Monthly Archives: novembre 2011

Kant: les impératifs hypothétiques et l’impératif catégorique

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Kant le philosophe

[…] tous les impératifs commandent soit hypothétiquement, soit catégoriquement. Les premiers représentent la nécessité pratique d’une action possible, en tant qu’elle constitue un moyen de parvenir à quelque chose d’autre que l’on veut (ou en tout cas dont il est possible qu’on le veuille), Quant à l’impératif catégorique, il serait celui qui représenterait une action considérée pour elle-même, sans relation à une autre fin, comme objectivement nécessaire.[…]

Quand je conçois un impératif hypothétique en général, je ne sais pas à l’avance ce qu’il contiendra, jusqu’à ce que la condition me soit donnée. Mais si je conçois un impératif catégorique, je sais immédiatement ce qu’il contient, Car, dans la mesure où l’impératif ne contient en dehors de la loi que la nécessité qui s’impose à la maxime d’être conforme à cette loi, mais que la loi ne contient aucune condition qui vienne la limiter, il ne reste rien d’autre que l’universalité d’une loi en général, à laquelle la maxime de l’action doit être conforme, et c’est uniquement cette conformité que l’impératif fait apparaître véritablement comme nécessaire.

 

Il n’y a donc qu’un unique impératif catégorique, et c’est celui-ci: Agis seulement d’après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle.

Kant, Métaphysique des moeurs

Ce texte, à travers cette distinction entre deux types d’impératifs, pose une question morale. Comment savoir que son action est moralement bonne ?

Si on se livre à un raisonnement de type « Si je veux…que mes clients me fassent confiance, je dois être honnête » ou « Si je veux…être bien vu par les autres, je dois faire ce qui est considéré comme normal dans ma société », on suit des impératifs hypothétiques. Sont-ils moraux?

Comment savoir si une maxime personnelle est morale ? Demandez-vous si elle peut devenir universelle. Par exemple: « je pense que j’ai le droit de voler quand j’en ai envie ». Seriez-vous heureux si tout le monde suivait cette maxime ?

Le bac par Simon Perrier

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Je reproduis ci-dessous un article de Simon Perrier (président de l’association des professeurs de philosophie).

 

On gagne beaucoup d’auditeurs ou de lecteurs avec le baccalauréat, et sans doute beaucoup d’argent, ce qui n’est pas un mal en soi, sinon qu’on se joue ici de l’anxiété des candidats et qu’on développe en même temps un désintérêt grandissant pour ce qu’il s’agit d’apprendre. Bachoter n’est pas nouveau et peut être nécessaire, mais tend à devenir la forme unique du travail. Un marché de cours de « révisions » va croissant, proposant de « réviser » sans avoir eu besoin d’apprendre. Sites, blogs ou magazines apportent chacun leur contribution. L’arrivée en librairie de petits livres qui se vantent de vous donner tout ce qu’il faut savoir, lance chaque année, pour toutes les disciplines, la grande braderie du bac : quelques pages, quelques conseils, quelques trucs, dont toute la valeur vantée est qu’il suffit d’en faire une application mécanique pour être assuré de réussir.

La philosophie, sans exclusivité, est une des cibles d’un tel commerce. Elle paie sans doute sa prétention à résister à toute procédure qu’il suffirait de reproduire pour réussir. Alors viennent de partout les recettes. Toute l’année scolaire, par exemple, seront publiés des corrigés dont beaucoup font d’une dissertation un catalogue de citations empilées. C’est plus facile pour leur auteur et cela donne l’impression aux élèves qu’il leur suffira d’apprendre par cœur et de répéter. Il s’agit de vendre, et si l’on veut vendre il faut plaire, donc proposer la facilité. Plus encore : à quoi bon prendre en note toute l’année un cours, faire l’effort de le relire, de le comprendre, quand on vous vend en très peu de pages, notion par notion, c’est-à-dire à l’opposé de ce qu’exige le programme de philosophie, l’essentiel des idées qu’il suffira de répéter, et de même les citations qu’il faudra apprendre par cœur et « placer » ici ou là pour faire savant. La prise de notes qu’exige un cours est ainsi dévaluée en étant abusivement assimilée à un travail de copiste. Bien faite, elle est pourtant l’acte d’un élève qui s’efforce de reproduire ce qu’il entend, a compris ou cru comprendre, se l’assimilant en l’écrivant, découvrant ce qu’il n’a en réalité pas compris dans son impuissance à le rendre clairement ou à en retrouver le sens quand il se relit. Il peut ainsi y revenir, questionner, et peu à peu s’approprier un savoir qui devient le sien. Mais quelques euros vous épargneront cet effort. Ajoutez-en encore quelques autres et l’on vous dira, mieux que Mme Irma ou que votre horoscope, quels sont les sujets à venir. Il n’y a plus d’élèves mais seulement des clients.

Ce marché qui se dit d’aide aux élèves suppose implicitement que l’école ne dispense pas l’utile. Elle manque d’efficacité puisqu’elle ne garantit pas le résultat et prétend même le faire dépendre autant de vous que d’elle. La vérité sur ce qu’il faut faire est sur Internet, à la télévision, à la radio, dans des magazines, pas à l’école, pas dans la parole des professeurs, sauf s’ils sont « blogueurs » et mettent à votre disposition un savoir tout fait. Le label « vu à la T.V. », à peine renouvelé ou adapté, fonctionne à plein, contribuant à une inquiétante dévalorisation de la relation pédagogique. La parole vivante du professeur qui élabore le savoir devant vous, avec vous, vous exerce à une appropriation qui ne sera pas mémorisation passive, est ainsi perdue.

Curieusement, l’importance de ce marché s’accroît en proportion d’une réussite de plus en plus assurée pour celles et ceux qui parviennent en Terminale. Au fur et à mesure des pourcentages qui montent et dont les ministres se vantent, la conscience est devenue commune que le bac n’est plus qu’un « examen pour tous », une sorte de certificat de fin d’études, et moins que jamais le premier grade universitaire qu’il est censé être. L’échec est donc à la fois humiliation et perte de temps insupportables, d’où le curieux mélange chez beaucoup d’élèves d’une hyperanxiété et d’une paresse, indifférence personnelle à tout ce qui est enseigné, mais qu’on veut bien ingurgiter à condition d’une rentabilité immédiate. À quoi bon tenter de se cultiver, de faire l’effort de comprendre, de développer sa sensibilité ? Tout porte à penser que le savoir est en lui-même inutile, simple instrument d’une formalité légalement obligatoire. Et puisque certains proposent de vous vendre le bac à bon marché, à la manière d’indulgences, autant payer.

Qu’on ne s’y trompe pas, d’excellents livres existent, d’excellentes émissions aussi, d’excellents sites ou blogs, qui s’adressent aux débutants, lycéens ou non et peuvent servir de points d’appui. Il n’en reste pas moins que ce commerce du bac est à la fois le symptôme et l’agent d’une perte de crédibilité de l’école, d’un utilitarisme grandissant, bachotage infernal et stérile, simulacre d’un vrai travail scolaire. Quantitativement, les élèves qui sont pris à ce piège travaillent, par périodes, énormément. L’arrivée au lycée d’un enseignement par compétences, dès l’année prochaine en Seconde, la volonté politique, revendiquée, de développer « culture du résultat » et « de la performance » ne feront qu’accroître ce processus.

Cela dit, si difficile qu’il soit d’affronter la concurrence de ce commerce de la réussite, illusoire à long terme, bien des élèves y échappent heureusement encore. Si la philosophie est une discipline qu’on peut avoir plaisir à enseigner, c’est qu’ils y trouvent alors souvent, quel que soit le travail que cela implique, un tout autre rapport à l’école.

 Simon Perrier

Professeur de philosophie, Président de l’association des professeurs de philosophie (APPEP)

 

Commentaire: Justement! Concernant la question des chiffres, nous nous sommes penchés sur la question. Christian Godin (l’agrégé qui dirige la série « La philosophie pour les nuls ») annonce une moyenne nationale à 8. D’après les derniers rapports consultés, la moyenne serait montée à 9 ces 3-4 dernières années.

A vrai dire ce n’est guère étonnant. Les annales vendues dans le commerce auraient à peine 12-13 au bac. Si les élèves se content de ça, ce n’est pas étonnant que les notes soient si basses. Si un élève veut obtenir une bonne note, quel que soit le correcteur, il doit maîtriser la méthodologie (par un entraînement régulier) et toutes les connaissances de l’année. On ne pense pas avec du vide.

Le cinéma de genre

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Le cinéma ne produit pas des films.

Le cinéma produit différents catégories de films.

Films d’action, d’amour, d’humour, d’horreur, etc.

Il est rare de tourner un film « pour faire un film ». Les réalisateurs ne cherchent plus à réaliser un film complet qui puisse toucher à tous les genres. Désormais le cinéma est soumis à des impératifs économiques. Un film doit être rentable. Pour être rentable un film doit être un film de niche, c’est-à-dire viser un public particulier.

On sort un film POUR les hommes. Un film POUR les femmes. Un film POUR les ados. Un film POUR les enfants. Continue Reading

Philosopher avec 24H Chrono

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La série 24 (traduite en français « 24H chrono ») a suscitée de nombreuses réflexions et peut être utilisée pour poser des questions philosophiques, notamment les questions morales (le DEVOIR, l’ETHIQUE).

Vous pouvez par exemple analyser la fameuse de l’épisode 12 de la saison 2 dans laquelle le héros, Jack Bauer, menace un terroriste de tuer sa femme et ses enfants (innocents) s’il ne révèle pas l’emplacement de la bombe. Ce type de scène (un peu caricaturale) pose bien la question du devoir. Que signifie « faire son devoir » ? Faut-il obéir aux lois de son pays ? Faut-il obéir à ses supérieurs ? Faut-il respecter la morale courante ? Ou faut-il sacrifier des innocents et enfreindre toutes les lois pour sauver des vies ?

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La mètis pour sortir de la crise ?

LA MÈTIS0 comments

Le 18 novembre 2010 Yves Richez publiait un article sur indiceRH.net intitulé « La Mètis, clé de la réussite des entreprises demain ? » que je reproduis ci-dessous:

Digne héritière de Platon, Descartes et fruit du développement des sciences, notre société occidentale s’est construite sur le dogme de la rationalité, qu’elle perpétue en persévérant dans la normalisation, la division, le contrôler, la géo-maîtrisation. Elle s’est érigée en structure géométrique avec au centre son « général » nommée idée et son N-1, le savoir droit et fixe (celui qui applique sans douter, ni réfléchir). Pourtant, l’environnement économique est marqué par une complexité omniprésente qui échappe bien à cette « norme ». Ce qui est normé n’est pas souple, ni adaptable. La norme est linéaire, statique et indifférente aux singularités et divers événements « hors norme ». Face à cela, il fallait bien que la mètis ressurgisse…

Face à cette mouvance et avec ce paradigme pour seul schéma de pensée, comment naviguer dans ses changements omniprésents ? Comment tirer parti des opportunités dans un monde humain en constante évolution ? Les entreprises qui réussiront seront celles qui sauront échapper à la normalisation de la société. Autrement dit, sortir de sa « tête » pour entrer dans le « monde » et regarder la réalité en face au lieu de s’évertuer à diviser encore plus de la même chose. Car c’est évident, seules les entreprises qui développeront leur mètis passeront les crises et autres événements « percutants ». Mais qu’est-ce donc que la mètis ?

Posséder de la métis, c’est s’adapter à la situation et non contraindre la situation à soi. C’est faire preuve d’habileté, de souplesse, de ruse, c’est à dire contourner le problème sans s’y attarder, c’est penser en terme d’opportunité, c’est à dire « en quoi ce qui arrive pose un potentiel qu’il nous faut saisir » et non « mon dieu, c’est la crise, on va tout perdre!, il faut faire le deuil, il faut s’en remettre et tenir bon, etc.».

À la fois rapide (maîtrisant ainsi les principes de lenteur), discrète et vigilante, la mètis* est cette intelligence pratique qui conjugue la dextérité, la sûreté du coup d’œil et la pénétration de l’esprit (sentir en soi l’action même). Son objectif : atteindre le succès dans un domaine de l’action, en percevant dans le réel les facteurs opportuns qu’il est possible de saisir pour s’y appuyer afin de les faire croître et les porter à leur plein effet. C’est pour cela que la mètis est prégnante chez les artisans et les pêcheurs, empreints de « bon sens » au sens propre, comme au figuré. La mètis constitue les prémices du stratège. Son plus grand ambassadeur est Ulysse et sa plus belle démonstration, le cheval de Troie. Son plus grand contradicteur est Platon et sa plus grande parade est la normalisation et la perfection. Pour Platon la mètis est synonyme de duplicité et de non vertu. La mètis est à la situation, ce que l’abstrait est au mathématique. Imparfaite, insaisissable, elle se fiche des règles, seul le résultat compte, non qu’elle n’est pas d’éthique, mais son principe même est la réussite. Le corbeau veut le fromage, non tuer le corbeau.

L’auto-entrepreneur est la normalisation d’une mètis qui s’appelle « travail au black ». La mètis a toujours une longueur d’avance sur la norme et la règle. L’antivirus le plus sophistiqué voit le jour, la mètis du pirate saura le contourner, c’est inévitable.

Un exemple historique est l’arrivée « imprévue » du brouillard à Austerlitz : ce dernier offre à Napoléon une configuration sur laquelle il s’appuie pour porter à son avantage l’infériorité numérique et l’éloignement des bases de son armée face aux Autrichiens et aux Russes, le 2 décembre 1805. C’est là un premier point de la stratégie : la situation offre une configuration particulière. C’est cette configuration qui entraîne le (fameux) potentiel « à faire advenir ». La stratégie ne relève pas du « devoir/savoir être », mais plutôt d’une aptitude à « tirer parti de ce qui (se) déroule ». La stratégie est indissociable du principe d’extériorité. La stratégie est une idée qui demande un intérêt particulier. Employé en entreprise, le mot « stratégie » est présent, discret, et pourtant son usage entend une dimension particulière : l’attention à la situation. C’est parce que les Russes et les Autrichiens restent enfermés dans leur principe de guerre géométrique qu’ils perdent cette fois-ci la guerre.

Faire preuve de mètis, c’est arrêter « le penser droit » « c’est comme ça » pour privilégier une pensée oblique « et si on faisait comme ça ? ». Faire preuve de mètis, c’est intégrer le principe de créativité, c’est rompre avec la « mission » ; c’est être en capacité de (ré)inventer la mission en cours de mission. Un changement pouvant en cacher un autre. Quand la mission Apollo 13 rencontre sa situation de crise, c’est le sens de la mètis du leader de la Nasa (Gene Kranz) qui permet de sauver la mission. Lorsque le politique dit ce que l’autre veut entendre ou détourne la question du journaliste, il fait preuve de mètis.

Concrètement, privilégier des groupes de « bêtise », c’est à dire des groupes où l’on arrête de penser « intelligent » : « Faut que je dise un truc bien… ». La mètis est à la fois rire et détours, souplesse et contours ; elle est le biais et l’oblique ; à la fois historicité et dextérité, elle prend appui sur le mouvant de la situation.

Ne la cherchez pas à l’arrêt, elle disparaît ; ne cherchez pas non plus à la mesurer, elle vous ferait un « pied de nez », car elle est certainement sous-jacente au principe de complexité, et c’est certainement pour cela qu’elle « travaille (toujours) à bien penser ».

Platon et sa descendance ont tout fait pour bannir la mètis, mais c’est une réalité. La mètis comme modus operandi est l’une des seules voies possibles pour passer les épreuves à venir, quelles qu’elles soient.

Une société ou une organisation qui intègre la mètis comme compétence à développer, celle-ci aura un avantage sur la concurrence significatif…

 

* Mètis est à l’origine une déesse grecque, première femme de Zeus, et la reine de la ruse et de l’intelligence des situations. Elle donne l’aptitude à « prendre appui sur », à « saisir l’opportunité », à « transformer la situation » qui se présente à « moi ».

 

A PROPOS DE L’AUTEUR, Yves Richez, entrepreneur, accompagnateur professionnel, auteur et chercheur, se définit comme un « agit-a[c]teur de potentiel(s) humain(s) ». Yves Richez est fondateur et directeur associé de SUCCESS Communication & Leadership ™  depuis 1996 et a conduit une recherche action sur la manière dont chacun d’entre nous peut développer son potentiel et mettre en œuvre ses capacités pour atteindre et actualiser ses formes d’intelligences.

Il est entre autre l’auteur de « Petit éloge du Héros » publié en 2009 aux éditions (Spandugino Publishing House en France et en Roumanie) et d’un roman philosophique : « Louis du vieux continent », publié aux éditions Ambre en 2005.

Yves Richez agit et publie selon ses termes dans le but de « prendre part et de contribuer à une révolution intellectuelle » dont notre société a besoin pour évoluer. Sa double formation, occidentale et asiatique, entraîne une réflexion sur une pensée moderne, revenue de ses excès de rationalisme,  qui commence à évoluer vers une perception du monde intégrant davantage le réel, la transdisciplinarité et la transculturalité.

 

Toutes ces informations proviennent du site indiceRH.net (et demeurent leur propriété).

Kant: Comment unir la soumission sous une contrainte légale avec la faculté de se servir de sa liberté ?

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          Un des grands problèmes de l’éducation est le suivant: comment unir la soumission sous une contrainte légale avec la faculté de se servir de sa liberté ? Car la contrainte est nécessaire! Mais comment puis-je cultiver la liberté sous la contrainte ? Je dois habituer mon élève à tolérer une contrainte pesant sur sa liberté, et en même temps je dois le conduire lui-même à faire un bon usage de sa liberté. Sans cela tout n’est que pur mécanisme et l’homme privé d’éducation ne sait pas se servir de sa liberté, Il doit de bonne heure sentir l’inévitable résistance de la société, afin d’apprendre qu’il est difficile de se suffire à soi-même, qu’il est difficile de se priver et d’acquérir, pour être indépendant,

         On doit ici observer les règles suivantes: 1) Il faut laisser l’enfant libre en toutes choses depuis la première enfance (exception faite des choses en lesquelles il peut se nuire à lui-même, par exemple lorsqu’il veut saisir un couteau tranchant), mais à la condition qu’il ne s’oppose pas à la liberté d’autrui; par exemple lorsqu’il crie, ou lorsqu’il est d’une gaieté par trop bruyante et ainsi incommode les autres; 2) On doit lui montrer qu’il ne saurait parvenir à ses fins si ce n’est en laissant les autres atteindre les leurs, par exemple qu’on ne fera rien qui lui plaise s’il ne fait pas ce que l’on veut, qu’il doit s’instruire, etc,. 3) On doit lui prouver qu’on exerce sur lui une contrainte qui le conduit à l’usage de sa propre liberté, qu’on le cultive afin qu’un jour il puisse être libre, c’est-à-dire ne point dépendre des attentions d’autrui.

Kant, Réflexions sur l’éducation

Epictète: le stoïcisme

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Il y a des choses qui dépendent de nous et d’autres qui ne dépendent pas de nous. Ce qui dépend de nous, ce sont les pensées, la tendance, le désir, le refus, bref tout ce sur quoi nous pouvons avoir une acton. Ce qui ne dépend pas de nous, c’est la santé, la richesse, l’opinion des autres, les honneurs, bref tout ce qui ne vient pas de notre action.

Ce qui dépend de nous est, par sa nature même, soumis à notre libre volonté ; nul ne peut nous empêcher de le faire ni nous entraver dans notre action. Ce qui ne dépend pas de nous est sans force propre, esclave d’autrui ; une volonté étrangère peut nous en priver. […]

En conséquence, dès qu’une chose te semble douloureuse, songe à objecter aussitôt : « C’est une idée que je me fais, ce n’est pas du tout en réalité ce que cela paraît être. » Ensuite étudie cette chose, juge-la à la lumière des principes que tu t’es donnés, et de celui-ci surtout qui est le premier : est-ce que cela fait partie des choses qui dépendent de nous ou non ? Et si cela fait partie des choses qui ne dépendent pas de nous, qu’il te soit facile de dire : « Cela ne me touche pas. » […]

Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les événements, mais l’idée qu’ils se font des événements. Ainsi la mort n’est pas une chose effrayante, sinon Socrate lui-même l’aurait jugée telle ; mais l’idée que la mort est une chose effrayante, voilà ce qui est effrayant. Lorsque donc nous éprouvons une gêne, un trouble, une tristesse, n’en cherchons jamais la cause ailleurs qu’en nous-mêmes, je veux dire dans les idées que nous nous faisons de ces choses. […]

Quand un corbeau pousse un croassement de mauvais augure, ne te laisse pas emporter par une idée fausse, mais aussitôt en toi-même la distinction nécessaire et dis-toi : « Pour moi, il n’y a aucun mauvais présage là-dedans, mais cela concerne mon pauvre corps, mes misérables richesses, ma réputation négligeable, ou mes enfants ou ma femme. Pour moi, tout est de bon présage si je le veux, car, quoi qu’il arrive, il dépend de moi d’en tirer profit. » […]

Toute chose a deux anses, l’une qui permet de la porter, l’autre qui ne le permet pas. Si ton frère a des torts, ne le prends pas du côté où il a des torts (c’est en effet l’anse par laquelle ce n’est pas supportable), mais prends-le plutôt du côté où c’est ton frère, où il a été élevé avec toi, et tu prendras alors la chose du côté où elle est supportable.

EPICTETE, Manuel , trad. Cl. Chrétien

 

Epictète le philosophe esclave était un stoïcien.

Le stoïcisme est une école eudémoniste, c’est-à-dire qui vise le bonheur.

Donc les principes stoïciens sont construits pour permettre l’accès au bonheur. Que faut-il retenir de ce texte ?

1) Une distinction essentielle: les stoïciens distinguent ce qui dépend de nous (nos pensées) et ce qui n’en dépend pas (le climat, l’immortalité, la fortune, les autres, notre corps, etc.)

Le stoïcien ne s’iqnuiète pas de ce qui ne dépend pas de lui puisque…ça ne dépend pas de lui.

2) Le stoïcisme est une pratique (pas seulement une idéologie). Epictète encourage son lecteur à se livrer régulièrement à des exercices. chaque jour il faut exercer son jugement. Pourquoi? Pour trouver le bonheur.

Nietzsche: le libre-arbitre

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Introduction de l’explication de texte

(texte vu sur la notion LIBERTE)

 

                     Ce texte est extrait du chapitre « Les quatre grandes erreurs » du livre de Nietzsche Le Crépuscule des idoles, paru en 1888. L’extrait prend place après une critique des causes imaginaires. Le thème de l’extrait est le libre-arbitre, lui aussi considéré comme une erreur.

                      A priori, personne ne doute de l’existence de cette capacité à faire ou à ne pas faire. Tout le monde a déjà fait l’expérience de sa liberté : je peux me lever ou ne pas me lever. Même les enfants et les malades peuvent user de ce libre-arbitre pour faire ou ne pas faire. Ainsi, on considère généralement que chacun est l’auteur de ses actes, que chacun est responsable de ses actes et, par conséquent, que chacun doit en répondre puisqu’il avait la liberté de les faire ou non. Pourtant, ce libre-arbitre est-il une réalité avérée ? Puis-je expliquer un cambriolage par le seul libre-arbitre d’un criminel ? Si les conditions économiques avaient été différentes, si le système éducatif avait été différent, si les richesses étalées avaient été dissimulées, si la vitre avait été de meilleure qualité, si le criminel n’était pas perclus de cupidité, ce crime ne serait jamais advenu. Malgré tout, la loi (ou la religion) choisit généralement de punir le criminel au lieu de punir la société ou le système. Choisir d’expliquer un acte, résultant d’une pluralité de causes, par une cause unique (à savoir la volonté) n’est-il pas un tour de force de ceux qui cherchent à condamner ?

                         C’est cette question que Nietzsche examine dans ce texte en faisant l’hypothèse suivante : le libre-arbitre serait une invention. Une invention des théologiens. Car attribuer le libre-arbitre aux humains c’est leur assigner l’entière responsabilité de leurs actes. Par conséquent, c’est justifier leurs punitions.

                          La démonstration de Nietzsche se développe en trois temps : de « Il ne nous reste… » (l 1) à « … des théologiens » (l 4), Nietzsche énonce son hypothèse. Puis, dans un deuxième temps, de « Je ne fais que… » (l 4) à « …de trouver coupable » (l 9) Nietzsche dénonce le tour de force théologique en montrant l’enchaînement des idées. Inventer le libre-arbitre, c’est attribuer une responsabilité et par conséquent on justifie les punitions. Enfin, dans un troisième temps, de « Toute l’ancienne… » (l 9) à « …des peines » (l 11), Nietzsche dénonce le profond immoralisme (voire sadisme) des prêtres qui auraient créé ce système pour obtenir le « droit » d’infliger des peines.

La Bruyère: l’esprit de politesse

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Introduction de l’explication de texte

(texte étudié en classe en septembre)

 

                       Le texte étudié est extrait de la trente-deuxième section de la cinquième partie du livre Les Caractères du moraliste français La Bruyère. Le texte traite de la politesse et, plus précisément, de ce que l’auteur nomme « l’esprit de politesse ». On pourrait attendre d’un moraliste comme La Bruyère qu’il pointe l’hypocrisie fondamentale de la politesse pourtant l’auteur semble défendre la politesse dans ce passage.

                       Pour le sens commun, la politesse est généralement considérée comme purement formelle. Il s’agit d’afficher des paroles et des attitudes convenues. La Bruyère rappelle le relativisme des pratiques en soulignant que la politesse change d’une civilisation à l’autre, d’un individu à l’autre. Mais c’est pour mieux pointer l’esprit commun qui préside aux différentes pratiques : cet « esprit de politesse » qui semble défini par son objectif (que les autres soient contents d’eux-mêmes). La finesse d’esprit consiste à ne pas parler à autrui de ce qui lui fait mal. Le tact se manifeste dans une attention : par exemple on ne fait pas une plaisanterie sur les handicaps physiques en présence d’un handicapé moteur. Même si « intérieurement » un individu est méprisant, il peut afficher des attitudes et des paroles qui ne blesseront pas son interlocuteur, manifestant ainsi un premier commencement de respect au sens moral. La politesse n’est-elle qu’une convention creuse ou est-elle l’expression d’un certain tact qui s’exprimerait différemment selon les individus ? Qu’est-ce qui définit l’esprit de politesse ?

                         A cette question, La Bruyère répond que c’est le tact qui définit cet esprit de politesse qui dirige les différentes pratiques de politesse. Dans un premier moment, La Bruyère rappelle le caractère fondamental de la politesse : afficher en apparence ce qu’on devrait être en réalité. La politesse consisterait à afficher des attitudes dignes voire « morales » en apparence. Puis, dans un deuxième moment, La Bruyère opère une distinction entre l’esprit de politesse et les pratiques de politesse en soulignant le relativisme de ces dernières. Enfin, dans le troisième moment La Bruyère propose une définition de l’ « esprit de politesse » comme tact.

ED: Dates des conférences 2012

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Bonjour! Un petit billet pour ceux qui suivent l’actualité de l’école doctorale de philosophie de Lyon.

On vient de me communiquer les dates des prochaines conférences.

 

mercredi 25 janvier 2012:    Julien Lamy (sur Bachelard);

mercredi 29 février 2012:    Patrick Llored (sur Derrida);  
mercredi 28 mars 2012:      Raphaël Verchère (sur l’éthique du dopage- date à confirmer);
mercredi 25 avril 2012:       Claire Revol (sur les rythmes urbains);
mercredi 30 mai 2012:        Hyun Sun (sur l’imagination et Bachelard);
mercredi 13 juin 2012 :       à préciser.
 
 
Les séances ont lieu de 18h à 20h en salle 403 au 18 rue Chevreul 69007 – Lyon (pour ceux qui ne connaissent pas c’est la grande salle de conférence du 4ème étage où est passé Ehrenberg l’an dernier).
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