Le langage est-il le propre de l’homme ?0

Posted on juin 17th, 2012 in En terminale

Dissertation : Le langage est-il le propre de l’homme ?

 

Attention ! Je glisse des connaissances historiques qui ne sont pas nécessaires en dissertation. Je précise parfois l’origine exacte d’une citation. On n’attend pas d’un élève de terminale qu’il connaisse ce genre de détail. Vous devez juste connaître le nom de l’auteur, sa thèse et le titre de l’ouvrage.

Ceci est une version destinée aux TS SVT. Les autres filières ne possèdent pas forcément des connaissances précises sur les animaux mentionnés.

 

Introduction

Amorce : Les singes vervets utilisent des signaux adaptés aux prédateurs.

Définir les termes (mais pas une définition de dictionnaire) : langage, propre, homme.

Problématisation (montrer quel problème se pose et pourquoi il se pose)

Problématique : Le langage est-il le propre de l’homme ?

Enjeux : Définir l’humain au moyen du langage.

 

 

Introduction rédigée

 

Les singes vervets[1], étudiés par Dorothy Cheney et Robert Seyfarth, sont capables d’émettre un signal selon le danger repéré. On sait qu’ils alertent leurs congénères de la présence d’un prédateur en émettant trois vocalisations distinctes, renvoyant l’une au léopard, l’autre à l’aigle, la dernière au python. Dans le premier cas, les vervets courent se réfugier près d’un arbre et se tiennent prêts à y monter, dans le deuxième cas ils cherchent un buisson où se cacher, dans le troisième cas ils se mettent debout sur leurs pattes de derrière et regardent vers le bas. Dans la jungle, si un prédateur vient à s’approcher, les singes réagissent.

Ceci pourrait nous inciter à penser que les animaux possèdent un langage comme les humains. Pourtant l’animal est traditionnellement considéré comme un être inférieur.

Aristote dans le sixième chapitre du deuxième livre de la Rhétorique écrit que « la honte est dans les yeux » or « personne n’a honte devant des enfants ou des bêtes ». Averroès ajoute dans son Commentaire moyen à la Rhétorique d’Aristote « avec les animaux on peut se mettre tout à fait à son aise : nulle crainte qu’ils aillent raconter ce dont ils ont été les témoins. » Tous les peuples humains possèdent au moins une langue (latin, grec, français, anglais, japonais, etc.). En revanche, on n’a jamais vu un animal dénoncer un crime. Ils sont capables d’exprimer des émotions (joie, peur, envie) mais peut-on qualifier leur système de communication de langage ? Pourquoi n’ont-ils jamais parlé dans les cas extrêmes ? A l’inverse Ovide rapporte dans ses Métamorphoses le mythe de Philomèle. Procné, son beau-frère, la viole, lui tranche la langue et la fait enfermer dans une bergerie pour qu’elle ne dise rien. Philomèle parviendra malgré tout à avertir sa sœur en tissant une toile. Quand l’humain veut communiquer il trouve toujours un moyen.

            Le problème se pose de savoir si on peut parler d’un « langage » animal, compris comme un système de signes permettant l’expression et la communication, ou s’il faut au contraire distinguer un langage « spécifique » à l’homme. L’être humain est un animal, au sens biologique, mais il s’agit ici de le comparer aux autres animaux pour mieux le définir.

            Le langage est-il le propre de l’homme ?

 

1)     Non, il existe aussi une Communication animale.

Pour le sens commun le langage est le propre de l’homme puisque :

–         Tous les peuples ont une langue.

–         On ne discute pas avec les animaux.

 

Mais il ne faut pas s’arrêter à ces réflexions qui témoignent d’une fausse évidence. Montaigne défend l’idée suivante dans le douzième chapitre du deuxième tome des Essais : ce n’est pas que les animaux n’ont pas de langage, c’est que nous ne les comprenons pas. L’humain est orgueilleux. Sous prétexte qu’il ne comprend pas ce que disent les animaux, il en conclut que les animaux ne parlent pas. Mais pourrions-nous prétendre que les chinois ou les indiens ne parlent pas sous prétexte que nous ne les comprenons pas ? Assurément non. Il faut donc se pencher sur la question d’une communication animale.

a.      Dauphins et oiseaux : communiquer pour communiquer.

Les dauphins et les oiseaux semblent capables de communiquer pour communiquer, c’est-à-dire qu’ils sont capables de communiquer sans chercher à transmettre une information. Ceci correspondrait assez bien à ce que Jakobson décrivait comme la fonction phatique du langage humain (nous disons « allô », « bonjour » sans but précis si ce n’est maintenir le lien avec les autres humains).

On sait que l’expression gestuelle, faciale ou vocale des émotions modalise la plupart du temps les interactions entre partenaires ainsi le grognement du chien est l’expression de son agressivité, mais inséparablement un avertissement à l’égard de l’intrus

Joëlle Proust avance, dans Les animaux pensent-ils ?, que le chant des oiseaux, comme celui des grands mammifères marins, se laisse clairement ordonner sur l’axe des régulations sociales et des réassurances du lien entre congénères. Ce qu’on en sait pour l’instant les situe en effet du côté d’une logique « duelle » (d’individu à individu) et non « tierce » ou « sémantique » (un individu en informant un autre sur un état du monde).

Charles Hartshorne ajoute, dans Born to Sing : An interpretation and World Survey of Bird Song, que l’oiseau chanterait pour attirer les femelles de même espèce et marquer son territoire, les dauphins « signeraient » leur présence par des sifflements à la fois reconnaissables en leur structure générale, et variables en leurs modalisations individuelles ; enfin le chant des baleines, construit en séquences phonétiques à la fois typiques et individualisées, semble remplir également des fonctions sexuelles et territoriales. La dimension sociale du phénomène se repère du reste dès la phase de l’apprentissage, comme on voit avec le « préchant » (subsong) des oisillons, ce chant immature comparable au babil de l’enfant, et que seule l’imitation d’un « tuteur » peut mener vers sa forme adulte et fonctionnellement efficace.

Enfin Jean-Marc Ferry conclut, dans Les Grammaires de l’intelligence, que l’existence de dialects propres à une population donnée conforte l’idée que c’est ici la transmission “culturelle” qui actualise en le variant le pattern vocal génétiquement hérité. Mais au-delà des fonctions du chant, comme au-delà du processus de la transmission, il faudrait dire que c’est  l’accomplissement même du chant qui est relationnel. Les duos entre congénères mâles représentent sans doute la forme la plus spectaculaire de cette « communication pure ». Véritables duels où chacun répond à la séquence de l’autre par une imitation qui est en même temps un perfectionnement libre. Au-delà des fonctions précises dévolues à ce type d’échanges (identification du congénère à partir de sa « signature vocale », évaluation des performances musicales dans la lutte pour la reproduction) se laisse pressentir un effet d’entraînement réciproque, sinon d’ « entertainment ».

Véritable création continuée du lien social qu’on pourrait comparer à la protoconversation des nourrissons : « C’est en imitant les petits enfants, non en se faisant imiter par eux, qu’on suscite de leur part le plus de « réponses ». Ils n’ont pas besoin pour cela du face-à-face. Au contraire : il leur est plus naturel de poursuivre leur périple, tout en donnant par intermittence des signes qui ont tout l’air destinés à maintenir un contact permanent et discret. En même temps, les échos qu’on leur en fait pour confirmer ce contact réalisent des variations susceptibles d’infléchir les modulations premières et d’enrichir ainsi le registre des signes partagés ».

Ce serait donc une impulsion directement mimétique et amoureuse qui présiderait à ces échanges, échanges purs, échanges pour l’échange, que les cétologues du reste connaissent bien lorsque s’instaure entre eux et leurs dauphins un système d’échos gestuels apparemment gratuit. « Avec un enthousiasme ludique manifeste, les animaux reproduisaient fidèlement les mouvements des hommes, offrant un spectacle dans lequel on ne saurait s’empêcher de voir l’expression d’un bonheur partagé : le pur bonheur de la communication pure ».

            Ces études nous permettent d’envisager un système de communication, qu’on ne soupçonnait pas, néanmoins on ne peut parler de « langage » puisque ces espèces ne communiquent pas des informations complexes comme le font les humains.

b.     Abeilles : communiquer une information précise.

Il faut alors ajouter que d’autres animaux sont capables via leur « langage » de transmettre des informations précises. Ainsi les recherches de Von Frisch ont prouvé une sorte de communication chez les abeilles. La danse sert aux abeilles à renseigner leurs compagnes sur leurs trouvailles et à les y guider par des indications portant sur la direction et sur la distance.  Le sens commun parle alors du « langage des abeilles ».

Pourtant Emile Benveniste dans ses Problèmes de linguistique générale (pages 59-62 de l’édition Gallimard) a pointé sept différences avec le langage humain.

–         N’étant pas vocale mais gestuelle, la communication chez les abeilles s’effectue nécessairement dans des conditions qui permettent une perception visuelle, sous l’éclairage du jour ; elle ne peut avoir lieu dans l’obscurité. Le langage humain ne connait pas cette limitation.

–         Une différence capitale apparaît aussi dans la situation où la communication a lieu. Le message des abeilles n’appelle aucune réponse de l’entourage, sinon une certaine conduite, qui n’est pas une réponse. Cela signifie que les abeilles ne connaissent pas le dialogue, qui est la condition du langage humain.

–         Le message d’une abeille ne peut être reproduit par une autre qui n’aurait pas vu elle-même les choses que la première annonce.

–         L’abeille ne construit pas de message à partir d’un autre message. Chacune de celles qui, alertées par la danse de la butineuse, sortent et vont se nourrir à l’endroit indiqué, reproduit quand elle rentre la même information, non d’après le message premier, mais d’après la réalité qu’elle vient de constater. Or le caractère du langage est de procurer un substitut de l’expérience apte à être transmis sans fin dans le temps et l’espace, ce qui est le propre de notre symbolisme et le fondement de la tradition linguistique.

–         Il sera facile d’observer que le contenu du message se rapporte toujours et seulement à une donnée, la nourriture, et que les seules variantes qu’il comporte sont relatives à des données spatiales. Le contraste est évident avec l’illimité des contenus du langage humain.

–         De plus, la conduite qui signifie le message des abeilles dénote un symbolisme particulier qui consiste en un décalque de la situation objective, de la seule situation qui donne lieu à un message, sans variation ni transposition possible. Or, dans le langage humain, le symbole en général ne configure pas les données de l’expérience, en ce sens qu’il n’y a pas de rapport nécessaire entre la référence objective et la forme linguistique.

–         Le message des abeilles ne se laisse pas analyser (il est indécomposable).

Benvéniste peut alors conclure que le « langage des abeilles » n’est pas un langage mais juste un code de signaux.

c.      Les Primates peuvent mémoriser quelques mots humains.

On pourrait alors finir par l’étude des primates dont on dit qu’ils sont les animaux les plus proches de l’homme. Les chimpanzés sont capables d’utiliser des objets et une forme de technique alors pourquoi pas le langage ? Anne Christophe recense dans le  chapitre « L’apprentissage du langage (les bases cérébrales du langage) », dans Le Cerveau, Le langage, le Sens, différentes expériences menées sur de jeunes primates.

On n’a jamais trouvé de culture humaine, aussi isolée soit-elle, qui ne possède pas de langage. A l’inverse, toutes les expériences menées sur des primates n’ont pas abouti à l’apprentissage d’un langage. Aucun langage permettant de formuler un nombre infini de phrases à partir d’un nombre fini de « mots ». L’aspect productif du langage (capacité à combiner des mots pour former de nouveaux sens) n’apparaît jamais chez les primates. Ils peuvent mémoriser quelques dizaines de mots mais n’ont pas cette capacité à combiner des mots pour créer une infinité d’énoncés.

            Faut-il alors renoncer à trouver un animal capable de converser avec nous ?

d.     Les Perroquets imitent la voix humaine.

Les perroquets sont capables d’imiter la voix humaine. Ne peut-on pas affirmer qu’ils possèdent la « parole » ? Descartes refuse dans sa lettre du 23 novembre 1646 au marquis de Newcastle de reconnaître le langage des perroquets. Ils ne parlent pas à propos des choses qui se présentent. Ils répètent. Ainsi pourrait-on les comparer aujourd’hui à des dictaphones qui enregistrent et répètent (sans connaître le sens de ce qu’ils répètent).

Transition : Les différents animaux étudiés présentent quelques caractéristiques du langage humain mais on ne rencontre aucun « langage » animal qui possède la complexité du langage humain. Ceci nous permet de mieux comprendre ce que le langage humain a de spécifique mais pouvons-nous arrêter là la comparaison ? Au lieu de comparer l’humain à des êtres jugés, par la tradition, « inférieurs », ne faudrait-il pas le comparer avec des créatures « supérieures » avant d’affirmer que le langage est le propre de l’homme ?

 

2)     Non, car Dieu est le Verbe.

a.      Dieu est verbe

Selon le livre de la Genèse, le Dieu unique des Juifs et des Chrétiens aurait créé l’univers par la Parole. « Que la lumière soit et la lumière fut ». A supposer que Dieu existe, on ne peut plus prétendre que le langage est le propre de l’homme puisque Dieu possède également la parole.

Selon l’incipit de l’Evangile selon St-Jean, au commencement la parole était avec Dieu. « La parole » ou « le verbe » selon les traductions, sous-entendu le logos stoïcien. Si on suppose que l’évangile de St-Jean parle de Jésus, comme les trois autres évangiles synoptiques, on doit interpréter cette « Parole » comme étant Jésus lui-même.

L’hypothèse religieuse invaliderait donc notre hypothèse.

b.     Mais Dieu est au-delà du langage : théologie négative

Mais Dieu est-il concerné par le langage ?

Une tradition mystique a développé au Moyen âge une théologie négative. L’idée est la suivante : on ne peut pas parler de Dieu puisque Dieu excède le langage. Je ne peux dire de Dieu qu’une chose : ce qu’il n’est pas. Il n’est pas carré, pas fini, pas mauvais, pas mortel. Il n’est pas. Je ne peux parler de Dieu que sur le mode de la négation.

Comme l’expliquait Deleuze dans son cours du 27 janvier 1981 : L’existence est un prédicat inférieur. Si on dit qu’il existe, oui mais éminemment (en un sens supérieur). On ne peut dire de Dieu qu’il est bon puisqu’il est au-delà de la bonté. Ce qu’il n’est pas c’est aussi ce qu’il est : il est éminemment. Ce qu’il n’est pas, il l’est éminemment (en un sens supérieur).  Il existe en un autre sens que toutes les autres existences que me présente le monde. Dieu n’est pas bon. Il n’est pas bon, il est éminemment bon : toutes les bontés de la Terre ne nous en donnent qu’une vague idée.

Il découle de cette théorie que si on croit à l’existence de Dieu, en tant qu’être infini (ou être suréminent), on ne peut pas en parler. Dieu excèderait le langage. Donc ce que nous nommons « langage » ne conviendrait pas non plus à Dieu (et de ce fait l’usage serait limité aux humains).

c.      Dieu, invention du langage

On peut également opposer une critique athée à cette conception religieuse. Rien ne prouve que Dieu existe.

Selon Nietzsche, dans le Crépuscule des idoles, Dieu serait une invention du langage. En effet, l’humain aurait inventé une série d’abstractions au point d’inventer une entité abstraite.

Transition : Nous arrivons donc à la conclusion que le « langage » tel que nous le définissons ne concerne ni les animaux ni Dieu, et serait logiquement réservé à la classe des hommes.

 

3)     Oui, le langage est le propre de l’homme

a.      Distinct de Dieu et des animaux. Des fonctions spécifiques (qui témoignent peut-être de la raison)

Descartes défend la thèse que le langage est le propre de l’homme dans sa Lettre du 23 novembre 1646 au marquis de Newcastle. Le langage, en tant qu’expression de la pensée est propre à l’homme puisque l’homme a une âme qui a des pensées. Les animaux peuvent seulement copier un pseudo-langage par dressage.

Ensuite Descartes réfute les arguments de Montaigne. Si les animaux sont capables de nous communiquer leurs passions, pourquoi ne pourraient-ils pas nous communiquer leurs pensées ? En effet un chien peut très bien nous exprimer sa joie, sa peur, sa tristesse ou son envie de jouer. Pourquoi ne trouve-t-il pas un moyen de nous parler de mathématiques, de paix, d’art ou de vacances ?

            Le langage humain serait l’expression de la pensée.

Benveniste dans ses Problèmes de linguistique générale (pages 27-30 de l’édition Gallimard) présente le langage comme essence de l’homme. Il faut distinguer le signal (cri, son) du symbole. L’animal obéit à la parole parce qu’il a été dressé à la reconnaître comme signal ; mais il ne saura jamais l’interpréter comme symbole. Pour la même raison, l’animal exprime ses émotions, il ne peut les dénommer.

            La pensée n’est pas un simple reflet du monde ; elle catégorise la réalité, et en cette fonction organisatrice elle est si étroitement associée au langage qu’on peut être tenté d’identifier pensée et langage à ce point de vue.

Enfin on pourrait conclure par le mystère présenté par le linguiste Noam Chomsky dans Réflexions sur le langage : Comment peut-on apprendre à parler à partir d’un nombre d’énoncés fini ? Aux quatre coins de la planète, des enfants apprennent à parler une langue en entendant des gens parler. Comment expliquer que l’humain comprenne une langue (avec toute sa complexité, ses règles de syntaxe et de grammaire) sinon que l’humain possède une prédisposition innée pour apprendre le langage ?

Conclusion

(En temps normal, il est inutile de rédiger une introduction interminable. Si vous avez des arguments ou des réflexions pertinentes, placez-les dans le développement. Toutefois il peut être intéressant de montrer les enjeux dans la conclusion, comment le sujet traité se répercute sur d’autres sujets. Je me permets ici de détailler la question pour montrer aux élèves ce que j’appelle « creuser »)

Plus que le langage c’est la culture ou la raison qui définit l’humain.

Condillac a écrit : « Il serait peu curieux de savoir ce que sont les bêtes [] si ce n’était un moyen de connaître mieux ce que nous sommes. » L’homme est l’objet réel du discours sur l’animal parce que ce dernier n’est pris en vue qu’en tant que sa nature est susceptible d’éclairer celle de l’homme, en distinguant en l’homme ce qui est proprement humain de ce qui lui est commun avec l’animal.

Ainsi que l’explique Marcel Detienne dans l’invention de la mythologie les mythes parlent des hommes. Face aux critiques (l’immoralité des mythes) Théagène, le porte-parole des poètes, aux environs de 510, est un des premiers apologètes de l’Illiade. Son système de défense est fondé sur ce que Porphyre appelle l’allégorie, mais que Platon désigne par sous-entendu.

L’objet réel du discours sur les dieux…c’est encore l’homme !



[1] Dorothy Cheney et Robert Seyfarth, How Monkeys See the World

 

Comments are closed.

Leave a Reply