Editorial du 10 juin 2014
A l’occasion de la croisière du savoir « Sur les traces des vikings » organisée par le magazine Sciences et Avenir, j’ai rédigé l’éditorial du journal de bord pour le Costa Classica sur les thématiques étudiées.
Ceux qui ont l’habitude de me lire ou de lire les chercheurs mentionnées vont évidemment retrouver des thèmes qui me sont chers.
Liste des articles publiés
Une partie du site est déjà consacrée aux publications littéraires.
Suite aux nombreuses discussions sur mes écrits, j’envisage de rassembler ici les références aux articles publiés (catégorie grand public ou comité de lecture).
La place des jeux video dans ma thèse: Résumé/Abstract
Ecole doctorale de philosophie
EA 4187
Institut de Recherches Philosophiques de Lyon
Pourquoi étudier les processus de création de jeux vidéo dans le cadre d’une thèse sur l’incertitude ?
J’avais déjà expliqué dans un article précédent que la Harvard Business Review classe les services en ligne et les jeux vidéo dans les secteurs soumis à une forte incertitude. Il s’agit donc d’un domaine idéal pour tester mes hypothèses et le fait d’avoir été longtemps un étudiant de Mathieu Triclot (un des rares philosophes français à avoir étudié les jeux vidéo) n’est probablement pas une coïncidence.
L’illusion de la chance: les sujets du bac 2014
Ce court édito va probablement vous sembler très machiavélien dans sa conception de la « fortune » mais le sujet s’y prête on ne peut mieux.
On m’a souvent dit cette année que j’étais extrêmement chanceux, suite aux nombreux concours remportés, et visiblement cette chance déteint sur mes proches et sur mes élèves. Je viens de voir passer les sujets du bac de philosophie de cette année:
Série S :
– « L’artiste est-il maître de son œuvre ? »
Trop facile. « Art » au bac blanc. Chaque élève avait une liste personnelle de dix oeuvres.
– « Vivons-nous pour être heureux ? »
Trop facile. Les élèves connaissent leur oeuvre suivie, La lettre à Ménécée, par coeur.
Le commentaire de texte porte sur un extrait de Règles pour la direction de l’esprit, de Descartes.
Les élèves ont vu DM, MM et la correspondance. Reste à appliquer les 4 principes
Série ES :
– « Suffit-il d’avoir le choix pour être libre ? »
Trop facile. Vu et revu en bac blanc. Je peux déjà deviner le plan de la majorité des élèves étant donné les textes vus.
– « Pourquoi chercher à se connaître soi-même ? »
Trop facile. On a commencé la première heure de cours sur « qui suis-je? ».
Le commentaire de texte porte sur un extrait de Condition de l’homme moderne d’Hannah Arendt.
J’ai pas encore vu l’extrait mais avec notre entraînement à l’explication de texte, ce sera une formalité.
Pour un observateur naïf, les élèves ont eu une incroyable chance cette année. Personnellement, j’ai l’habitude que mes élèves tombent sur un sujet vu en classe chaque année mais 2014 bat tous les records. En apparence, il suffit de ressortir le cours et les textes que les élèves ont fiché depuis belle lurette.
Ceci n’est qu’une illusion trompeuse. En réalité, c’est extrêmement facile parce que les élèves ont beaucoup travaillé en amont. Certes, le sujet sur l’art sera facile puisque j’ai insisté pour que chaque élève de S se constitue une liste personnelle de dix oeuvres. Le sujet sur la liberté est une piste de ski balisée parce que chaque étudiant a déjà lu, analysé et fiché les textes de Descartes, Spinoza, Malebranche, Rousseau, Kant et qu’on a eu l’occasion de creuser le problème du déterminisme avec les sciences humaines. La maîtrise de la problématisation et des concepts ne résulte pas d’un coup de chance mais d’une préparation régulière et sérieuse. J’ai eu l’occasion de constater en posant un contrôle surprise que les S avaient appris quasiment tous leurs cours. Ils ont logiquement démarré leur bac sur les chapeaux de roues.
Machiavel comparait la fortune (la chance) à un fleuve. Elle est imprévisible et peut tout emporter. Néanmoins les humains qui se sont préparés en construisant des digues réagissent mieux aux crues que ceux qui abandonnent l’idée d’action.