Chronique: Les numéros 1 de la fantaisy0

Posted on août 1st, 2013 in LITTÉRATURE

J’avais très envie d’écrire une chronique sur les origines du genre fantasy mais je ne savais pas par quel bout prendre le problème. Plutôt que de me lancer dans une explication universitaire barbante de 878 pages, j’ai préféré sélectionner des textes emblématiques.

Robert E. Howard, Croc et lance, 1925

Howard, c’est le papa de Conan le Barbare, autant dire qu’il a pratiquement fondé le genre heroïc fantasy. Très jeune, il se lance dans l’écriture et tente de vendre des histoires à Weird Tales. Sa toute première nouvelle, publiée en juillet 1925, met en scène un homme préhistorique.

Résumé : Une jeune femme des cavernes observe à la dérobée son amant, l’artiste de la tribu. Mais elle est enlevée par un sauvage homme de Neandertal.

Cette nouvelle est comme un diamant, parfaitement ciselé. Ce n’est pas la meilleure nouvelle d’Howard mais elle est taillée de A à Z et pourrait servir de modèle pour quiconque veut apprendre à écrire. Limpide et prenante à la fois.

Howard était un sacré travailleur. On lui doit 400 nouvelles dans des styles variés (boxe, western, fantaisy…).

 

Tolkien, Ainhulindalë

J’imagine qu’après l’adaptation au cinéma de la trilogie du Seigneur des anneaux et plus récemment celle du Hobbit, personne n’ignore qui est Tolkien. Si ? Tolkien était un professeur de linguistique qui, pour passer le temps, inventa des langues disparues (comme l’elfique) et dans la foulée construisit un univers pour que des gens puissent parler ces langues.

Les romans de Tolkien comportent de nombreux passages qui traitent du passé des peuples ou du monde. Etant donné que la compagnie de l’anneau débute à la fin du troisième âge, on se demande ce qui s’est passé avant. Avant les anneaux et toute la quincaillerie ?

Ainhulindalë est un texte court, beaucoup moins connu, qui retourne aux sources et raconte la genèse de l’univers. Ici pas de combat, pas de gouffre de Helm, pas d’elfe.

Résumé : Les dieux se rassemblent et entament un morceau de musique pour dessiner le monde et ce qu’il deviendra. Morgoth (le dieu méchant) en profite pour faire entendre sa voix discordante et de là viendra le chaos dans le monde.

C’est original ! Ici la création de l’univers passe par la musique. Contrairement à beaucoup d’auteurs, Tolkien n’est pas allé puiser son inspiration dans des mythologies déjà existantes. Il a choisi de générer son monde d’une manière intéressante.

Un texte incontournable pour tous les fans de Tolkien.

 

Moorcock : Sojan

Avant Elric le nécromancien, il y avait Sojan. Sojan the swordman. Sojan le mercenaire. Le héros du jeune Moorcock, âgé d’à peine quinze ans !

Quand on connait le niveau de français moyen d’un élève de quinze ans, on rêve d’avoir plus de Moorcock. L’histoire de Sojan est basique. Un héros costaud, avec des armes, cherche l’aventure. Comme dit l’expression populaire, l’histoire « ne casse pas trois pattes à un canard » mais on lit déjà les bases du style de Moorcock. La simplicité n’est pas un défaut. L’auteur s’est beaucoup inspiré de Burroughs (le papa de Tarzan) et reproduit son style.

Moorcock quitta l’Angleterre pour la France et y fit ses premières armes. Il écrivait des textes et des livres pour gagner de quoi survivre. Il publia le cycle du Guerrier de mars et bien vite les premières aventures d’Elric.

Moorcock, le songe du comte Aubec

Plutôt que de vous parler de La Cité qui rêve, la fameuse nouvelle qui a lancé le sorcier-barbare-albinos le plus célèbre de la Sword and Sorcery, je vais revenir sur une autre nouvelle de Moorcock écrite bien après : le songe du comte Aubec.

Comme pour Tolkien, Moorcock remonte aux sources et explique la création de son univers, ou du moins d’un bout de l’univers. Avant la Chine et l’Inde, plusieurs civilisations se succédèrent et bien avant encore Melniboné régna sur le monde. Et avant ?

On suit le comte Aubec dans une aventure aux confins du monde. Il doit affronter une sorcière qui vit au bord du chaos pour s’emparer de son château, dernier point du monde connu à conquérir. La nouvelle suit le déroulement d’un Donjon et dragon pour un aventurier de niveau 5 à 10. Le héros affronte quelques monstres, des illusions et un golem.

La sorcière propose alors au comte bien plus que son château : de nouvelles terres. Car le Chaos bouillonnant qu’on aperçoit depuis la fenêtre pourrait se transformer et donner de nouveaux pays, de nouvelles civilisations.

Précisons rapidement que l’univers de Moorcock ne se définit pas par l’affrontement du bien et du mal mais par l’opposition de la Loi et du Chaos, ce dernier étant plus considéré comme une force créative.

Aubec accepte le marché et la nouvelle le quitte au moment où il s’engage sur ce nouveau continent inconnu. D’après le narrateur, les nouveaux pays apparus possèdent déjà leur civilisation et leurs souvenirs. Et c’est extraordinaire ! Moorcock crée du passé à rebours, à la manière d’un écrivain, mais ici comme un démiurge. L’Histoire se n’écrit pas de manière linéaire, à la manière d’une flèche (ou à la manière d’un cercle), mais comme une double flèche. Plus les héros avancent dans le temps, dans l’aventure, et le plus le passé s’écrit derrière eux.

Leave a Reply