Chronique n°53 : 3 FI sur les lanceurs d’alerte0

Posted on février 22nd, 2019 in LITTÉRATURE

Les dernières années ont été peu tendres pour les lanceurs d’alerte. Ces employés de société tentent d’alerter la société civile ou les représentants de la loi sur les pratiques immorales voire parfois complètement illégales de grandes compagnies ou d’états.

Si les films présentent les lanceurs d’alerte sous un jour favorable, en réalité ils ne sont guère récompensés pour la prise de risque, voire parfois persécutés pour avoir révélé la vérité.

Ce thème des „lanceurs d’alerte“ est au centre de trois fictions interactives que je chronique aujourd’hui.

L’affaire Colossi“ d’Hugo Labrande, aux éditions Readiktion.

Vous êtes employé dans une grande compagnie. Vous découvrez des éléments perturbants. Allez-vous prendre le risque de les révéler au grand public ou conserver le secret pour en tirer parti ?

Une FI qui interroge les conséquences des choix.

Ceux qui ont l’habitude de jouer aux fictions interactives d’Hugo (Kébab hanté, Life on Mars, etc.) seront peut-être surpris par le changement de style. L’auteur a l’habitude de travailler avec des paragraphes courts pour un mode de jeu dynamique mais pour l’affaire Colossi il a opté pour un format plus proche du livre avec des paragraphes plus longs et des constructions par scène, en axant les interactions sur des choix moraux plutôt que sur des actions.

Somewhere : The Vault Papers“, par le studio Norseman Interactive, édité par Playdius.

Est-ce une erreur ? Une certaine Cat vous contacte sur votre smartphone pour réclamer votre aide. Poursuivie par de mystérieux hommes en noir, elle détient des informations cruciales.

Présenté sous la forme d’un lifeline like, le jeu Somewhere ne met pas le joueur dans la peau du lanceur d’alerte mais plutôt son adjuvant puisqu’il vous faudra aider Cat à rester en vie (ce qui n’est pas toujours aisé). Le lanceur d’alerte est ici le thème qui donne un sens et un but au jeu.

L’équipe a émaillé l’histoire de mini-jeux comme par exemple identifier un itinéraire sur le google map d’une ville allemande. Comme pour Lifeline, des temps d’attente entre les messages ajoutent un aspect réaliste à l’intrigue : il vous faudra parfois patienter un moment pour savoir si le conseil donné à Cat a donné des résultats positifs.

La petite main“ d’Hugo Labrande, aux éditions Readiktion

Se déroulant dans le même univers que L’affaire Colossi, la nouvelle interactive d’Hugo Labrande permet d’incarner, cette fois, une autre employée de l’entreprise incriminée, la secrétaire Guislaine. Cela permet de varier les points de vue sur une même intrigue.

Ce côté „polyphonique“ de l’intrigue donne un aspect „série télé“ à l’intrigue d’Hugo Labrande.

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Comme Hugo Labrande et l’équipe de Somewhere semblent partager un grand intérêt pour les lanceurs d’alerte, il serait intéressant de voir le résultat si ces deux équipes mettaient leurs forces en commun sur un prochain jeu.

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« L’affaire Colossi » au théâtre !  (MAJ du 28/03/2019)
« L’affaire Colossi », a servi de base et d’inspiration pour un spectacle d’improvisation théâtrale qui a eu lieu à Nancy. Alexandre Eber est un improvisateur messin, qui se fait aussi enfermer dans des escape rooms, et crée aussi des évènements et des murder parties – en fait, il en a fait son métier. Il a lu « L’affaire Colossi », et s’en est inspiré pour faire un spectacle d’improvisation, qu’il a nommé SYSTEM, sur le thème des lanceurs d’alerte et des choix cornéliens.
Les improvisateurs étaient la troupe des PEP’S. Le scandale qui a été choisi était qu’un colorant mortel avait contaminé des jouets pour enfants ; les PEP’S ont ensuite mis en scène pendant 45 minutes la découverte de ce scandale et ses conséquences. À plusieurs reprises, Alexandre a interrompu l’improvisation pour demander au public de choisir entre deux choix pour le personnage principal – comme dans une fiction interactive !

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