Chronique 42 : Log Horizon de Marame Touno
Nouvelle entorse nippone à mon programme de lecture francophone pour deux bonnes raisons :
- parler cette fois d’une compagnie française, les éditions Ofelbe, qui ont décidé d’importer et de traduire en français des light novel ;
- faire découvrir ce format peu connu en France… mais qui se développe puisque Lucile Dumont a écrit un light novel sur Miléna, l’héroïne du jeu vidéo Aventurière Intérimaire.
Chronique 41 : Love & Pop de Murakami
Petit écart japonais aujourd’hui. Une amie m’avait prêté ce roman de Murakami, auteur à la mode, aussi j’ai voulu jeter un œil.
Le livre est censé nous parler de la prostitution des jeunes filles au Japon, ou plus précisément de cette nouvelle pratique sociale consistant à payer pour avoir de la compagnie (indépendamment de relations sexuelles tarifées).
Je suis légèrement déçu par le traitement puisqu’on ne suit pas d’histoire construite avec un début et une fin. On suit un flot de descriptions. J’imagine que l’auteur a voulu retranscrire l’esprit désabusé d’une génération dont la pensée n’a plus de fil conducteur.
Ce livre m’a beaucoup rappelé Les Choses de Perec mais aussi le style de Houellebecq dans cette volonté de ne plus raconter d’histoire mais de jeter des fragments de réel, pêle-mêle, comme si on se trouvait dans un rayon de grande surface.
Chronique 40 : Eros Automaton
Clémence Godefroy sait peindre des paysages et rendre ses personnages attachants.
A l’occasion de l’exposition universelle, Clémence nous raconte une histoire steampunk où de jeunes héroïnes croisent la route d’automates.
Les thèmes abordés sont à la fois archaïques et actuels puisqu’entre les intrigues amoureuses on aborde aussi la question du fanatisme et du terrorisme.
J’ai apprécié le roman pour ses personnages mais aussi et surtout pour la cohérence de cet univers rétro-futuriste.
Chronique 39 : Les enfants du passé de Luce Basseterre
Cette histoire pourrait être une saison inédite de Torchwood ou encore un spin-off puisqu’on suit un personnage principal qui rappelle par bien des aspects le capitaine Jack Harness.
Le roman est parfois présenté comme « boy’s love » parce qu’un des personnages principaux est omni-sexuel mais il se rattache davantage à la tradition de la SF (et notamment le courant Asimov « fondation ») : quelques milliers d’années après nous, l’humanité a quitté la terre pour coloniser d’autres planètes. Des pilotes, modifiés génétiquement, ont guidé des arches à travers la galaxie. D’autres anecdotes ont émaillé cette histoire de l’exploration spatiale, dont une guerre sanglante, dont nous apprenons les détails au fur et à mesure.
La découverte de clones par différents protagonistes les pousse à enquêter et à creuser certains dossiers oubliés de cette exploration spatiale.
Comme on peut s’y attendre sous la plume de Luce Basseterre les thèmes du racisme et de l’intolérance sont abordés mais toujours avec pertinence. La question rousseauiste de l’apprentissage de la liberté est aussi habilement présentée.
En bref, c’est la saison 5 de Torchwood qu’on a jamais eu.
Chronique 38: Along the Edge
(Graphismes de Nicolas Fouqué)
Entre ma chronique sur Les Enfants du passé de Luce Basseterre et Eros Automaton de Clémence Godefroy, je vous propose un « livre » un peu original puisqu’il s’agit d’un jeu vidéo narratif. Français.
J’en avais parlé lors de notre conférence à Cuisery et je profite que l’équipe débute sa campagne de greenlight pour poster une chronique complète.
Vous incarnez une doctorante en mathématiques à un tournant de sa vie. Elle hérite un château de sa grand-mère et vient s’installer dans un coin de la campagne française où les superstitions sont encore actives.
A partir de là les choix que vous ferez feront évoluer l’histoire dans un sens ou un autre. Par exemple, je finis avec une nouvelle coupe de cheveux et un mariage.
Je précise que je suis bon public : j’aime la littérature fantastique et les jeux narratifs. Et Along the Edge me rappelait ce livre écrit par l’ethnologue Dominique Camus Voyage au pays du magique : Enquête sur les voyants, guérisseurs, sorciers.
C’est une équipe de cinq personnes qui a réalisé ce jeu narratif. C’est bien au niveau de l’écriture, des graphismes, de l’ambiance sonore et de la programmation. Pour avoir travaillé sur ce type de jeu, je devine par moments comment la programmation-écriture-illustration se combine. Le résultat est concluant.
Je crois qu’ils ont travaillé sur « électron ». Je ne connais pas ce programme.
Si vous aimez les livres, si vous avez plus de vingt ans (et si vous êtes doctorant) je vous recommande ce jeu narratif. En revanche je ne le conseillerai pas aux lecteurs les plus jeunes (le kit press précise qu’il s’agit d’un jeu adulte). Sans vouloir gâcher le suspense, l’histoire aborde des sujets graves qui nécessitent une certaine maturité.
Vous incarnez une doctorante qui devient momentanément professeure de mathématiques et découvre simultanément les pouvoirs magiques de sa famille. J’imaginais mes collègues, professeurs de mathématiques au collège, en train de jouer à ce jeu et me dire « C’est complètement irréaliste ! Cette histoire ne tient pas debout ! Regarde : ses élèves écoutent le cours »
J’ai bien apprécié le twist final (que je vous laisse découvrir).
Vous pouvez retrouver toutes les infos sur ce jeu à cette adresse :
Vous pouvez soutenir ce jeu et voter pour qu’il soit greenlighté sur Steam en suivant ce lien :
http://steamcommunity.com/sharedfiles/filedetails/?id=699674310
Le futur du travail
Mon équipe avait conçu un petit chapitre inédit de notre visual novel pour un concours sur « le futur du travail » organisé par l’Institut Kervégan. Continue Reading
2 degrés
Nouvelle de science-fiction sur le réchauffement climatique.
Prix Jacky Soulier/Marc Derbresse 2016
décerné par l’association Feyzin Europe.
(en ligne prochainement)
Présences d’Esprits n°86
Et le voici, le numéro 86 du fanzine Présences d’Esprits avec cette fois un gros dossier sur Michael Moorcock, une table ronde entre Trolls et licornes et un aperçu à travers le hublot des éditions Voy'[el].
Présences d’Esprits #86
56 pages N&B + 4 pages couleur
5 euros
Sommaire :
Couverture : Josh Burns
- Dossier : Michael Moorcock de Laurent Pendarias
- Hublot : Les éditions Voy'[el]
- Table ronde : Trolls et licornes (Imaginales 2015)
- Article : Les Compagnons de l’ombre
- Nouvelle : Bienvenue à Sisko de Luce Basseterre
Et les rubriques habituelles : Des nouvelles de la Galaxie !, Lectures, BD, Jeux, Visions, Illustrations…
« Rouge et bleu » Un conte traditionnel de Squaria
Je m’appelle Azul, je suis un cube bleu, vous savez, le genre qui souffle un air glacé.
Autrefois, je détestais les cubes rouges. À part les cubes de la nuit qui mangent les enfants, ce sont les pires. Je les trouvais grossiers, violents et laids. Je pensais qu’ils avaient la tête trop plate. Et je n’aimais pas les voir souffler du feu : ils déclenchent des incendies partout et les fumées empuantissent l’atmosphère.
Moi, je souffle de l’air froid, comme un ventilateur.
Vous ne devinerez jamais ce qui m’est arrivé l’autre jour. Je devais apporter des provisions à ma grand-mère malade mais j’étais très en retard (je m’étais arrêté pour faire une bataille de cubes de neige avec mes amis). J’ai décidé de prendre un raccourci en empruntant le canyon interdit. Je suis tombé sur un cube rouge du même âge que moi. À part la couleur, on aurait pu le prendre pour mon frère. Un gros rocher avait glissé de la montagne le bloquait. Ce cube rouge était terrifiant avec ses flammes mais il pleurait.
Vous vous demandez ce que j’ai fait ? Me suis-je enfui ?
Non. J’ai aidé ce cube à se libérer. Blessé, il ne pouvait plus marcher. J’ai voulu le porter jusqu’à la sortie mais vous ne devinerez jamais ce qui advint.
Une ombre immense, noire, plus sombre que la nuit nous enveloppa. Un gigantesque cube noir passa dans le ciel et masqua la lune. Mon sang ne fit qu’un tour : les cubes de la nuit sont connus pour manger les jeunes. Nous n’avions aucun endroit pour nous cacher. Pas un rocher. Pas un trou carré.
Le cube rouge, Roje, m’a alors demandé de produire mon air glacial. Je lui ai dit que la neige ne nous cacherait pas mais il a insisté. J’ai soufflé du froid et lui du feu. La combinaison de nos souffles a créé de la vapeur puis une brume et enfin un épais brouillard dans lequel nous avons disparu.
Nous avons pu sortir du canyon sains et saufs.
Et depuis ce jour, je ne crains plus les cubes rouges.
***
Ce conte est une novélisation du jeu Square Arena.
L’Indépendant « Laurent Pendarias veut développer les Visual novel »
Merci au journal L’indépendant du Louhannais pour ce premier article (d’une longue série j’espère) sur nos projets de jeux narratifs.
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