Category Archives: PHILOSOPHIE

Ricoeur : Qu’est-ce qu’un texte, qu’est-ce que lire ?

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Une parole n’a qu’une permanence réduite et reste captive des circonstances où elle a été prononcée. L’écrit, lui, se libère de ces deux contraintes. Dès lors, il devient disponible pour une lecture nécessairement ouverte et plurielle. Ce que l’auteur a voulu dire n’est pas plus figé que ce que le lecteur voudra lire. Il n’y a donc pas de sens unique… Continue Reading

Nietzsche: Où se trouve le sens des motifs que les hommes se donnent pour agir ?

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Il faut peut-être, dit Nietzsche, ne pas trop les interpréter : ce que l’on croit subjectivement est sans doute plus « vrai » que des causes qui paraissent objectivement plus profondes. Continue Reading

Freud: Que révèle le rêve ?

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 Non les signes d’un hypothétique au-delà, mais des désirs inavoués. Le rêve est le message codé venu de l’intériorité du dormeur, qu’on ne comprendra qu’en défaisant par l’analyse ce qu’a réalisé un travail inconscient. Continue Reading

Aron : Qu’est-ce exactement que comprendre ?

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On ne peut pas expliquer directement un phénomène naturel : toute une construction abstraite est d’abord nécessaire. Si l’on peut en revanche saisir du premier coup par intuition les faits de la vie humaine, un autre niveau de compréhension est possible, celle du sociologue ou de l’historien. C’est ce qu’explique ici le sociologue Aron, pour présenter la méthode de Max Weber. Continue Reading

Galilée: Peut-on concilier un texte sacré et une démonstration scientifique ?

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 Copernic puis Galilée démontrent que c’est la Terre qui tourne autour du Soleil et non l’inverse, comme l’implique un passage célèbre de la Bible. Galilée repousse ici l’accusation d’hérésie. Continue Reading

Nietzsche: L’existence humaine a-t-elle un sens, ou bien les hommes ont-ils été forcés de lui en inventer un ?

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Faire la « généalogie de la morale », c’est selon N démythifier les discours sur le bien, le devoir, le mal ou la faute, en les ramenant à leur véritable origine.

[…] quel sens aurait toute notre vie, si ce n’est celui-ci, que la volonté de vérité a pris en nous conscience d’elle-même en tant que problème… Point de doute, à partir du moment où la volonté de vérité devient conscience d’elle-même, la morale s’écroule […]…

En dehors de l’idéal ascétique, l’homme, animal-homme, a été jusqu’à présent dépourvu de sens. Son existence sur terre n’avait pas de but ; « pourquoi l’homme ? » était une question sans réponse ; la volonté d’être homme et sur la  terre manquait ; toutes les fois qu’une grande destinée humaine venait à s’achever, le refrain se faisait entendre encore amplifié « en vain ! ». C’est ce que signifie l’idéal ascétique : il voulait dire que quelque chose manquait, qu’une immense lacune enveloppait l’homme, — incapable de se justifier, de s’expliquer, de s’affirmer, il souffraitdu problème de son sens. Il souffrait aussi d’autres choses, il était pour

l’essentiel un animal maladif : mais son problème n’était pas la souffrance en elle-même, c’était l’absence de réponse au cri dont il interrogeait : « Pourquoi souffrir ? » L’homme, l’animal le plus courageux et le plus habitué à souffrir, ne refuse pas la souffrance en elle-même : il la veut, il la cherche même, pourvu qu’on lui montre le sens, le pourquoi de la souffrance. Le non-sens de la souffrance, et non la souffrance, est la malédiction qui a pesé jusqu’à présent sur l’humanité, — et l’idéal ascétique lui donnait un sens ! Ce fut jusqu’à présent son seul sens ; un sens quelconque vaut mieux que pas de sens du tout ; jusqu’à présent l’idéal ascétique a été à tous égards le « faute de mieux » par excellence. En lui la souffrance était interprétée ; l’immense vide semblait comblé ; la porte se fermait devant le nihilisme et son suicide. Sans aucun doute, l’interprétation entraînait une nouvelle souffrance, une souffrance plus profonde, plus intime, plus venimeuse, plus dévorante : elle plaçait toute souffrance dans la perspective de la faute… Mais malgré tout – l’homme ainsi était sauvé, il avait un sens, il cessait d’être comme une feuille dans le vent, jouet de l’absurde, de la privation de sens, il pouvait désormais vouloir quelque chose, — et ce qu’il voulait, pourquoi et par quoi il le voulait importe peu : la volonté elle-même était sauvée.

Friedrich NIETZSCHE, La Généalogie de la morale (1887)

Freud: Un univers où tout ferait signe ne serait-il pas profondément inquiétant ?

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 Pour Freud, le superstitieux et le paranoïaque se rejoignent dans la conviction que tout doit être interprété. A la différence de l’homme rationnel, ils confondent le monde extérieur avec leur monde intérieur.

Ce qui me distingue d’un homme superstitieux, c’est donc ceci : Je ne crois pas qu’un événement, à la production duquel ma vie psychique n’a pas pris part, soit capable de m’apprendre des choses cachées concernant l’état à venir de la réalité ; mais je crois qu’une manifestation non intentionnelle de ma propre activité psychique me révèle quelque chose de caché qui, à son tour, n’appartient qu’à ma vie psychique ; je crois au hasard extérieur (réel), mais je ne crois pas au hasard intérieur (psychique). C’est le contraire du superstitieux : il ne sait rien de la motivation de ses actes accidentels et actes manqués, il croit par conséquent au hasard psychique ; en revanche, il est porté à attribuer au hasard extérieur une importance qui se manifestera dans la réalité à venir, et à voir dans le hasard un moyen par lequel s’expriment certaines choses extérieures qui lui sont cachées.

            […] La distance qui sépare le déplacement opéré par le paranoïaque de celui opéré par le superstitieux est moins grande qu’elle n’apparaît au premier abord. Lorsque les hommes ont commencé à penser, ils ont été obligés de résoudre anthropomorphiquement le monde en une multitude de personnalités faites à leur image ; les accidents et les hasards qu’ils interprétaient superstitieusement étaient donc à leurs yeux des actions, des manifestations de personnes ; autrement dit, ils se comportaient exactement comme les paranoïaques, qui tirent des conclusions du moindre signe fourni par d’autres, et comme se comportent tous les hommes normaux qui, avec raison, formulent des jugements sur le caractère de leurs semblables en se basant sur leurs actes accidentels et non intentionnels.

Sigmund FREUD, Psychopathologie de la vie quotidienne (1904)

Kant: Force motrice et force organisatrice

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Puisqu’un mécanisme ne peut en engendrer un autre, ne convient-il pas de distinguer, malgré Descartes, l’animal de la machine, et, en conséquence, la force qui organise le premier de celle qui meut la seconde ? Continue Reading

Bichat: La vie est ce qui résiste à la mort

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Les manifestations du vivant s’expliquent-elles par l’action d’un « principe vital » ? En se fondant sur des observations semblables à celles de Charles Bonnet, Xavier Bichat, médecin français, donne une définition vitaliste de la vie.

            On cherche dans des considérations abstraites la définition de la vie ; on la trouvera, je crois, dans cet aperçu général : la vie est l’ensemble des fonctions qui résistent à la mort.

            Tel est, en effet, le mode d’existence des corps vivants, que tout ce qui les entoure tend à les détruire. Les corps inorganiques agissent sans cesse sur eux ; eux-mêmes exercent les uns sur les autres une action continuelle ; bientôt ils succomberaient s’ils n’avaient en eux un

principe permanent de réaction. Ce principe est celui de la vie ; inconnu dans sa nature, il ne peut être apprécié que par ses phénomènes : or, le plus général de ces phénomènes est cette alternative habituelle d’action de la part des corps extérieurs, et de réaction de la part du corps vivant, alternative dont les proportions varient suivant l’âge.

BICHAT, Recherches physiologiques sur la vie et la mort (1800)

Bergson: L’élan vital

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On peut concevoir l’évolution des vivants comme orientée vers un but. Mais comment repère-t-on ce but lui-même ? Ne serait-ce pas d’un point de vue rétrospectif ? Car on ne saurait admettre que ce qui nous apparaît comme un point d’arrivée était programmé dès le départ.

            C’est en vain qu’on voudrait assigner à la vie un but, au sens humain du mot. Parler d’un but est penser à un modèle préexistant qui n’a plus qu’à se réaliser. C’est donc supposer, au fond, que tout est donné, que l’avenir pourrait se lire dans le présent. C’est croire que la vie, dans son mouvement et dans son intégralité, procède comme notre intelligence, qui n’est qu’une vue immobile et fragmentaire prise sur elle, et qui se place toujours naturellement en dehors du temps. La vie, elle, progresse et dure. Sans doute on pourra toujours, en jetant un coup d’œil sur le chemin une fois parcouru, en marquer la direction, la noter en termes psychologiques et parler comme s’il y avait eu poursuite d’un but. C’est ainsi que nous parlerons nous-mêmes. Mais, du chemin qui allait être parcouru, l’esprit humain n’a rien à dire, car le chemin a été créé au fur et à mesure de l’acte qui le parcourait, n’étant que la direction de cet acte lui-même. […]

Nous disions que la vie, depuis ses origines, est la continuation d’un seul et même élan qui s’est partagé entre des lignes d’évolution divergentes. Quelque chose a grandi, quelque chose s’est développé par une série d’additions qui ont été autant de créations. C’est ce développement même qui a amené à se dissocier des tendances qui ne pouvaient croître au-delà d’un certain point sans devenir incompatibles entre elles. A la rigueur, rien n’empêcherait d’imaginer un individu unique en lequel, par suite de transformations réparties sur des milliers de siècles, se serait effectuée l’évolution de la vie. Ou encore, à défaut d’un individu unique, on pourrait supposer une pluralité d’individus se succédant en une série unilinéaire. Dans les deux cas l’évolution n’aurait eu, si l’on peut s’exprimer ainsi, qu’une seule dimension. Mais l’évolution s’est faîte en réalité par l’intermédiaire de millions d’individus sur des lignes divergentes, dont chacune aboutissait à elle-même à un carrefour d’où rayonnaient de nouvelles voies, et ainsi de suite indéfiniment.

BERGSON, L’Evolution créatrice, chap 1

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