Monthly Archives: septembre 2011

Le mémoire (témoignage de M. Rousset)

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Journée pour les « Master » sur la rédaction d’un mémoire

 

Mercredi 16 mars 2011 – Université Lyon III

 

Sujet de mon mémoire :

La reformulation par Hegel des preuves de l’existence de Dieu

L’ambition de ce travail est d’énoncer des principes généraux et de donner quelques

 

informations empiriques et pratiques sur les attendus d’un mémoire. Je me servirai pour cela de ce

 

que j’ai pu faire pendant les deux années passées, expérience renforcée 1° d’un côté par le recul que

 

j’ai désormais sur mon travail et 2° d’un autre côté par les remarques qui m’ont été faites lors de ma

 

soutenance. Comme la chouette de Minerve qui prend son envol à la tombée de la nuit, ce n’est

 

peut-être qu’après avoir clos ce travail que je comprends davantage ce qu’il aurait fallu faire. Je n’ai

 

pas le fat orgueil de prétendre ne pas me tromper, mais les quelques éléments que l’on va trouver

 

dans cette présentation me semblent assez importants.

 

Il est absolument primordial de

déterminer un sujet et un domaine de recherche(s) qui

intéressent

. Il importe également de choisir un directeur avec qui l’on a des affinités et qui est

compétent relativement à la question traitée – sachant en outre que tous les professeurs n’ont pas les

 

mêmes attendus ni la même façon de travailler. Tout ceci va de soi, encore faut-il ne jamais

 

l’oublier. On réussira médiocrement un sujet qui ne séduit pas. Et réciproquement, on se méfiera des

 

envolées personnelles et enthousiastes, qui 1° n’apportent rien à la réflexion philosophique, 2° voire

 

peuvent nuire à la

cohérence interne et au sérieux véritable du propos. Renoncer au verbiage non

maîtrisé est une priorité.

 

Encore faut-il s’impliquer personnellement et subjectivement dans le sujet traité. Ceci veut

 

dire minimalement aborder un objet philosophique qui

interpelle. Par exemple, si l’on est

métaphysicien de coeur et de raison, on n’aura pas idée de s’interroger sur les conséquences

 

politiques de la distinction augustinienne des deux cités! Se tromper dans le sujet est le meilleur des

 

moyens de s’ennuyer dans le travail, et conséquemment d’échouer finalement. Car à l’évidence on

 

accomplira en renâclant une tache jugée fastidieuse, ce qui aura pour conséquence finale de

 

produire un résultat desséché et morne.

 

De plus, on n’hésitera pas à

promouvoir des avancées herméneutiques audacieuses. Car on

peut lire ou comprendre un auteur et un texte de différentes façons.

 

– Preuve en est fournie par la distinction entre un hégélianisme de gauche et un hégélianisme de

 

droite. Ce sont tous deux des lectures possibles et

exactes (ceci est très important) à partir d’un

même corpus textuel.

 

– Ou bien nul n’ignore que, à la fois l’école de Marbourg et la phénoménologie heideggerienne

 

(entre autres), se réclament de Kant et de la

Critique de la raison pure. La première lit

l’Analytique transcendante, la seconde se limite à l’Esthétique transcendantale.

 

Cette licence interprétative, cette audace spéculative, sont cependant encadrées de manière

 

stricte. La règle d’or est la suivante :

il faut que la lecture soit exacte. C’est-à-dire que le rapport au

texte lui-même ne doit pas la contredire. Cette audace est encadrée par cette exigence de fidélité et

 

de rigueur.

 

– Ainsi, on peut soutenir que Spinoza est athée (comme le prétendent ses successeurs immédiats) en

 

disant qu’il renonce à l’idée d’une transcendance extra-mondaine. En ramenant Dieu dans la nature,

 

en affirmant cette pensée panthéiste, Dieu est nié au profit de la nature. Cette pensée de

 

l’immanence implique dans sa définition même le refus de toute transcendance, et donc il n’existe

 

plus rien comme un être supra-sensible ou supra-naturel. Donc s’il n’y a que la nature, Dieu

 

n’existe pas.

 

– Ou bien, comme le suggère Hegel dans son

Encyclopédie des sciences philosophiques (La science

de la logique, addition au paragraphe 151, pages 584 à 586), on peut comprendre que le

 

spinozisme n’est pas un athéisme, mais un acosmisme. Spinoza ne nie jamais l’existence de Dieu,

 

il l’identifie seulement à la nature. Mais alors il ne reste plus que Dieu, et la nature, comme

 

position extérieure, disparaît. Dans la mesure où il n’y a rien d’extérieur à la substance absolue

 

(Dieu), c’est-à-dire dans la mesure où rien n’existe comme une finité qui serait l’extra-position

 

d’un principe transcendant extérieur (et le monde étant justement cette extériorité finie), il n’y a

 

plus de monde. Donc il existe bien un Dieu, mais pas de domaine extérieur à ce Dieu. Ce qui fait

 

que le spinozisme est un acosmisme et non un athéisme.

 

– Ces deux lectures sont opposées, mais chacune est exacte, dans la mesure où elle n’est pas

 

aisément contradictoire eu égard à la lettre du texte. Toutefois, même si on peut interpréter

 

Descartes de bien des façons, dire qu’il est athée est une erreur.

 

Bref, tout en faisant preuve

d’audace spéculative dans la compréhension et l’analyse des

textes, ceci ne signifie pas que l’on peut dire n’importe quoi ni avancer la moindre interprétation qui

 

s’avère fausse.

 

Ceci rappelé, on comprend aussi que le plus important est de

travailler, beaucoup,

longtemps. Ce travail n’est pas un éparpillement ; mieux vaut restreindre le nombre de lectures et en

 

produire un usage optimal ; que de lire beaucoup et finir par divaguer ou tout confondre.

La qualité

doit impérativement primer sur la quantité.

 

Ce travail est aussi celui de la

précision du propos, du souci conceptuel ; et d’une rigueur,

d’une acribie, totales. Le propos – quant à la forme et quant au fond – doit être absolument maîtrisé

 

et précis. Ceci (à l’instar de la possibilité d’une audace spéculative conjointe à la fidélité textuelle)

 

ne doit pas interdire toute innovation. On peut, on doit, être les deux : précis et ingénieux.

 

L’innovation ne vaut que si elle est précise.

 

– Il n’y qu’à regarder de (très) près Nietzsche : jamais il n’hésite à recourir à des images, des

 

métaphores, mais ses textes sont cependant implacables. La présentation aphoristique doit

 

s’accompagner d’une rigueur absolue.

 

– On le voit encore dans l’écriture de Vico : les dignités (quasiment les aphorismes) du début de

La

science nouvelle

sont à la fois d’une précision conceptuelle à toute épreuve, d’une cohérence totale

du propos, et témoignent d’une recherche quasiment poétique. Le « géant » est à la fois, chez Vico,

 

une métaphore et un concept.

 

En somme, cette audace dans la pensée couplée de cette précision conceptuelle et à

 

l’exactitude du propos, sont certes difficiles à acquérir, mais sont essentielles. C’est le dernier

 

mouvement de la neuvième symphonie de Beethoven. 1° D’un côté, Beethoven reste fidèle à ce que

 

la tradition lui a légué dans la forme et la structure de la symphonie. 2° D’un autre côté, il fait

 

preuve d’une audace incroyable, et notamment il est le premier à introduire un choeur dans la forme

 

symphonique (le final, qui reprend l’

Hymne à la joie de Schiller).

Le grand écueil à éviter est la répétition de ce qu’on a lu dans les commentaires, ce qui

 

rend le travail assez ennuyeux voire non pertinent. En effet, quiconque n’est pas transporté par son

 

sujet produit un travail insatisfaisant. Donc il faut savoir lire et comprendre par soi-même les textes

 

– et dans cette entreprise les commentaires ne sont que des aides de camps précieux, mais pas des

 

généraux superbes.

 

Nonobstant, cette dimension subjective ne doit

pas devenir une volonté de l’originalité

pour l’originalité

. Il ne s’agit pas d’une rébellion adolescente où l’on irait contre les autres

interprétations uniquement dans le but de faire preuve d’originalité, en disant : je suis meilleur que

 

ces gens-là. Car croire que l’on a tout compris mieux que les autres est un très bon moyen pour

 

débiter des sottises effarantes. On prend soin de lire les textes, de s’informer sur qui a été dit à leur

 

sujet, de maîtriser à la fois le texte et le commentaire, avant de critiquer tel commentaire au nom du

 

texte original.

 

On peut dire ceci autrement : il faut savoir ce que disent les prédécesseurs pour proposer

 

autre chose. Les grands penseurs, même (surtout) ceux qui ont opéré des révolutions dans la pensée,

 

ont avant tout su écouter et comprendre ce que leurs maitres ont dit. Je prends deux exemples et une

 

analogie.

 

• Premièrement, quand on regarde les

Leçons sur l’histoire de la philosophie de Hegel,

on est stupéfait de la maîtrise du penseur de Berlin. Au moment même où il propose

 

une compréhension systématique de la philosophie et de son histoire telle qu’on ne

 

l’avait imaginée avant lui, il en affiche sa connaissance parfaite.

 

• Deuxièmement, on pourrait objecter que Descartes veut tout recommencer de nouveau

 

dès le fondement, en faisant table rase du passé. Mais c’est une fausse objection. D’une

 

part, pour pouvoir effacer quelque chose, il faut auparavant qu’il y ait un contenu à

 

effacer. Descartes n’a pu faire table rase de ce qui lui avait été enseigné uniquement

 

parce qu’il connaissait parfaitement le contenu de cet enseignement.

Dénoncer un

commentateur ou proposer une interprétation opposée à la sienne suppose donc de

 

savoir précisément ce qu’il a dit.

D’autre part, Descartes ne fait jamais table rase et ne

va pas jusqu’à balayer le fondement : il reprend les mêmes mots, se réfère aux Grecs.

 

• Troisièmement, on n’est pas sans savoir que les grands génies de la peinture, même les

 

plus innovants, ont commencé par apprendre dans des écoles ou auprès de maîtres et

 

par copier les tableaux des musées. Il n’y a qu’à lire les honneurs que Baudelaire

 

accorde aux peintres passés dans « Les phares ».

 

Bref, on sera en mesure de proposer une interprétation personnelle, riche et exacte des

 

textes. Mais ceci requiert justement une exactitude féroce, donc on ne cherchera pas à dire autre

 

chose uniquement pour le plaisir de se démarquer.

– L’enjeu de ce dialogue à trois termes – le texte

d’auteur, le commentaire et soi-même – n’est pas des moindres : il n’est rien d’autre qu’apprendre ce

 

que signifie « penser par soi-même ».

 

Conseils pratiques

 

En ce qui concerne les conseils pratiques, le maître-mot est de

se confronter aux oeuvres

directement

. Comme signalé, les ouvrages de commentaires constituent certes une aide précieuse,

mais elle doit venir après ou à côté (comme un adjuvant) de la

lecture en première main des textes

eux-mêmes. Au fond, la marche est la suivante. 1) D’abord on lit les textes. 2) Ensuite on s’aide des

 

commentaires. 3) Enfin, après ces deux étapes à la fois distinctes et mêlées, on s’approprie le texte.

 

Telle est la seule façon pour que les principes énoncés ci-dessus soient valables et respectés

1.

Pour ce qui est de l’ordre de la préparation générale, il n’existe pas vraiment de règles.

 

Certains vont préférer préparer tout au long de l’année, en se fixant des étapes précises à des

 

moments déterminés. D’autres vont préférer tout faire au dernier moment, en profitant d’une certaine

 

agitation intellectuelle et d’une émulation qui se produisent à ce moment. Les deux démarches

 

doivent conduire à des résultats satisfaisants si le travail est intense, intelligent, précis, rigoureux et

 

exact.

 

Je vais partir de ce qui m’a été reproché lors de ma soutenance en juin 2010 pour ajouter

 

deux points supplémentaires.

 

Le premier concerne la détermination de la problématique du mémoire, et de manière

 

générale la

limitation du propos. Quel que soit le sujet, il est tentant, à un moment donné de la

préparation, de présenter en amont (dans la pensée de l’auteur, dans l’histoire de la philosophie) d’où

 

vient le sujet traité, de l’inclure dans les enjeux généraux qui l’encadrent. Mais ceci est

nuisible à

l’efficacité et à la pertinence

. Il est alors mal aisé de cerner où l’on commence. On risque de vouloir

trop en dire, au détriment de la précision du sujet. Le danger de partir hors sujet, de s’égarer dans les

 

circonvolutions antérieures est tapis dans l’ombre.

En disant trop de choses, l’essentiel et le vrai

sujet risquent d’occuper une place trop peu importante.

 

Ainsi, si l’on veut étudier la place de la religion civile dans

Le contrat social de Rousseau,

on peut être tenté d’exposer les origines de la pensée contractualiste et ainsi faire un détour chez

 

Hobbes, d’interroger le statut de l’athéisme en regardant ce que dit Bayle, d’examiner la fonction

 

politique de la religion chez Saint Paul puis chez Machiavel, etc. Mais comment, alors décider

 

1

 

 

Par ailleurs, pour comprendre la manière intelligente – philosophique – de lire un texte, le début de l’ouvrage récent

d’Olivier Tinland (2011) sur la préparation au capes et à l’agrégation fournit une aide précieuse.

 

 

 

jusqu’où l’on cesse de remonter? Car on pourrait également aller voir dans la

République de Platon

la manière dont la société est liée aux institutions et cérémonies religieuses.

 

Certes, la pensée de la religion civile chez Rousseau est l’héritière de ces éléments et les

 

présuppose. Mais, à vouloir trop expliciter ces présupposés originaires, le sujet initial sera réduit à

 

un chapitre parmi d’autres. Et de plus on aura l’impression de ne pas en avoir assez dit. On se perd

 

alors dans les textes et les sources, le travail

s’éparpille et finit par devenir contre-productif (perte

de précision, oubli de l’essentiel, égarement, passage du qualitatif au quantitatif, etc.). Mieux vaut

 

assumer le fait que l’on ne peut pas tout dire, et laisser de côté (bien qu’en signalant qu’ils existent!)

 

bon nombre des présupposés.

 

Ceci passe par un

véritable effort de problématisation et de discernement. Non pas que le

mémoire soit une grande dissertation ou un grand commentaire de texte, car ce n’est pas du tout le

 

cas. Mais, dans la mesure où problématiser est avant tout exclure, on gagnera ainsi en précision (cf

 

ci-dessus). Même si le plan d’ensemble ne manque pas de varier au fur et à mesure de la

 

progression, de sorte que l’on finit par arriver à des choses que l’on ne soupçonnait pas en

 

commençant, il est nécessaire de déterminer une ligne stricte afin de savoir où l’on va et de ne pas

 

se perdre en route.

 

Je reviens sur le rôle des commentaires. J’ai déjà dit qu’ils ne sont qu’une aide et que, sous

 

certaines conditions, on est en droit de les discuter (avec intelligence toutefois, au sens où il est sans

 

doute malvenu de dire qu’un commentateur se trompe entièrement). Il s’agit de ne

pas croire qu’ils

ont parfaitement raison

. Même si leur position exige la plus grande déférence, ce qu’ils avancent ne

doit pas être considéré comme le dernier mot. Très simplement, on évitera de prétendre que, puisque

 

Guillermit l’a dit dans son commentaire sur Kant, tout est vrai, que c’est mot pour mot ce que le

 

philosophe de Königsberg voulait dire. Mais c’est ici qu’il faut, encore une fois grâce à la maîtrise

 

parfaite des textes, pouvoir discuter les avancées et les arguments d’un commentateur, soit pour les

 

renforcer, soit pour les nuancer, éventuellement pour les infirmer.

 

En conclusion, rédiger un mémoire requiert : une véritable maîtrise conceptuelle et

 

philosophique, de l’audace, de la précision, de l’exactitude, un savoir des textes.

 

© Anthony De Araujo-Rousset – 2011

 

 

www.anthonyrousset.fr!

 

Ecrire pour apprendre à lire

Ecrire pour apprendre à lire

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Ecrire pour apprendre à lire

Pendant plusieurs siècles, les élèves ont appris à écrire avant d’écrire. On ne voyait pas l’intérêt de faire écrire les enfants avant qu’ils sachent le faire correctement. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Aujourd’hui nous faisons écrire les élèves, dès le CP, dès la maternelle. Cette pratique semble très étrange pour de nombreuses personnes aussi vais-je prendre le temps de me pencher dessus.
Nos chercheurs pensent que le fait d’écrire (l’activité d’écriture) va aider les enfants à apprendre à lire. Etrange, n’est-ce pas ? Lire et écrire semblent être deux activités distinctes. En quoi le fait d’écrire (de mal écrire) peut-il aider un élève à lire correctement ? Dans un premier temps, nous verrons pourquoi les pédagogues privilégient des activités d’écriture pour l’apprentissage du lire-écrire. Dans une deuxième partie nous verrons comment, concrètement, dans une classe nous pouvons mener ce genre d’activités.

1) Pourquoi écrire pour apprendre à lire?

Deux raisons essentielles. La première est que l’écriture permet de construire plus activement la connaissance du code. Que signifie cette théorie en français ? Quel est ce code ? Est-ce le « Da vinci code » ?
Nous parlons du code « grapho-phonologique ». Ce code fait correspondre à un son, un écrit. Il est nécessaire pour lire de faire correspondre à des signes écrits, des sons. Quand vous lisez le mot « le », vous allez prononcer à voix haute le son « le » qui lui correspond. Maintenant dites-vous que pour écrire c’est la même chose. A l’envers. Si vous voulez écrire « bonjour ». Il faut chercher par quels signes écrits vous allez représenter les sons « bon » et « jour ». De cette manière vous étudiez « activement » le code grapho-phonologique.
La seconde raison est que l’écriture permet une entrée efficace dans la culture de l’écrit. Que signifie « la culture de l’écrit » ? Comme il existait une « culture de l’oral » dans les civilisations primitives, nos civilisations ont développé une culture de l’écrit. Vous savez à quoi correspond chaque support. Si vous voyez un journal, vous savez qu’il contient des informations. Si vous voyez un roman vous savez qu’il contient une histoire. Si vous allez dans un pays européen dont vous ne parlez pas la langue et que vous voyez une plaque de fer portant des inscriptions dans chaque rue, vous devinez qu’il s’agit du nom de la rue. Vous êtes capable de deviner des choses, avant même de les lire, parce que vous savez à quoi servent ces inscriptions.
La culture de l’écrit c’est aussi la communication différée. A l’oral, vous parlez avec votre interlocuteur quand il est présent. A l’écrit, vous écrivez un texte qui ne sera pas lu tout de suite. Il faut s’efforcer d’être clair et compréhensible car vous ne serez pas là pour expliquer les points d’ombre à votre interlocuteur.
En tant que scripteur (la personne qui écrit) vous découvrez une culture de l’écrit que vous utiliserez en tant que lecteur. Cela vous permettra de lire plus efficacement.
Maintenant, certains d’entre vous vont peut-être objecter que « c’est de la théorie ». Est-ce que dans la pratique cette démarche fonctionne ?

2) Quelles situations d’écriture peut-on proposer en classe à des élèves qui ne savent pas encore écrire ?

a) La dictée à l’adulte

Les élèves peuvent dicter un texte à l’adulte (en l’occurrence leur professeur).
Prenons un exemple concret. La classe est allée visiter une ferme. Les élèves veulent écrire un résumé pour leurs parents. Ils ne savent pas écrire. Le professeur se propose d’écrire le résumé sur une feuille. Les élèves vont tenter de dicter un texte et c’est là que ça devient intéressant.
Pour dicter un texte, on est obligé de construire des phrases correctes, donc on est obligé de réfléchir sur la manière dont on construit une phrase.
Si un élève commence une tirade « onestallévoirlesvaches » il va rapidement constater qu’à l’écrit on découpe les mots « on est allé voir les vaches ». Caractéristique de l’écrit que l’enfant ne découvrirait jamais s’il restait dans sa culture de l’oral.

b) Ecriture tâtonnée

L’écriture tâtonnée consiste à faire écrire quelque chose aux enfants. « Ecrivez une affiche » par exemple. Les enfants ne savent pas écrire mais ils voient des affiches autour d’eux. Ils vont tenter d’écrire quelque chose.
Le résultat sera faux évidemment. Mais ce n’est pas ce qui nous intéresse. Quand un enfant tente d’écrire, on voit immédiatement ce qu’il a compris et ce qu’il n’a pas compris. Est-ce qu’il utilise des lettres ? Est-ce qu’il découpe les mots ? Est-ce qu’il sait déjà écrire un mot connu (son prénom par exemple) ?
L’écriture tâtonnée permet à l’élève de se confronter à l’écrit et permet à son enseignant de voir où se situe l’élève.

En conclusion, les chercheurs s’accordent pour préconiser un enseignement solidaire et interactif de la lecture et de l’écriture.

L’erreur

L’erreur

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Est-il bien vu de faire des erreurs ?

Le tableau de Jacques Louis David: La mort de Socrate

A priori non. Quand on dit « j’ai commis une erreur », en général, on regrette ce qu’on a fait. On s’est trompé. On aurait préféré faire autre chose.
Une erreur c’est faire autre chose que la chose attendue. C’est l’écart entre notre réponse « réelle » et la réponse « parfaite ».
Errare humanum est. « L’erreur est humaine » a-t-on coutume de dire car l’erreur est partout. Et plus particulièrement, elle est présente dans les apprentissages. Quand on cherche à apprendre, on fait inévitablement des erreurs.

Mais quel est le statut de l’erreur dans une démarche d’apprentissage ?

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Les nombres: invention ou réalité ?

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Les mathématiques sont-elles des créations de l’esprit humain ? Ou bien, est-ce le langage caché de la nature ? Retraçons ensemble l’histoire des mathématiques et notamment les différentes classes de nombre.

Les Nombres entiers

On note N l’ensemble des entiers naturels.
« N= {0,1,2,3,4,5,6,…} »

Dans l’histoire de l’humanité, ce sont les premiers nombres qui apparaissent. Pourquoi ? Parce que ce sont les plus simples. Les hommes préhistoriques ont rapidement compris qu’il pouvait y avoir 1 mammouth, ou 2 mammouths ou 3 mammouths. A l’époque, ils voyaient rarement passer un huitième de mammouth ou (-4) mammouths ou √(mammouth). Les entiers naturels servent à dénombrer les éléments d’un ensemble fini.

Un vieux système (repris en maternelle de nos jours) consiste à prendre un paquet de cailloux. Si vous avez besoin de compter les bêtes de votre troupeau par exemple. Vous mettez un caillou pour chaque bête dans votre sac. Un caillou pour une bête. Ainsi vous savez précisément combien vous avez de bêtes. De retour à la grange, vous jetez un caillou pour chaque bête récupérée et vous voyez si ça correspond.

Après les cailloux on s’est dit qu’on pourrait tracer un trait pour indiquer chaque unité. Nous avons créé les premiers systèmes de numération. Puis chaque civilisation a créé son système avec ses codes. Quel est le code européen ?

Nous avons repris les chiffres arabes : 0,1,2,3,4,5,6,7,8,9.
Nous utilisons un système décimal de position. Décimal parce que nous utilisons 10 chiffres différents (voir ci-dessus). « De position » parce que la position d’un chiffre dans un nombre fait varier sa valeur.
Ex : 2 en tant que chiffre des unités dans « 572 » vaut 2.
2 en tant que chiffre des centaines dans « 283 » vaut 200.

Les nombres relatifs

On appelle Z l’ensemble des nombres entiers relatifs. Cet ensemble est composé de tous les nombres de N et de leurs opposés.
Z = {…,-4,-3,-2,-1,0,1,2,3,4,…}

Certes, nous n’avons jamais croisé (-3) mammouths mais nous utilisons les nombres relatifs pour différents usages. Pour mesurer la température, il n’est pas rare de dire qu’il fait « moins cinq ». Idem pour des dates importantes : nous sommes à J moins cinq des jeux olympiques.

Pourquoi les fractions ?

Imaginez que vous soyez un paysan dans l’Egypte Antique. Vous essayez de mesurer les limites de votre lopin de terre. Vous prenez une corde et vous commencez à la mettre par terre Vous recommencez et au bout d’un moment vous constater que la distance que vous vouliez mesurer correspond à vingt fois votre bout de corde.

Maintenant imaginons que la distance à mesurer ne correspond pas exactement. Vous savez que la distance fait plus de dix-neuf fois votre corde mais moins que vingt. Que faut-il inscrire sur le registre ? Essayez de replier votre corde. Vous repliez en deux parties égales et vous mesurez le bout restant. Cela fonctionne. Vous savez que la distance à mesurer correspond à dix-neuf fois et demi votre corde.
Dès l’Antiquité, nous avons pu utiliser les fractions. Repliez votre corde en quatre morceaux égaux et vous obtenez un quart de corde.

Les nombres décimaux

On appelle D l’ensemble des nombres décimaux.
Une fraction décimale est une fraction dont le dénominateur est une puissance positive (ou nulle) de 10.
Exemples :
8/100, 458/1000 et 2 sont des fractions décimales.
100=10² donc cela fonctionne. 1000=10³. Enfin 2=2/1 et 1=〖10〗^0.
Un nombre est décimal s’il peut s’écrire sous la forme d’une fraction décimale.

Les nombres rationnels

L’ensemble des nombres rationnels est noté Q.
Un nombre rationnel est un nombre qui peut s’écrire sous la forme d’une fraction a/b.
2 appartient à Q puisque 2= 2/1.
(-3) appartient à Q puisque (-3) = (-3)/1.
4,5 appartient à Q puisque 4,5= 45/10.
5/7 appartient à Q puisque c’est une fraction.

Les nombres réels

Pour arriver à constituer la classe des nombres réels il faudra ajouter les nombres rationnels et les irrationnels. « Nombres irrationnels ». Voici un titre bien étrange. Les nombres ne sont-ils pas des productions de l’esprit « rationnel » ?
Il existe des nombres qui ne sont pas le quotient de deux nombres entiers, ils ne peuvent s’écrire sous la forme d’une fraction.

Exemple : le nombre √2
Historiquement ce nombre a posé problème. Revenez au temps de l’Antiquité. Vous tracez un côté qui mesure 1m de côté. Combien mesure la diagonale du carré ? Vous connaissez déjà la formule : la diagonale d’un carré mesure la longueur du côté multipliée par √2. Mais ce résultat est dérangeant. Ce nombre semble infini. Avez-vous déjà réussi à écrire ce nombre, avec toutes les décimales ?
Ce nombre semble « irrationnel » pourtant il existe.
Idem pour π! Pouvez-vous écrire ce nombre intégralement ? Non. Pourtant nous savons qu’il existe puisque nous l’utilisons pour calculer la circonférence et l’aire d’un disque.

Les nombres complexes

Pour finir il existe une dernière classe qui englobe les précédentes : la classe des nombres complexes.
Tout le monde se souvient que 2²=4 et (-2)²=4. Jusque-là un nombre élevé au carré devenait forcément positif, mais nous inventons le nombre i tel que i²= -1.
Les nombres 3+2i ou 897+17i sont des nombres complexes.

L’enseignement du français : Grammaire normative VS Grammaire générative

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Classiquement la grammaire était considérée comme un ensemble de normes, de règles fixes. On parlait alors de grammaire normative. L’enseignement était simple. Les professeurs enseignaient les règles à appliquer et les élèves les appliquaient.

Ce système correspond parfaitement à la méthode béhavioriste : on répète des dizaines d’exercices jusqu’à ce que ça rentre. Toutefois, dans les faits, les élèves apprenaient les règles et les oubliaient.

 

Le linguiste Chomsky pose la théorie de la grammaire générative. D’après lui, les enfants naissent avec des prédispositions pour apprendre la langue. Je pose comme hypothèse que Chomsky a influencé la nouvelle pédagogie française (position plus ou moins contestée par les experts).

Aujourd’hui, en France, nous n’enseignons pas l’orthographe avec un système normatif. Nous donnons aux élèves des textes et c’est à eux de découvrir les règles de grammaire (et d’orthographe). S’ils découvrent la règle par eux-mêmes, ils la mémorisent bien plus efficacement que si on les avait « forcés ».

Dans les faits, on constate que, malgré la nouvelle pédagogie, de nombreux élèves ont encore des carences en orthographe.

 

Que faire si on est un adulte et qu’on est nul en orthographe ?

Solution n°1 : Lire ! Il faut lire. Quand on lit beaucoup on enregistre inconsciemment beaucoup de choses et on écrit mieux.

Solution n°2 : Prendre un livre de français pour CE1 ou un Bled et faire plein d’exercices. C’est pénible mais c’est la méthode la plus efficace.

Comment rater une dissertation ?

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Voilà à quoi ressemble une mauvaise copie

Pour réussir à obtenir 4 ou moins le jour du bac, vous pouvez tenter de ne rien apprendre, de rendre une copie blanche ou encore de faire l’une des erreurs recensées ci-dessous.

***

Exemple de sujet: « L’artiste est-il un artisan ? »

Copie de l’élève: Obi-Wan Kenobi.

0/20

Vous n’avez pas répondu à la question posée.

***

Exemple de sujet: « L’artiste est-il un artisan ? »

Copie de l’élève: Oui.

0/20

Vous répondez à la question mais vous n’avez rien analysé. Vous n’avez pas argumenté. Ce n’est pas une copie de philosophie.

***

Exemple de sujet: « L’artiste est-il un artisan ? »

Copie de l’élève: Non.

0/20

Vous répondez à la question mais vous n’avez rien analysé. Vous n’avez pas argumenté. Ce n’est pas une copie de philosophie.

***

Exemple de sujet: « L’artiste est-il un artisan ? »

Copie de l’élève:  Lol, mdr 1artist pe pa être 1 artisan.c koi ce suG?

0/20

Copie illisible.

***

Exemple de sujet: « La foi et la raison sont-ils compatibles ? »

Copie de l’élève: Oui, moi je suis croyant et je crois qu’on peut être croyant et utiliser sa raison.

0/20

Vous répondez à la question mais vous n’avez rien analysé. Vous donnez votre « opinion personnelle ». On vous demande de montrer pourquoi le problème se pose.

***

Exemple de sujet: « La foi et la raison sont-ils compatibles ? »

Copie de l’élève: Non. Moi je crois pas en Dieu, je comprends pas que des gens puissent croire en Dieu. Donc c’est pas compatible.

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Vous répondez à la question mais vous n’avez rien analysé. Vous avez donné votre « opinion » personnelle. On vous demande de montrer pourquoi le problème se pose.

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Exemple de sujet: « La foi et la raison sont-ils compatibles ? »

Copie de l’élève: Descartes dit que oui mais Marx dit que non. Comme mon prof a dit que oui, ça doit être oui la réponse.

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Vous répondez à la question mais vous n’avez rien analysé. Ne vous contentez pas de donner les réponses des grands philosophes (ou de votre professeur de philosophie). Il faudra mobiliser les argumentations des philosophes (servez-vous des textes étudiés en classe pendant l’année scolaire).

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Exemple de sujet: « L’animal a-t-il une conscience ? »

Copie de l’élève: Moi, mon petit chien, il me ramène mes pantoufles. Par contre il n’aime pas quand il pleut dehors. Donc je pense qu’ila une conscience.

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Vous répondez à la question mais vous n’avez rien analysé. Vous vous contentez de raconter une anecdote personnelle. Cela peut être utile en tant qu’illustration d’une théorie mais il faudra d’abord analyser le problème (pourquoi se poser cette question?) et y répondre en argumentant.

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Exemple de sujet: « L’artiste est-il un artisan ? »

Copie de l’élève: Oui, lire le texte de Nietzsche à ce sujet. Mais il faut tempérer par le texte de Hegel vu en classe et il faudrait conclure par le texte de Kant à la page 120 de mon manuel.

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Vous répondez à la question mais vous n’avez rien analysé. Ne faîtes pas des renvois interminables. Le correcteur a votre copie sous les yeux. Il veut lire votre « réflexion » personnelle. Il ne veut pas lire votre « opinion ». Il ne veut pas lire non plus un résumé de cours.

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Exemple de sujet: « L’artiste est-il un artisan ? »

Introduction de l’élève: De tous temps, depuis que l’homme est homme, et dans tous les pays, l’homme s’est posé cette éternelle question mystérieuse « l’artiste est-il un artisan ? »

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Evitez les introductions « poudre aux yeux ».  Il faut montrer pourquoi le problème se pose.

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Exemple de sujet: « L’artiste est-il un artisan ? »

Introduction de l’élève: Rodin était un sculpteur génial. Rodin a été refusé aux Beaux-arts. Mais au fait, l’artiste est-il un artisan ? 

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Essayez d’amener naturellement votre problématique. Si elle semble « tomber du ciel », votre correcteur vous soupçonnera de ne pas avoir compris le sujet.

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Une dissertation n’a pas de taille imposée. Vous pouvez rendre une copie de 5 ou 6 pages, ce n’est pas important. Evitez juste de rendre une copie de moins de 3 pages ou de plus de 30 pages…

 

Liens

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Liens (+ ou – sérieux) en philosophie

 

On ne philosophe pas tout seul.

Philosophie et spiritualité :

http://sergecar.perso.neuf.fr/

Philopsis:

http://www.philopsis.fr/

Le site du Collège de France:

http://www.college-de-france.fr/

Le site du magazine de philosophie « Philomag »:

http://www.philomag.com/

Philo pour tous:

http://philo.pourtous.free.fr/

Philosophie en ligne:

http://www.philosophie-en-ligne.com/

Fan de Kant?

http://kant.chez.com/maquette/noframe/index.html

Fan de Deleuze ?

http://www.webdeleuze.com/php/index.html

Fan de Foucault ?

http://michel-foucault-archives.org/

Fan d’Onfray ? (pas vraiment recommandé au bac)

http://onfray.over-blog.com/

Fan de Jean-Claude Van Damme ? (pas recommandé non plus le jour du bac)

http://www.jeanclaudevandamme.fr/

 

 

Sites des confrères:

http://www.anthonyrousset.fr/

 http://www.morbleu.com/

 

Pour lire les auteurs latins gratuitement: http://www.thelatinlibrary.com/

 

En aucun cas, je ne puis garantir le sérieux de ces différents sites.

La consultation philosophique par Eugénie Vegleris

La consultation philosophique par Eugénie Vegleris

Fiches de lecture, slider0 comments

Que peut faire un philosophe à part « professeur de philosophie » ? Ce livre donne une réponse possible : la consultation philosophique.

Eugénie Vegleris a d’abord travaillé comme professeur de philosophie puis a choisi de monter son affaire. Son livre offre de nombreux exemples concrets et illustrés de ce qu’est son travail.

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Les incontournables

En prépa concours0 comments

Vous préparez les concours ?

Bonne chance !!!

Pensez à vous inscrire au bon moment sur le site:

http://www.education.gouv.fr/pid63/siac2.html

Consulter les rapports de jury des années précédentes sur le site philopsis:

 http://www.philopsis.fr/spip.php?article82

 

Quand vous aurez réussi les concours, vous pouvez rejoindre l’APPEP, l’association des professeurs de philosophie de l’enseignement public (pour se tenir informé de ce que font nos collègues) :

http://www.appep.net/

Pour se tenir au courant de tous les textes officiels concernant l’enseignement de la philosophie (programmes, horaires, directives, etc.) :

http://pedagogie.ac-amiens.fr/philosophie/infosphilo0.htm

 

Que faire avec un diplôme de philosophe ?

Poursuite des études, slider0 comments

« La philo, ça sert à quoi ? » 

                 

 

Question fatidique qui frappe tous les apprentis philosophes comme la foudre frappe les plus hautes cimes de la forêt. On pourrait répondre que la philosophie aide à réfléchir, qu’elle permet de comprendre le monde, qu’elle aide l’esprit à échapper aux dogmatismes mais, concrètement, la philosophie sert à autre chose. La philosophie fait gagner de l’argent ! Oui. En bon sophiste il est temps de dévoiler une effroyable vérité sur notre discipline : la philosophie peut conduire à un métier et (pire !) à un gros salaire !

Les débouchés professionnels

                D’abord, commençons par anéantir ce préjugé : « la philo ne conduit à rien ». Balivernes ! La philo conduit à tout.

                On vous fait croire que le seul débouché des études de philosophie se résume à devenir professeur de philosophie. Nous en reparlerons dans la deuxième partie. Dans cette première partie nous allons exposer les « vrais métiers ». Sachez que nous connaissons des gens bien réels qui ont suivi ces cursus (je ne citerai aucun nom mais vous les reconnaîtrez).

               Si vous faîtes de la philosophie vous pouvez finir dans le journalisme, dans l’urbanisme, dans la muséologie, dans la bioéthique, dans le développement durable. Avec une base en philosophie vous pouvez devenir un professeur des écoles, un sociologue ou encore un DRH. Vous pouvez évidemment écrire des livres pour gagner de l’argent. Dans des cas exceptionnels vous pouvez même devenir ministre de l’éducation ou candidat à l’élection présidentielle.

            Les philosophes sont de plus en plus présents dans les entreprises. Prenez, par exemple, le projet « Socrate » : des philosophes qui vendent leurs services aux entreprises : http://www.projet-socrate.com/offre.htm . Nous avons également des philosophes qui vendent des « entretiens philosophiques » aux entreprises. A ce sujet je renvoie à l’excellent livre d’Eugénie Vegleris : L’entretien philosophique. Vous avez également les philosophes qui travaillent à inventer de nouvelles pratiques philosophiques. Citons notamment Oscar Brénifier, http://www.brenifier.com/, directeur de  l’Institut de pratiques philosophiques (à qui nous devons la philosophie à l’école primaire).

            Enfin il reste un secteur évident pour les philosophes : la recherche. Vous pouvez postuler au CNRS (section sciences humaines et sociales) : http://www.cnrs.fr/inshs/. Mais si vous n’êtes pas retenu vous pouvez toujours répondre à des appels d’offre et travailler pour différents organismes. Précisons que les concours et le doctorat sont des passages, quasiment obligatoires, pour espérer poursuivre dans la recherche.

Enseigner la philosophie en France

            Malgré tous ces débouchés possibles, si votre véritable passion reste l’enseignement, n’ayez crainte, il y a des postes. 30 places au CAPES (pour 1000 candidats…courage!) 

            Une réforme actuelle prévoit de placer des cours de philosophie dès la seconde (ce qui mobilisera davantage de professeurs). Dans certaines classes de 1ère L, il existe déjà une option « philosophie ». Mais le gros de nos effectifs c’est évidemment la terminale. La philosophie est obligatoire dans toutes les classes de terminale de France. Toutes les sections sont concernées : S, ES, L, STG, ST2S, STL, STI, AA, etc. Dans tous les lycées de France (généraux ou technologiques) il faut des professeurs de philosophie.

            Si vous décrochez les concours, après avoir sué sang et eau, vous aurez la joie et le bonheur indéfinissable d’enseigner aux élève lycéens (sans compter le salaire qui s’échelonne entre 1500 et 3000 euros par mois). Mais l’aventure ne s’arrête pas là. Si un jour, enseigner au lycée ne vous intéresse plus, vous pourrez toujours grimper les échelons.

           Les classes « prépas » (scientifiques et littéraires) dispensent des cours de philosophie. Il faut donc des professeurs de philosophie. Généralement vous avez plus de chance d’obtenir un de ces postes si vous êtes agrégé.

          Si vous êtes ambitieux, vous rêvez peut-être d’enseigner à l’Université. Il faudra gravir les échelons un par un (après l’agrégation et le doctorat) : ATER, maître de conférence, professeur d’université (salaire compris entre 3000 et 5000 euros par mois). Mais rassurez-vous, il y a de la place : la faculté de philosophie de Lyon 3, la Sorbonne (Paris 1), Vincennes (Paris 8),Paris 4, Paris 7, Paris 12 et Paris 14 (l’université libre dans le métro). Paris 3 et Paris 6 proposent également des petits « bouts de philosophie ».

          Pensez également aux petites universités : Clermont 2, la Faculté catholique de Lyon, l’Institut catholique de Paris, l’Université de Picardie, l’IPC de Paris (facs libres), etc. Vous pouvez également devenir « formateur philosophie » dans un IUFM (ou dans leur équivalent actuel), enseigner l’esthétique dans une école d’art ou une école d’architecture.

         Si vous êtes encore plus ambitieux, vous penserez aux écoles normales. L’ENS Lyon et l’ENS Paris ont besoin d’enseignants. Enfin, personnellement je viserais bien le sacro-saint Collège de France pour finir ma carrière : http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/college/index.htm.

         Dernière option possible : vous ne voulez plus enseigner. Devenez IPR, Inspecteur Pédagogique Régional. Vous superviserez l’enseignement de la philosophie dans votre département.

Le réseau mondial

           On me fera peut-être remarquer que cet article s’enferme dans une conception franco-française. Quid de l’étranger ? Les étudiants viennent du monde entier pour étudier la philosophie française mais sommes-nous encore les leaders ? Il serait intéressant de se pencher sur les travaux des anglais, des allemands, des italiens, des chinois, des japonais et bien sûr des américains.

Je recommande les sites de Stanford et du MIT pour les cours de philosophie.

Stanford   http://plato.stanford.edu/

MIT (philosophie) : http://web.mit.edu/philos/www/

            Des métiers (peu) vraisemblables.

            D’après la documentation du CIOsup des études de philosophie peuvent conduire à de nombreux métiers. Je reproduis la liste ci-dessous. Je suis relativement d’accord avec ces débouchés mais ils nécessitent une formation complémentaire. Les philosophes sont, paraît-il, appréciés dans les entreprises pour leur rigueur. Ils savent penser, ils savent discuter, ils savent rédiger. Donc si vous un métier vous tente, vous avez le choix :

CULTURE : conseiller en développement culturel, responsable des affaires culturelles, directeur de centre culturel, médiateur culturel, attaché culturel, responsable d’agence de tourisme.

ENSEIGNEMENT : formateur, responsable pédagogique, CPE, enseignant-chercheur, professeur des écoles.

COMMUNICATION : chef de publicité, concepteur-rédacteur, webmaster, pigiste, rédacteur en chef, attaché de presse, chargé de relations publiques.

SOCIAL : animateur socio-culturel, conseiller en emploi et insertion professionnelle, éducateur spécialisé, administrateur de mission.

AMENAGEMENT : urbaniste, chargé d’étude en aménagement, conseiller en développement local.

METIERS DU LIVRE : Conservateur de bibliothèques, bibliothécaire, documentaliste, éditeur, libraire, secrétaire d’édition, responsable d’édition, cyberdocumentaliste.

RH (ressources humaines) : assistant de direction, assistant ressources humaines, attaché territorial, attaché d’administration centrale, consultant en recrutement.

MULTIMEDIA : webmaster, développeur multimédia, chef de projet informatique, ingénieur commercial, technicien/ingénieur réseau, consultant internet, infographiste.

 

Si malgré tout ça vous n’avez rien à faire de la journée, prenez une toge et allez vous promener dans la rue. Les gens ont besoin de philosophie. Et la philosophie n’existe pas que dans les universités et les entreprises : elle existe dans l’esprit humain et dans le dialogue.

 

 

 

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