Saint Thomas d’Aquin : Est-il permis de voler en cas de nécessité ?0

Posted on décembre 22nd, 2011 in En terminale

 

Saint Thomas d’Aquin : Est-il permis de voler en cas de nécessité ?

Justice divine contre justice terrestre

 

 

Thomas d’Aquin est un philosophe et un théologien du XIIIe siècle. C’est un chrétien catholique. On l’appelle généralement « Saint Thomas d’Aquin ». Ne le confondez pas avec l’apôtre Thomas (l’ami de Jésus) auquel la tradition attribue cette fameuse citation « Je ne crois que ce que je vois ».

Ce texte n’a pas été vu en cours (le niveau est un peu dur quand on ne dispose pas d’une solide culture chrétienne…) mais si vous souhaitez le découvrir, je le mets en ligne :

 

Est-il permis de voler en cas de nécessité ?

[…] Réponse : ce qui est de droit humain ne saurait déroger au droit naturel ou au droit divin. Or, selon l’ordre naturel établi par la providence divine, les êtres inférieurs sont destinés à subvenir aux nécessités de l’homme. C’est pourquoi leur division et leur appropriation, œuvre du droit humain, n’empêchent pas de s’en servir pour subvenir aux nécessités de l’homme. Voilà pourquoi les biens que certains possèdent en surabondance sont dus, de droit naturel, à l’alimentation des pauvres ; ce qui fait dire à S. Ambroise, et ses paroles sont reproduites dans les Décrets : « C’est le pain des affamés que tu détiens ; c’est le vêtement de ceux qui sont nus que tu renfermes ; ton argent, c’est le rachat et la délivrance des miséreux, et tu l’enfouis dans la terre. »

            Toutefois, comme il y a beaucoup de miséreux et qu’une fortune privée ne peut venir au secours de tous, c’est à l’initiative de chacun qu’est laissé le soin de disposer de ses biens de manière à venir au secours des pauvres. Si cependant la nécessité est tellement urgente et évidente que manifestement il faille secourir ce besoin pressant avec les biens que l’on rencontre – par exemple, lorsqu’un péril menace une personne et qu’on ne peut autrement la sauver–, alors quelqu’un peut licitement subvenir à sa propre nécessité avec le bien d’autrui, repris ouvertement ou en secret. Il n’y a là ni vol ni rapine à proprement parler.

 

THOMAS D’AQUIN, Somme théologique,

tome III, IIa, IIae, question 66, article 7, trad. A.-M. Roguet

 

 

Précision

Saint Ambroise de Milan (340-397) est Père et docteur de l’Eglise, c’est-à-dire un des fondateurs de la théologie chrétienne.

Que retenir du texte ?

Thomas d’Aquin distingue une justice des hommes et une justice de Dieu. La première, définissant les règles de propriété, interdit et punit le vol. Le plus souvent, elle n’oblige pas à la charité. Mais, selon Thomas d’Aquin, Dieu n’a pas créé l’humanité pour exposer des personnes à la famine : dans une telle situation, la loi humaine doit s’effacer devant la loi divine. Non seulement cela crée un devoir de charité mais cela fait que ce qui, en d’autres circonstances, serait un vol n’en est plus un. S’esquisse ici l’idée d’un droit fondamental qui offre à tout homme un certain nombre de garanties minimales présentées comme supérieures au droit positif.

 

 

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