Le cross media français0
Après le cross media japonais, attaquons-nous à la version locale.
Les Français savent-ils développer des univers sur différents supports?Oui. Les sociétés Ubisoft et Ankama construisent leurs univers en suivant cette stratégie. Vous pouvez voir Prince of Persia ou Dofus au cinéma et monter dans l’attraction des Lapins Crétins au Futuroscope. Et des licences disposant d’un budget moindre comme Kaamelot ou les Ombres d’Esteren ont également réussi à essaimer sur différents médiums. La France n’est pas complètement fermée à l’idée.
J’ai écrit de nombreuses fanfics dans ma jeunesse donc le passage d’un format à l’autre (manga/série/film -> écrits/film/série) me paraît naturel. J’ai également contribué à différents projets cross comme le film Noob, le CM de Julie de Waroquier et le jeu vidéo d’Esteren. Face à l’étroitesse d’esprit de certains producteurs, les créatifs font appel au financement participatif et le peuple français soutient certaines initiatives.
J’ai l' »intuition » que le transmédia sera une clé dans l’évolution de l’écrit:
Ces dernières années j’ai rédigé plusieurs nouvelles d’après les univers de jeux vidéo: Sim Hero, Aëdemphia (avec l’autorisation de Sylvanor), et Ronin de Bulwark.
Ma nouvelle sur Epic Quest for Mighty loot passera dans Nouveau Monde, et deux autres sur des personnages de Crowntakers arrivent pour 2016. Et inversement nous avons conçu un petit jeu vidéo, la Onzième horde, inspiré par le roman de Damasio.
Les retours sont positifs. Sylvanor a bien aimé mon extension de son univers. Le studio Bulwark a également apprécié mes ajouts. Ubisoft a offert une cartouche à Yué qui a réalisé l’illustration de la nouvelle (et ils m’ont oublié :p). Enfin Folio SF a publié notre jeu sur leur site.
Comme je le disais dans mon précédent article, les Japonais ont une longue tradition de cross-media et n’hésitent pas à créer. J’ai parfois l’impression qu’en France ce serait sacrilège de mêler les genres… Certains croient encore en 2016 que le jeu vidéo est un médium grossier et méprisable tandis que la littérature serait « snob ». Pourtant cela me semblerait pertinent de créer des univers qui se déclinent sur plusieurs supports.
Nous avons en France des écrivains talentueux (Anthony Boulanger, Fabien Clavel ou Adrien Thomas), des auteurs de BD (Péru) ou des dessinatrices de manga (Aerinn) qui ont des « univers » ou des « histoires » à conter et qui mériteraient des adaptations en jeu vidéo. Pas forcément des triple A à 100 millions, mais si les éditeurs pouvaient envisager d’investir 100 000 pour financer un bon petit jeu mobile, ce serait une première étape.
Pour aller plus loin: cet article était juste un billet d’humeur, si vous êtes vraiment intéressé par le sujet je consacre vingt pages de ma thèse de doctorat à l’analyse de la stratégie créative d’Ubisoft.
Et si vous vous interrogez sur le choix des illustrations c’est parce que nous préparons peut-être un deuxième jeu développant un univers de l’écrivain Anthony Boulanger…
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