Corrigés du bac blanc TS 20150

Posted on février 14th, 2015 in En terminale

Corrigés des sujets du bac blanc 2015 pour Digoin

Les notes vont de 0 à 17. Moyenne de classe à 9,5.

Sujet 1 : Toute croyance est-elle contraire à la raison ?

Analyse des termes du sujet : L’énoncé du sujet semble supposer que la croyance s’oppose à la raison au point que la formulation fait porter l’interrogation sur le terme « toute ». Sont-elles toutes déraisonnables ou certaines échappent-elles au blâme ?

Erreur courante : De nombreux élèves ont réduit le problème de la croyance à celui de la religion, omettant à l’occasion la masse des opinions « laïques ». Par exemple « je crois qu’il va pleuvoir » est une croyance qui n’a aucun lien avec le champ religieux.

 

 

Introduction

Raison vient du latin ratio qui signifiait « calcul ». C’est donc la partie de l’esprit rigoureuse qui opère sur des abstractions alors que la croyance vient de l’indo-européen « kerd », traduit par « cœur ». Cette dernière viendrait donc du siège symbolique des émotions par opposition à la froide raison qu’on logerait dans la tête.

Pour le sens commun, la croyance échappe à la raison. Les croyances fragiles comme les superstitions (l’éclair serait envoyé par Zeus, passer sous une échelle porterait malheur, etc.) seraient propres aux populations illettrées vivant dans l’obscurantisme. Le projet des Lumières postulait que le développement des connaissances (via le projet de l’Encyclopédie par exemple) permettrait le développement de la raison, dite « lumière naturelle », et le recul des ténèbres. Et pourtant, les personnes les plus rationnelles, scientifiques et philosophes, conservent parfois des croyances. Par exemple, Newton développe un nouveau système astronomique mais continue de postuler un Dieu, moteur, qui met en mouvement les planètes.

Par conséquent, on en vient à formuler la problématique suivante : quelles croyances ne seraient pas incompatibles avec la raison ?

 

Plan

Partie 1 : Thèse A : Oui les croyances sont opposées à la raison.

Argument 1 : La croyance n’est qu’une opinion. On pourrait débuter en opposant la simple opinion, la doxa, qui n’est que répétée ou héritée, sans examen rationnel. Il était également possible de partir de l’argument d’autorité. En ce sens, il est facile de montrer pourquoi la croyance s’oppose à la raison puisqu’elle ne passe pas par le filtre de la critique.

 

Exemple : « Je crois qu’il fait beau en Australie parce qu’on me l’a dit. » (croyance héritée) OU « Je crois que l’homme est libre parce que Descartes l’a dit » (argument d’autorité).

 

Argument 2 : La croyance s’arrête au niveau superficiel. Passé l’argument de la fragilité des opinions héritées d’autrui, on pourrait postuler que les expériences vécues par une personne seraient plus crédibles, c’est-à-dire plus dignes de croyance. L’expérience des sens semble plus fiable qu’une fiction rapportée. Il s’agit alors de montrer le caractère limité et illusoire des sens.

 

Ex : « Je ne crois pas que les microbes existent puisque je ne les vois pas. »

 

Argument 3 : Les pseudo-raisonnements. Pour poursuivre la gradation, l’élève pouvait partir de la croyance la plus ridicule (« Je crois au monstre du Loch Ness parce que mon voisin me l’a dit ») et chercher des croyances plus dignes d’attention (« Je ne crois que ce que je vois ») pour arriver à des opinions personnelles bâties sur un début de raisonnement. Puisqu’il s’agit dans la première partie de dénoncer les croyances qui s’opposent à la raison, on pouvait pointer les incohérences des inductions abusives (tirer des conclusions générales à partir d’un nombre de cas limité).

 

Ex : Un anglais débarque à Calais et voit une serveuse rousse. Il peut croire que toutes les Françaises sont rousses. La croyance est bâtie sur un début de raisonnement mais ne respecte pas les règles de la logique.

 

TRANSITION : Et les postulats des scientifiques ? Si la première partie aboutit à la conclusion que les croyances s’opposent à la raison en raison de leur fragilité ou de leur incohérence, on ne peut pour autant en conclure que toutes les croyances s’opposent à la raison puisque les contre-exemples de Newton (qui postule un Dieu moteur) et de Galilée (qui croit en un langage secret de la nature) semblent établir que certains partisans de la raison et des raisonnements rigoureux tolèrent des croyances.

 

Partie 2 : Thèse non A : Non, toutes les croyances ne sont pas opposées à la raison.

Argument 1 : Certaines croyances sont fondées en raison et donc probables (probabilisme). La conjecture consiste à tirer une conclusion à partir d’un certain nombre d’indices. Sans prétendre à la certitude du savoir mathématique, elle cherche une forme de vérité probable ou du moins vraisemblable. Ainsi, baser une conjecture sur la répétition d’une expérience est une induction fausse du point de vue logique mais acceptable dans le champ pratique.

 

Exemple : Si un enfant s’est brûlé plusieurs fois en touchant le feu, il en conclut qu’il ne faut pas toucher le feu. Il n’est pas dit que sa conclusion soit vraie dans l’absolu mais elle est considérée comme raisonnable dans le champ pratique.

 

Ici l’élève habile pouvait réemployer ses lectures (la morale par provision de Descartes ou encore les probabilités de Pascal).

 

Argument 2 : Popper : toute théorie est provisoire. L’épistémologie contemporaine part du principe que la science ne pose pas de théorie de manière définitive, pour éviter le risque de dogmatisme. La raison exige la prudence : l’histoire des sciences a établi une progression.

 

Exemple : Sachant que la physique d’Einstein a remplacé celle de Newton qui a elle-même supplanté celle d’Aristote, il serait prétentieux d’affirmer que la dernière théorie en date soit absolument certaine. Tout scientifique accorde un haut degré de confiance à sa théorie mais sans jamais la penser inattaquable.

 

Argument 3 : Les croyances métaphysiques ne s’opposent pas à la raison puisqu’elles se situent sur un autre plan où les valeurs « vrai » et « faux » n’ont pas cours.

 

Ex : Kant a établi que les questions métaphysiques telles que l’existence de Dieu, de l’âme, de l’infinité de l’univers n’ont pas de réponse. On ne peut réaliser une expérience qui permettrait de confirmer ou d’infirmer ces théories par conséquent elles resteront de simples croyances, reconnues comme telles, dans le champ privé.

 

TRANSITION : Et alors ? Tandis que la première partie a établi que certaines croyances fragiles s’opposent à la raison, la deuxième a montré que d’autres (celles qui se reconnaissent comme croyances mais que nous conservons pour des raisons pratiques) sont compatibles avec la raison. La solution pourrait consister à établir une classification des croyances mais il serait plus intéressant dans le cadre d’une dissertation de remettre en cause les postulats initiaux de la réflexion pour dépasser le paradoxe apparent. Puisque l’introduction a établi la supériorité de la raison sur la croyance, ne faudrait-il pas la réinterroger ?

 

Partie 3 : Dépasser l’apparente opposition. Thèse C (A et non A) : Peut-on croire à la raison ?

Ici les élèves sont relativement libres selon la construction opérée et le fil rouge choisi.

Argument 1 : Postuler la supériorité de la rationalité. Certaines traditions philosophiques vues en classe (scepticisme, relativisme ou plus surprenant encore épicurisme) tolèrent une relative égalité des valeurs et pourraient accepter de mettre sur le même plan raison et croyance. Pourquoi perpétuons-nous cette inégalité héritée des premiers philosophes selon laquelle la raison serait supérieure ? Un élève de terminale pourrait aller au plus simple et reprendre le raisonnement de Socrate du Phédon (la raison est supérieure aux sens puisqu’elle n’est pas victime d’illusions) ou mieux celui de Platon dans la Lettre 7. Si la raison peut accéder à des vérités universelles, alors il faut s’y fier.

 

Exemple concret : Une connaissance obtenue via un raisonnement est supérieure à une croyance. « 2+2 + 4 » est une vérité universelle, c’est-à-dire vraie en tout temps et tout lieu alors que « je crois qu’il va pleuvoir » dépend du contexte.

 

Argument 2 : La raison « lumière naturelle », donnée par Dieu selon les croyants. Plus paradoxal, il est possible de reprendre des arguments hérités de la tradition religieuse pour montrer la supériorité de la raison sur les croyances (y compris les religieuses). Les monothéismes postulent que le Dieu créateur aurait donné la raison (appelée à l’époque « lumière naturelle ») aux Humains. Certains philosophes (Aristote, Averroès) vont jusqu’à postuler qu’une partie de l’esprit humain, celle qui réalise les abstractions, serait une partie de l’esprit de Dieu (parce qu’elle parvient à saisir l’illimité à partir du limité). Par conséquent, le simple fait d’être croyant devrait amener à croire que sa raison est supérieure à sa croyance.

 

Exemple : Le philosophe musulman Averroès cite dans son Discours décisif des passages du Coran indiquant qu’un humain doit se servir de sa raison pour examiner toutes les choses. La conclusion est qu’un bon croyant doit alors user de sa raison.

 

Argument 3 : Le miracle grec : comment se fait-il que les Humains soient capables de comprendre la nature et ses lois ? Depuis trois mille ans, l’humanité s’interroge sur la capacité humaine à saisir les lois de la nature : pourquoi peut-on résumer une loi avec une formule mathématique et, plus étrange encore, pourquoi peut-on la découvrir ? Soit on postule comme Galilée que la nature est écrite dans un langage secret auquel cas la raison serait la capacité la plus adaptée pour découvrir la vérité. Soit on postule que les mathématiques sont des créations de l’esprit humain auquel cas, c’est la raison qui crée les outils les plus adaptées à la compréhension du monde.

 

Exemple : Théorême de Pythagore.

 

Sujet 2 : La question « qui suis-je ? » admet-elle une réponse exacte ?

Analyse des termes du sujet : L’énoncé du sujet semble supposer que la question appelle une multitude de réponses, notamment à cause des évolutions de cette entité polymorphe qu’on nomme identité.

Erreur courante : De nombreux élèves ont raté un pan essentiel du sujet : il est possible de répondre oui à la problématique posée. Ce n’est pas parce que la formulation sous-entend une pluralité de définitions qu’il faut délaisser la thèse opposée. Un élève qui ne traite qu’un versant du problème ne fait pas de la philosophie mais de la rhétorique. On ne demande pas d’argumenter à sens unique mais de poser un problème et d’en comprendre les tenants et aboutissants.

 

(Il est possible de glisser des questions dans une introduction comme vous allez le voir, mais veillez à ne pas en abuser. Vous devez problématiser c’est-à-dire expliquer clairement quel est le problème et pourquoi il se pose. Multiplier les questions sans apporter d’éclaircissement n’est qu’une échappatoire.)

 

Introduction

Le personnage Jean Valjean du roman Les Misérables de Victor Hugo peut-il se targuer d’être le même personnage quand il change d’identité ? Et pourquoi le policier Javert poursuit-il ce « Monsieur Madeleine » alors qu’il n’est plus le criminel Jean Valjean ?

Dans la vie quotidienne, on n’accepterait pas de dire d’une personne qui a radicalement changé qu’elle est toujours la même. Par exemple, imaginons qu’un voisin soit une vieille femme grisonnante, courbée, vêtue des pieds à la tête de lainages. Si le lendemain, on vient à croiser un jeune homme roux, sportif, qui prétend être la voisine, bien fou qui le croira. Et si ce nouveau voisin parvenait à prouver son identité en rappelant des souvenirs communs ou en exhibant des papiers d’identité, que faudrait-il conclure ?

Pour le sens commun, une personne possède une identité et peut répondre aisément à la question « qui suis-je ? » en donnant son identité juridique (nom, prénom). Et pourtant il est difficile pour une personne d’affirmer qu’elle est toujours la même puisque le temps qui passe ne cesse de transformer les individus sur les plans physique, intellectuel et moral. Par exemple, personne ne défendrait l’idée que Monsieur Madelaine le bienfaiteur est la même personne que Jean Valjean le bagnard aigri.

Par conséquent, on en vient à formuler la problématique suivante : Une même personne possède-t-elle une identité ou plusieurs ?

 

(Une formulation plus technique était possible si vous avez vu les concepts en classe : « La question de l’identité se réduit-elle à l’idée de mêmeté ou faut-il la repenser à partir du concept d’ipséité ? »)

 

Plan

Partie 1 : Thèse A : Oui la question admet une réponse exacte.

Argument 1 : L’identité comme identité sociale. Malgré les changements, une personne garde son identité aux yeux de la société.

 

Exemple : La carte d’identité. Dans les sociétés occidentales contemporaines, l’identité est indiquée sur un document. Nom et prénom.

 

(Vous pouviez forcer le trait et montrer qu’avant l’apparition des bureaucraties on pratiquait la cérémonie du baptême en public parce que le fait d’attribuer un prénom permet à un individu de s’insérer dans une communauté.)

 

Argument 2 : La mémoire assure la continuité de l’identité. Malgré les changements, une personne possède les souvenirs des jours passés et par conséquent sait qu’elle est la même personne.

 

Ex : Expérience commune : si une personne a garé sa voiture la veille, elle sait où elle se situe au matin. Cela montre qu’il s’agit du même individu.

 

(Vous pouviez également traiter comme exemple les questions de la culpabilité ou de la fierté qui ne sont possibles que par la mémoire)

 

Argument 3 : L’identité comme identité morale. Si une personne commet un crime et qu’elle échappe à la police pendant vingt ans, elle sera néanmoins jugée et punie. Elle peut prétendre avoir changé ou même avoir oublié son crime, mais aux yeux de la loi, une personne reste responsable de ses actes dans le temps. C’est le fait de commettre des bonnes actions ou des mauvaises actions qui définissent une personne.

 

Exemple : Anders Behring Breivik a assassiné 77 norvégiens en 2011. Il fut condamné à la peine maximale en 2012 car la loi considère qu’il s’agit encore de la même personne et qu’elle reste responsable de ses actes.

 

(Ceux qui ont choisi de passer par Sartre et la définition de l’identité par les choix plutôt que par l’existence ont défendu un argument également pertinent)

 

TRANSITION : Certes, la société ne reconnait qu’une identité (identité de substance, identité de conscience ou encore identité morale) mais aux yeux de cette même société nous pouvons prendre différents visages (père/mère, travailleur, fils/fille, frère/sœur, électeur/élu, etc.) d’où un soupçon. Sans rentrer dans des considérations extrêmes (comme la question d’une fausse identité), la pluralité des rôles au sein d’une société suffit à rouvrir la discussion.

 

Partie 2 : Thèse non A : Non, la question n’admet pas qu’une réponse unique.

 

Argument 1 : La pluralité des rôles. Si une société attribue une identité (le nom), elle reconnaît plusieurs rôles à un individu, qu’il faut alors assumer.

 

(Pour rentrer dans les détails techniques, vous pouviez repartir de la définition de la « personne » héritée du masque de théâtre des Grecs. C’est ainsi que les théologiens chrétiens ont réussi le tour de force d’affirmer que Dieu est à la fois trois et unique : il a trois visages donc trois personnes mais une unité.)

 

Exemple : Si on choisit un exemple fictif pour caricaturer, vous pouvez prendre la figure de Dexter. Si le personnage a une identité, en revanche il présente différents visages selon ses activités. Il est à la fois un tueur en série, moralement condamnable, un médecin légiste, un bon père, un mari, un contribuable et un habitant de Miami.

 

Argument 2 : Le moi et le soi. La théorie freudienne distingue deux instances dans l’esprit humain : le moi et le soi. Le premier désigne la conscience (que la tradition philosophique assimile au moi) tandis que la deuxième se rapporte à l’inconscient et aux déterminismes extérieurs au moi.

 

(Certains élèves ont cité Le moi et le ça. Les traductions de Laplanche et de Jankélévitch sont également acceptées en terminale)

 

Exemple : Un élève a choisi d’aller en terminale S. Il est donc un élève de terminale S. Mais simultanément il cumule des déterminismes non choisis : il est également un garçon et un citoyen français du vingt-et-unième siècle appartenant à une catégorie socio-économique. Cette part de l’identité n’est pas choisie.

 

(Ceux qui tiennent absolument à utiliser des exemples tirés de la littérature populaire (même si je déconseille vivement) doivent prendre garde et opérer des distinctions précises. Harry Potter a une identité, constituée par l’ensemble de ses choix, comme « aller à Gryfondor », mais également un soi non-choisi comme parler le langage des serpents.)

 

Argument 3 : L’éclatement des identités ou l’essoufflement des identités. « Je ne sais plus qui je suis ». La question de l’identité se posait moins dans les sociétés traditionnelles où les rôles étaient clairement définis (par exemple la noblesse vient du sang et ne se discute pas dans l’Ancien Régime) mais la disparition des normes et des limites provoque l’apparition d’une nouvelle injonction paradoxale « à être soi-même » qui sous-entend la possibilité de plusieurs identités (une fausse vécue et une vraie fantasmée).

 

Exemple : Dans le livre La fatigue d’être soi du sociologue Alain Ehrenberg, le sociologue explique le développement des dépressions dans les sociétés occidentales contemporaines par cette injonction à être soi. Comment exiger d’une personne qu’elle soit « elle-même » alors qu’elle l’est déjà ?

 

TRANSITION : Et alors ? La première partie a posé la possibilité d’une réponse unique tant que la réflexion reste sur un plan juridique et la deuxième a établi qu’à travers la pluralité des visages et des rôles on pouvait apporter plusieurs réponses. Mais peut-on se cantonner à cette réponse nuancée et tolérer qu’une personne cumule une et plusieurs identités ?

 

Partie 3 : Dépasser l’apparente opposition. Thèse C (A et non A) : une réponse exacte et des réponses différentes sont possibles avec la question « qui suis-je ? » mais cette dernière partie peut réinterroger des présupposés pour dépasser l’opposition et notamment repenser la question de l’identité.

 

Ici les élèves sont relativement libres selon la construction opérée et le fil rouge choisi.

 

Argument 1 : Identité comme mêmeté. On peut repenser la question de l’identité à partir du même. On peut affirmer que A est A puisque A = A. « Qui suis-je ? » demande-t-il si une personne reste la même au cours du temps ? L’observation montre que non. Une identité est possible à un instant t mais n’est plus possible dans le déroulement du temps.

 

Exemple : Monsieur Madeleine n’est plus le même que Jean Valjean.

 

Argument 2 : Identité comme ipséité. L’ipséité définit le fait qu’une personne reste la même au cours du temps malgré les évolutions. Ainsi un humain reste le même aux yeux de la loi, à chaque année qui passe.

 

Exemple : Le Général de Gaulle garde la même identité en 1942 et en 1968 même s’il a changé.

 

Argument 3 : Identité comme avatarité. Les évolutions technologiques permettent d’utiliser plusieurs identités virtuelles. Ainsi la loi française en vient à légiférer non sur l’anonymat mais sur l’hétéronymat, le fait de posséder plusieurs identités, car une personne, cachée derrière plusieurs avatars (comme autant de « visages » du théâtre grec), devrait être responsable de ses actes et pourtant le droit international autorise des actes racistes sur des jeux en ligne, divisant ainsi l’identité.

 

Exemple : Un groupe d’avatars « blancs » se réunissant pour pendre un avatar « noir » sur World of Warcraft ne serait pas puni alors que les citoyens américains, contrôlant ces mêmes avatars, seraient punis par la loi locale pour le même crime.

 

Ce dernier point, anecdotique, tend à montrer que la question de l’identité (et corrélativement de la responsabilité) est toujours ouverte.

 

 

Pour aller plus loin, vous pouvez vous inspirer de la problématique de mon article paru dans le magazine Médiations philosophiques n°5 sur l’ipséité du Docteur Who.

http://www.mediationsphilosophiques.fr/article-de-journal/tribune-l%E2%80%99%C3%A9trange-renouvellement-du-docteur

 

 

Texte de Kant « classique »

(vu en début d’année par la majorité des classes de terminale)

 

Consulter les 9 vidéos de correction si vous peinez encore avec les détails de la méthode d’explication.

Introduction rédigée

Le texte étudié est extrait de l’opuscule de Kant intitulé Réponse à la question : « Qu’est-ce que les lumières ? ». Elles désignent à la fois un moment historique et un mouvement philosophique dans la France du dix-huitième siècle : la tentative de faire triompher les « lumières » de la rationalité contre les ténèbres de l’obscurantisme (l’ignorance, la superstition). L’extrait aborde le thème de l’abdication volontaire de la liberté de pensée et ses causes.

Pour le sens commun, il semblerait que la liberté de pensée soit un bien précieux, à défendre impérativement, que ce soit pour la France révolutionnaire de 1789 ou pour l’époque actuelle. On imagine plus facilement les individus prendre les armes et risquer leur vie pour conquérir cette liberté que de l’abdiquer facilement et pourtant il s’avère que de nombreux humains, hommes et femmes, renoncent à penser par eux-mêmes. Ces derniers préfèrent déléguer à d’autres la tâche de réfléchir et de prendre les décisions à leur place. Ce paradoxe amène à poser la problématique suivante : pourquoi certains humains adultes renoncent-ils à leur liberté de pensée ?

A cette question, Kant répond que les principaux intéressés renoncent à cause de deux vices, la paresse et la lâcheté, qui ont en commun l’allergie à toute prise de risque. Pour démontrer sa thèse, Kant va dans un premier moment (lignes 1 à ) exposer son hypothèse : des adultes choisissent de demeurer mineurs dans leur pensée parce que c’est plus facile : cela ne nécessite ni effort ni courage. Puis, dans un deuxième moment (lignes 3 à 7), Kant illustre à l’aide d’exemples comment on peut se décharger sur d’autres de la pénible tâche de penser par soi-même. Enfin, dans le dernier moment du texte (ligne 7 à la fin de l’extrait), le philosophe dénonce une manipulation des tuteurs qui, malgré leurs bonnes intentions, entretiennent les adultes dans l’hétéronomie en agitant le spectre des dangers de l’autonomie.

 

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