Que faire avec un diplôme de philosophe ?0

Posted on septembre 4th, 2011 in Poursuite des études, slider

« La philo, ça sert à quoi ? » 

                 

 

Question fatidique qui frappe tous les apprentis philosophes comme la foudre frappe les plus hautes cimes de la forêt. On pourrait répondre que la philosophie aide à réfléchir, qu’elle permet de comprendre le monde, qu’elle aide l’esprit à échapper aux dogmatismes mais, concrètement, la philosophie sert à autre chose. La philosophie fait gagner de l’argent ! Oui. En bon sophiste il est temps de dévoiler une effroyable vérité sur notre discipline : la philosophie peut conduire à un métier et (pire !) à un gros salaire !

Les débouchés professionnels

                D’abord, commençons par anéantir ce préjugé : « la philo ne conduit à rien ». Balivernes ! La philo conduit à tout.

                On vous fait croire que le seul débouché des études de philosophie se résume à devenir professeur de philosophie. Nous en reparlerons dans la deuxième partie. Dans cette première partie nous allons exposer les « vrais métiers ». Sachez que nous connaissons des gens bien réels qui ont suivi ces cursus (je ne citerai aucun nom mais vous les reconnaîtrez).

               Si vous faîtes de la philosophie vous pouvez finir dans le journalisme, dans l’urbanisme, dans la muséologie, dans la bioéthique, dans le développement durable. Avec une base en philosophie vous pouvez devenir un professeur des écoles, un sociologue ou encore un DRH. Vous pouvez évidemment écrire des livres pour gagner de l’argent. Dans des cas exceptionnels vous pouvez même devenir ministre de l’éducation ou candidat à l’élection présidentielle.

            Les philosophes sont de plus en plus présents dans les entreprises. Prenez, par exemple, le projet « Socrate » : des philosophes qui vendent leurs services aux entreprises : http://www.projet-socrate.com/offre.htm . Nous avons également des philosophes qui vendent des « entretiens philosophiques » aux entreprises. A ce sujet je renvoie à l’excellent livre d’Eugénie Vegleris : L’entretien philosophique. Vous avez également les philosophes qui travaillent à inventer de nouvelles pratiques philosophiques. Citons notamment Oscar Brénifier, http://www.brenifier.com/, directeur de  l’Institut de pratiques philosophiques (à qui nous devons la philosophie à l’école primaire).

            Enfin il reste un secteur évident pour les philosophes : la recherche. Vous pouvez postuler au CNRS (section sciences humaines et sociales) : http://www.cnrs.fr/inshs/. Mais si vous n’êtes pas retenu vous pouvez toujours répondre à des appels d’offre et travailler pour différents organismes. Précisons que les concours et le doctorat sont des passages, quasiment obligatoires, pour espérer poursuivre dans la recherche.

Enseigner la philosophie en France

            Malgré tous ces débouchés possibles, si votre véritable passion reste l’enseignement, n’ayez crainte, il y a des postes. 30 places au CAPES (pour 1000 candidats…courage!) 

            Une réforme actuelle prévoit de placer des cours de philosophie dès la seconde (ce qui mobilisera davantage de professeurs). Dans certaines classes de 1ère L, il existe déjà une option « philosophie ». Mais le gros de nos effectifs c’est évidemment la terminale. La philosophie est obligatoire dans toutes les classes de terminale de France. Toutes les sections sont concernées : S, ES, L, STG, ST2S, STL, STI, AA, etc. Dans tous les lycées de France (généraux ou technologiques) il faut des professeurs de philosophie.

            Si vous décrochez les concours, après avoir sué sang et eau, vous aurez la joie et le bonheur indéfinissable d’enseigner aux élève lycéens (sans compter le salaire qui s’échelonne entre 1500 et 3000 euros par mois). Mais l’aventure ne s’arrête pas là. Si un jour, enseigner au lycée ne vous intéresse plus, vous pourrez toujours grimper les échelons.

           Les classes « prépas » (scientifiques et littéraires) dispensent des cours de philosophie. Il faut donc des professeurs de philosophie. Généralement vous avez plus de chance d’obtenir un de ces postes si vous êtes agrégé.

          Si vous êtes ambitieux, vous rêvez peut-être d’enseigner à l’Université. Il faudra gravir les échelons un par un (après l’agrégation et le doctorat) : ATER, maître de conférence, professeur d’université (salaire compris entre 3000 et 5000 euros par mois). Mais rassurez-vous, il y a de la place : la faculté de philosophie de Lyon 3, la Sorbonne (Paris 1), Vincennes (Paris 8),Paris 4, Paris 7, Paris 12 et Paris 14 (l’université libre dans le métro). Paris 3 et Paris 6 proposent également des petits « bouts de philosophie ».

          Pensez également aux petites universités : Clermont 2, la Faculté catholique de Lyon, l’Institut catholique de Paris, l’Université de Picardie, l’IPC de Paris (facs libres), etc. Vous pouvez également devenir « formateur philosophie » dans un IUFM (ou dans leur équivalent actuel), enseigner l’esthétique dans une école d’art ou une école d’architecture.

         Si vous êtes encore plus ambitieux, vous penserez aux écoles normales. L’ENS Lyon et l’ENS Paris ont besoin d’enseignants. Enfin, personnellement je viserais bien le sacro-saint Collège de France pour finir ma carrière : http://www.college-de-france.fr/default/EN/all/college/index.htm.

         Dernière option possible : vous ne voulez plus enseigner. Devenez IPR, Inspecteur Pédagogique Régional. Vous superviserez l’enseignement de la philosophie dans votre département.

Le réseau mondial

           On me fera peut-être remarquer que cet article s’enferme dans une conception franco-française. Quid de l’étranger ? Les étudiants viennent du monde entier pour étudier la philosophie française mais sommes-nous encore les leaders ? Il serait intéressant de se pencher sur les travaux des anglais, des allemands, des italiens, des chinois, des japonais et bien sûr des américains.

Je recommande les sites de Stanford et du MIT pour les cours de philosophie.

Stanford   http://plato.stanford.edu/

MIT (philosophie) : http://web.mit.edu/philos/www/

            Des métiers (peu) vraisemblables.

            D’après la documentation du CIOsup des études de philosophie peuvent conduire à de nombreux métiers. Je reproduis la liste ci-dessous. Je suis relativement d’accord avec ces débouchés mais ils nécessitent une formation complémentaire. Les philosophes sont, paraît-il, appréciés dans les entreprises pour leur rigueur. Ils savent penser, ils savent discuter, ils savent rédiger. Donc si vous un métier vous tente, vous avez le choix :

CULTURE : conseiller en développement culturel, responsable des affaires culturelles, directeur de centre culturel, médiateur culturel, attaché culturel, responsable d’agence de tourisme.

ENSEIGNEMENT : formateur, responsable pédagogique, CPE, enseignant-chercheur, professeur des écoles.

COMMUNICATION : chef de publicité, concepteur-rédacteur, webmaster, pigiste, rédacteur en chef, attaché de presse, chargé de relations publiques.

SOCIAL : animateur socio-culturel, conseiller en emploi et insertion professionnelle, éducateur spécialisé, administrateur de mission.

AMENAGEMENT : urbaniste, chargé d’étude en aménagement, conseiller en développement local.

METIERS DU LIVRE : Conservateur de bibliothèques, bibliothécaire, documentaliste, éditeur, libraire, secrétaire d’édition, responsable d’édition, cyberdocumentaliste.

RH (ressources humaines) : assistant de direction, assistant ressources humaines, attaché territorial, attaché d’administration centrale, consultant en recrutement.

MULTIMEDIA : webmaster, développeur multimédia, chef de projet informatique, ingénieur commercial, technicien/ingénieur réseau, consultant internet, infographiste.

 

Si malgré tout ça vous n’avez rien à faire de la journée, prenez une toge et allez vous promener dans la rue. Les gens ont besoin de philosophie. Et la philosophie n’existe pas que dans les universités et les entreprises : elle existe dans l’esprit humain et dans le dialogue.

 

 

 

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