imaginer l’aveugle…heureux. »

Jollien A., Le métier d’homme, seuil, 2002

 

La question traditionnelle de la définition de l’humain :

« La tradition propose un large éventail de caractéristiques pour distinguer l’homme des autres créatures du monde. Vaste programme ! En voici quelques-unes, cocasses : Descartes propose la parole, le fantasque Rabelais célèbre le rire, alors que Brillat-Savarin découvre, dans la faculté de distiller des fruits pour en faire de la liqueur, le moyen de prouver qu’il est un homme. Beaumarchais suggère que boire sans soif  et faire l’amour tout le temps nous différencient des autres bêtes. Enfin, Valéry écrit que celui qui sait faire un nœud appartient à la race humaine. Par leur aspect déroutant, ces tentatives de définition ont tout simplement le mérite de mettre en évidence, non sans humour, la difficulté de cerner l’être humain. »

Jollien A., Le métier d’homme, Seuil, 2002

 

UE 1.3: La convention relative aux Droits de l’enfant (1989)

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Article premier

Au sens de la présente Convention, un enfant s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable.

Article 2

1. Les Etats parties s’engagent à respecter les droits qui sont énoncés dans la présente Convention et à les garantir à tout enfant relevant de leur juridiction, sans distinction aucune, indépendamment de toute considération de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou autre de l’enfant ou de ses parents ou représentants légaux, de leur origine nationale, ethnique ou sociale, de leur situation de fortune, de leur incapacité, de leur naissance ou de toute autre situation.

2. Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées pour que l’enfant soit effectivement protégé contre toutes formes de discrimination ou de sanction motivées par la situation juridique, les activités, les opinions déclarées ou les convictions de ses parents, de ses représentants légaux ou des membres de sa famille.

Article 3

1. Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale.

Article 5

Les Etats parties respectent la responsabilité, le droit et le devoir qu’ont les parents ou, le cas échéant, les membres de la famille élargie ou de la communauté, comme prévu par la coutume locale, les tuteurs ou autres personnes légalement responsables de l’enfant, de donner à celui-ci, d’une manière qui corresponde au développement de ses capacités, l’orientation et les conseils appropriés à l’exercice des droits que lui reconnaît la présente Convention.

Article 6

Les Etats parties reconnaissent que tout enfant a un droit inhérent à la vie.

UE 1.3: Déclaration universelle des Droits de l’Homme (1948)

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Préambule

Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.

Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et que l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme.

Considérant qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression.

Considérant qu’il est essentiel d’encourager le développement de relations amicales entre nations.

Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité des droits des hommes et des femmes, et qu’ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande.

Considérant que les Etats Membres se sont engagés à assurer, en coopération avec l’Organisation des Nations Unies, le respect universel et effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

Considérant qu’une conception commune de ces droits et libertés est de la plus haute importance pour remplir pleinement cet engagement.

L’Assemblée Générale proclame la présente Déclaration universelle des droits de l’homme comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l’esprit, s’efforcent, par l’enseignement et l’éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.

Article premier

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Article 2

1.Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
2.De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.

 

UE 1.3: La DDHC

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Machiavel: résister à la fortune

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Si vous refusez le fatalisme et le résignation, la philosophie de Machiavel est une manière intéressante de penser l’action humaine et le pouvoir de la volonté: 

 

 

 

Combien, dans les choses humaines, la fortune a de pouvoir,

et comment on peut y résister

Je n’ignore point que bien des gens ont pensé et pensent encore que Dieu et la fortune régissent les choses de ce monde de telle manière que toute la prudence humaine ne peut en arrêter ni en régler le cours ; d’où l’on peut conclure qu’il est inutile de s’en occuper avec tant de peine, et qu’il n’y a qu’à se soumettre et à laisser tout conduire par le sort. Cette opinion s’est surtout propagée de notre temps par une conséquence de cette variété de grands événements que nous avons cités, dont nous sommes encore témoins, et qu’il ne nous était pas possible de prévoir : aussi suis-je assez enclin à la partager.

Néanmoins , ne pouvant admettre que notre libre arbitre soit réduit à rien, j’imagine qu’il ne peut être vrai que la fortune dispose de la moitié de nos actions, mais qu’elle en laisse à peu près l’autre moitié en notre pouvoir. Je la compare à un fleuve impétueux qui, lorsqu’il déborde, inonde les plaines, renverse les arbres et les édifices, enlève les terres d’un côté et les emporte vers un autre : tout fuit devant ses ravages, tout cède à sa fureur ; rien n’y peut mettre obstacle. Cependant, et quelque redoutable qu’il soit, les hommes ne laissent pas, lorsque l’orage a cessé, de chercher à pouvoir s’en garantir par des digues, des chaussées et autres travaux : en sorte que, de nouvelles crues survenant, les eaux se trouvent contenues dans un canal, et ne puissent plus se répandre avec autant de liberté et causer d’aussi grands ravages. Il en est de même de la fortune qui montre surtout son pouvoir là où aucune résistance n’a été préparée et porte ses fureurs là où elle sait qu’il n’y a point d’obstacle disposé pour l’arrêter.

Machiavel, Le Prince, Chapitre 25 (§ 1 et 2)

 

Sophocle: Antigone

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CREON (à Antigone)

Et toi maintenant réponds en peu de mots. Connaissais-tu l’interdiction que j’avais fait proclamer ?

ANTIGONE

Comment ne l’aurais-je pas connue ? Elle était publique.

CREON

Et tu as osé passer outre à mon ordonnance ?

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Rousseau: le « droit » du plus fort

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Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. De là le droit du plus fort ; droit pris ironiquement  en apparence, et réellement établi en principe : mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ? La force est une puissance physique ; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté ; c’est tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir ?

            Supposons un moment ce prétendu droit. Je dis qu’il n’en résulte qu’un galimatias inexplicable. Car sitôt que c’est la force qui fait le droit, l’effet change avec la cause ; toute force qui surmonte la première succède à son droit. Sitôt qu’on peut désobéir impunément on le peut légitimement, et puisque le plus fort a toujours raison, il ne s’agit que de faire en sorte qu’on soit le plus fort. Or qu’est-ce qu’un droit qui périt quand la force cesse ? S’il faut obéir par la force, on n’a pas besoin d’obéir par devoir, et si l’on n’est plus forcé d’obéir, on n’y est plus obligé. On voit donc que ce mot de droit n’ajoute rien à la force ; il ne signifie ici rien du tout.

ROUSSEAU, Du contrat social, livre I, chap. 3

 

Indications pour comprendre les textes

Rousseau : Le prétendu « droit » du plus fort 

 

Dans cet extrait du Contrat social, Rousseau conteste l’emploi abusif du terme « droit » pour désigner le droit du plus fort (vous noterez, ligne 7, que Rousseau utilise l’expression « prétendu droit »). Le « droit » relève soit du domaine juridique soit du domaine moral or ce prétendu droit du plus fort s’exerce par la force.

            Si vous voulez comprendre ce texte, imaginez une pierre. Si on pousse une pierre, elle se déplace. Mais elle se déplace à cause d’une force extérieure. La pierre ne décide pas d’elle-même de se déplacer. Faut-il considérer l’humain comme un objet ? Si l’humain agit parce qu’il est contraint par une force extérieure, il est comme un objet poussé. Or le vrai devoir (moral) devrait être intérieur.

            Obéir à la force n’est pas un devoir (moral) : on y cède par nécessité, non par volonté. Si la force fait le droit, alors logiquement il suffit d’être le plus fort pour avoir raison. Mais est-ce la définition du droit ?

            « S’il faut obéir par la force, on n’a pas besoin d’obéir par devoir, et si l’on n’est plus forcé d’obéir, on n’y est plus obligé » : si quelqu’un est contraint d’obéir (comme un gêneur expulsé de force par un service d’ordre) il n’agit pas par devoir (de lui-même). Le gros point faible du système (que Rousseau souligne ici) est que si on prend l’habitude d’obéir parce qu’on est contraint par une force extérieure, dès que cette force extérieure disparaît on en profitera pour ne plus obéir (pour employer une expression anachronique on parlerait ici de « la peur du gendarme ».)

 

(texte suivant) Rousseau : la nécessité des lois

            Rousseau souligne dans cet extrait Du Contrat social la nécessité des lois en société et des sanctions. L’argument est simple : si on se contente d’instaurer des lois, les gens justes les suivront mais pas les gens injustes. Par conséquent les gens justes seront désavantagés.

            Par exemple : imaginez qu’on instaure une loi du type « il ne faut pas voler ». Les honnêtes gens vont suivre cette loi mais les gens malhonnêtes vont en profiter pour voler (sans punition) du coup les honnêtes gens sont désavantagés. Pour employer une expression contemporaine (mais anachronique) on dirait que les criminels « profitent du système ».

            Pourquoi faut-il instaurer des lois et des sanctions ? Parce que nous avons créé la société. Avant, dans l’état de nature (c’est-à-dire avant que les humains vivent en société) personne n’avait rien promis à personne donc la question ne se posait pas. Mais dans l’état civil (c’est-à-dire quand les humains vivent en société) les droits sont fixés par la loi.

 

Vous notez à ce stade que les deux textes de Rousseau semblent se contredire ! D’un côté, Rousseau explique qu’il est nécessaire de poser des sanctions pour décourager les hommes injustes d’enfreindre les lois, et de l’autre côté il explique qu’on ne peut pas obliger les gens à obéir à la loi seulement avec des contraintes extérieures. Ceci semble poser un problème. Il faut donc lire la conception de la « loi » chez Rousseau pour comprendre comment surmonter cette apparente contradiction.

 

(texte suivant)

Rousseau : la loi comme expression de la volonté générale

 

            Dans cet extrait du Contrat social, Rousseau expose sa conception de la loi. Le premier paragraphe présente une définition de la loi comme expression de la volonté générale. C’est le peuple qui statue sur le peuple. Dans le deuxième paragraphe Rousseau explique en détail cette idée. Puis dans le troisième paragraphe Rousseau expose les conséquences de cette conception :

–          Il ne faut plus demander qui fait les lois : c’est le peuple.

–          Il ne faut plus se demander si le Prince est au-dessus des lois : non personne n’est au-dessus des lois puisque les lois s’appliquent à tous.

–          Il ne faut plus se demander si la loi est injuste : le peuple vote les lois or personne n’est injuste envers lui-même donc logiquement le peuple n’aurait aucun intérêt à voter une loi injuste qui le desservirait.

–          Il ne faut plus se demander si on peut être libre et soumis aux lois : les lois dépendent de nos volontés.

 

L’argumentation de Rousseau permet d’affirmer qu’on peut être libre ET obéir aux lois. Quand la loi était juste la volonté du tyran ou d’une minorité, quand la loi était injuste, quand la loi était imposée de force, les individus se sentaient contraints d’obéir aux lois. Mais si la loi est l’expression de la volonté générale, c’est-à-dire si la loi a été votée par le peuple pour l’ensemble du peuple, alors finalement quand j’obéis aux lois, je n’obéis par à un pouvoir tyrannique imposé de l’extérieur, j’obéis à ma propre volonté donc je suis ma volonté en obéissant aux lois. Si je suis ma volonté je suis libre.

 

Evidemment ce type d’argumentation sous-entend qu’il faut abandonner la monarchie pour passer à un système démocratique.

 

Epicure: l’autosuffisance

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Explication de texte :

 

[…] nous considérons l’autosuffisance elle aussi comme un grand bien, non pas dans l’idée de faire avec peu en toutes circonstances, mais afin que, dans le cas où nous n’avons pas beaucoup, nous nous contentions de peu, parce que nous sommes légitimement convaincus que ceux qui ont le moins besoin de l’abondance sont ceux qui en tirent le plus de jouissance, et que tout ce qui est naturel est facile à acquérir, alors qu’il est difficile d’accéder à ce qui est sans fondement. Car les saveurs simples apportent un plaisir égal à un régime d’abondance quand on a supprimé toute la souffrance qui résulte du manque, et du pain et de l’eau procurent le plaisir le plus élevé, lorsqu’on s’en procure alors qu’on en manque. Donc, s’accoutumer aux régimes simples et non abondants assure la plénitude de la santé, rend l’homme actif dans les occupations nécessaires à la conduite de la vie, nous met dans de plus fortes dispositions quand nous allons, par moments, vers l’abondance, et nous prépare à être sans crainte devant les aléas de la fortune.

EPICURE, Lettre à Ménécée, GF, trad. Pierre-Marie Morel, p.49-50

 

Epicure: les dieux

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Explication de texte :

[…] considérant que le dieu est un vivant incorruptible et bienheureux, ainsi que la notion commune du dieu en a tracé l’esquisse, ne lui ajoute rien d’étranger à son incorruptibilité, ni rien d’inapproprié à sa béatitude. En revanche, tout ce qui peut préserver en lui la béatitude qui accompagne l’incorruptibilité, juge que cela lui appartient. Car les dieux existent. Evidente est en effet la connaissance que l’on a d’eux.

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Saint Thomas d’Aquin : Est-il permis de voler en cas de nécessité ?

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Saint Thomas d’Aquin : Est-il permis de voler en cas de nécessité ?

Justice divine contre justice terrestre

 

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