Le cross media japonais0

Posted on janvier 16th, 2016 in Non classé

Le cross media japonais

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Pourquoi les Japonais développent-ils régulièrement des univers qu’ils déclinent de mille et une manières quand les Français se bornent à produire sur un unique support ?

En ce moment je rédige un article, avec mon frère, pour une revue canadienne sur la réception du manga en France et sa réappropriation. Sans rentrer dans les détails techniques concernant les différences culturelles (les Occidentaux et les Japonais s’accordent à dire que la BD franco-belge est un art mais pas le manga), je voulais juste donner un coup de projecteur sur la question du cross-media.

death note drama

Il s’agit de développer sur différents médiums un même univers ou une même histoire. Par exemple Death Note fut d’abord un manga avant d’être adapté en dessin animé puis en film livre et enfin en série. Et les fans ont la possibilité d’acheter la musique, des romans dérivés (light novel) et des jouets.

death note musicCertains d’entre vous peuvent trouver étrange que la France, deuxième pays consommateur de mangas au monde (nous représentons 4% du marché, loin devant les USA), n’ait pas repris les méthodes créatives des Japonais mais cela peut s’expliquer en partie par nos traditions historiques respectives.

Vous avez probablement déjà entendu cette anecdote: Bandaï assistait aux réunions pour le dessin animé Goldorak et aurait demandé à Go Nagaï de prévoir pour le robot un socle plus large afin que les jouets tiennent debout. En réalité, les premiers produits dérivés (cartes à jouer, poupées) au Japon datent de 1902. Cette tradition de mix-media a rapidement évolué (1er épisode d’Astro-Boy à la télévision en 1963) et constitue aujourd’hui une tactique assumée pour lutter contre la récession:

« Dès 1993, Shûeisha a lancé V Jump, consacré aux jeux vidéo et aux séries manga qui en sont tirées (Dragon Quest) et Koroko systématise le doublonnage entre jeux et séries animées. Les grands média-mix ludiques destinées aux jeunes, tels que Yu-Gi-Oh !, les Pokémon ou Card Captor Sakura, sont désormais à base de jeux vidéo, de cartes, de séries animées télévisées et de films: le manga n’en constitue plus qu’un élément secondaire » (Bouissou J.-M., Histoire et univers de la bande dessinée japonaise, 2010, Editions Philippe Picquier, 2014 pour l’édition de poche, p. 144-145)

Il serait faux d’affirmer que la France n’expérimente pas (Ubisoft, Soleil, Forge) toutefois on se heurte encore à cet immobilisme que je déplore. Récemment vous avez pu suivre notre projet Aenigma permettant à des écrivains chevronnées de scénariser de courts jeux vidéo formant un monde cohérent. Cette expérimentation formait une première étape ouvrant la voie vers de nouveaux projets car les Japonais ont montré que les déclinaisons d’un univers sont multiples: romans, films cinéma, mangas, série animée, jeux vidéo, artbook, character book, adaptations télé (OAV, drama), CD audio (musiques et pièces radiophoniques), light novel, trading cards, calendriers et posters, figurines et même fournitures de bureau…

Pour plus d’informations je vous renvoie à mon article  « Bakuman ou comment le médium de la narration permet d’expliciter et de partager les savoirs tacites au sein de l’entreprise » dans Médiations philosophiques n°10, novembre 2015.

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