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Chronique n°28 : Absinthe n°12 « Groupuscules de l’ombre »

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Couverture absinthe 12

 

Quand les présentateurs de l’émission « Rêves et cris », sur la chaîne Nolife, ont présenté les webzines francophones, ils ont qualifié les éditeurs d’Absinthe de « stakhanovistes ».

Et je dois dire que je suis assez d’accord.

« Qu’est-ce qu’un stakhanoviste ? » demanderont certains. Un alcool russe ? pas loin. Est-ce que vous rappelez le cheval dans La Ferme des animaux d’Orwell? Celui qui travaillait dix fois plus que les autres. Oui, celui-là. C’est l’archétype du stakhanoviste. A l’origine, je dois préciser que ce concept est une arnaque. A l’époque de l’URSS, la propagande incitait les travailleurs à se démener pour le bien commun. Un mineur, répondant au nom de Stakhanov, réussit à sortir quatorze fois plus de charbon que la moyenne. Il fut aussitôt utilisé comme exemple et monté en épingles. Une enquête démontra qu’il s’agissait d’une supercherie : les camarades du mineur l’avaient aidé à gonfler ses chiffres.

Depuis, on dit d’une personne qui travaille beaucoup plus que les autres, parfois de façon « surnaturelle », qu’il est stakhanoviste.

Et l’équipe d’Absinthe fournit une quantité d’efforts incroyable. Chaque mois, un nouveau numéro sort. C’est déjà impressionnant mais il y a plus. Absinthe, la revue de l’imaginaire, a accouché de deux spin-off: la revue Enchantement pour la littérature plutôt sentimentale et Corbeau pour la littérature noire, plus adulte.

Cette revue numérique offre l’opportunité à des écrivains novices de se lancer dans le monde incertain et inquiétant de la littérature. Pour les lecteurs c’est l’occasion de découvrir, gratuitement, de nouvelles plumes. Et, pour conclure, je dirais que ce ne sont pas les seuls avantages : grâce à Absinthe, j’ai également découvert des auteurs avec qui j’ai pu travailler.

En ces temps troublés, alors qu’on n’entend parler que de crise, de chômage, de récession, d’austérité, de désespoir et de misère, je trouve extrêmement positif de voir que l’effervescence créative ne s’essouffle pas et que, bien au contraire, les gens sont, plus que jamais, dynamiques et affrontent l’incertitude le sourire aux lèvres.

Groupuscules de l’ombre

                Pour le douzième numéro, Absinthe avait choisi le thème « Groupuscules de l’ombre » comme thème. A première vue, cela m’évoque Dan Brown. On s’attend à voir des Illuminati, des cellules de francs-maçons ou encore des sectes chrétiennes. Mais Absinthe s’inscrit dans les univers SFFF, pas dans les thrillers américains. Alors à quoi pouvait-on s’attendre ? A des groupes mystérieux infiltrés dans l’ombre ? Des extra-terrestres comme les yuuzhan vong qui noyautaient la galaxie de Star Wars avant de l’envahir? Une équipe de héros recrutée secrètement par une divinité comme dans l’excellent Geste du sixième royaume d’Adrien Thomas ? La guilde des chasseurs de la série Supernatural ?

Les intraterrestres de Laurent Pendarias

Qu’est-ce que c’est que cette nouvelle ? Déjà le titre semble copié sur un épisode de la série Doctor Who. Pour l’originalité, on repassera. Et en plus, l’histoire débute par une citation de neuf lignes tirée d’un livre de psychologie historique. Et pour couronner le tout, il semblerait que l’auteur de cette nouvelle et celui de cette chronique ne soient qu’une seule et même personne !

(Si ce n’est pas une belle entrée en matière pour traiter des groupuscules de l’ombre et des complots…)

Epsilon par Aurélie Mendonça

De la SF : un groupe doit garder un complexe qui mène des expériences… pas banales. Un petit côté « 28 jours plus tard ». J’apprécie, en SF militaire, quand le personnage principal est une héroïne, l’histoire n’est pas centrée que sur l’aspect « action ». J’aime aussi les histoires actives mais ici la narration a un intérêt. La nouvelle revisite le mythe des loups-garous et… je préfère ne pas en dire plus parce que la chute est bien construite.

Aurélie a déjà écrit quatre romans. Vous pouvez consulter sa bio et sa biblio sur :

http://www.babelio.com/auteur/Aurelie-Mendonca/117382

 

Les autres par Tiphaine Levillain

Encore de la SF mais cette fois le groupe de l’ombre est une équipe de méchants terroristes, dans un monde post-apocalyptique, rebâti avec l’aide des extra-terrestres. L’histoire d’amour qui se dessine apporte du piment et un dilemme intéressant à la 24h Chrono. Honnêtement, je pense que l’auteure pensait plus à un drame, à la Corneille, qu’à 24 mais c’est le sentiment que j’ai eu.

Tipahine a déjà écrit quelques nouvelles et participe au quatrième tournoi de nouvellistes organisé par Nouveau Monde.

 

Les marionnettistes par Catherine Loiseau

Du fantastique (ou urban fantasy, je m’y perds parfois dans les classifications). Dès le premier paragraphe, on plonge dans l’histoire. L’héroïne découvre l’existence de gens aux pouvoirs étranges et à partir de là, elle devra fuir. Malgré des touches d’humour, je trouve la fin très sombre. Jappr2cie la nouvelle qui possède un double niveau de lecture.

Je suis depuis un moment les écrits de Catherine Loiseau, auteure de nouvelles de qualité (et d’un très bon Graakash). Vous pouvez suivre son actualité sur : http://catherine-loiseau.fr/

 

Jeux odieux par Florian Bonnecarrère

Florian n’en est pas à son coup d’essai. Il a déjà publié plusieurs nouvelles dans la revue Absinthe. Tantôt il met en scène des chimères steampunk et tantôt il s’enfonce dans les galeries souterraines.

Il nous livre ici une nouvelle de SF, portée par un vocabulaire dynamique et pimenté d’humour. La chute est atroce ! Et c’est un compliment. Le dénouement semblait tellement téléphoné que j’ai apprécié le résultat inattendu.

 

Rideau ! par Frédéric Pieters

La nouvelle Steampunk du numéro. Le concept le plus inattendu possible. Même les Japonais n’ont jamais osé réaliser un manga sur ce thème : un affrontement par parcs d’attraction steampunk interposés.

Oui, la nouvelle comporte aussi un paquet d’éléments sympas comme le mot de la fin mais c’est surtout cet aspect qui m’a marqué. On imagine bien cette scène au cinéma.

 

La pierre de concentration par Lordius

Ah ! Du médiéval-fantastique pur et dur. Une ligue secrète de voleurs. Un magicien taciturne. Un guerrier et, comme le nom de la nouvelle le laisse supposer, un artefact spécial.

L’auteur s’amuse avec les jeux de mots et les clins d’œil disséminés.

Lordius a déjà publié deux romans et des nouvelles, on le retrouve sur http://lordius1er.blogspot.fr/

 

O. R. B. par Jean Bury

SF campagnarde.

Face à l’occupation des aliens nazis, la Résistance résiste !

Portée par un vocabulaire vivant, à al Michel Audiard, la nouvelle nous raconte le récit improbable et incroyable de quelques campagnards résistants qui vont jusqu’à traquer l’auteur pour le sermonner.

C’est mon style d’humour. Les plus jeunes ne connaissent pas mais au début des années 2000, c’était le genre de fanfiction humoristique qui circulait sur le forum St-Seiya.

J’avais proposé une fois qu’on instaura comme contrainte de placer au moins une fois le mot « absinthe » dans toutes les nouvelles de la revue, mais là l’auteur est allé beaucoup plus loin en incluant la revue. On nage dans l’auto-référencement à la Tarentino.

Jean Bury était un auteur de langue wallonne mort en 1918 mais… je suspecte que ce n’est pas le même. Je penche plutôt pour l’auteur de Terre Zéro édité par House Made of Dawn.

Celui qui viendra par M’Isey

M’Isey est un auteur prolifique : je le croise souvent. Mon frère avait bien aimé sa nouvelle apocalyptique parue dans Ruée vers l’espace.

Ici, il nous livre la nouvelle d’horreur du recueil. Des morts, de l’horreur, un monstre. Très lovecraftien.

Les éditions Ivre Book viennent de boucler une anthologie sur Cthulhu (dans laquelle on retrouve un texte de Catherine Loiseau, citée plus haut). A mon avis (subjectif), c’est le genre de texte qui leur plairait. C’est classique mais du classique bien écrit.

Le coffre par Yoann Queyla

Et pour conclure le numéro Yoann nous raconte l’histoire d’un groupe de résistants. C’est plutôt de la SF mais sa nouvelle a un petit côté réalisme historique. Le coffre renferme un secret. La chute est plutôt réussie. Je m’attendais à autre chose.

Et les poèmes ?

Comme d’habitude, avec Absinthe on conclut avec les poèmes. Je ne vais pas dévoiler les intrigues.

J’ai aimé. Double dose de Julien Noël, le jeune auteur belge, spécialiste des sorcières.

 

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