Nietzsche: Le sujet conscient : une fiction grammaticale0

Posted on novembre 23rd, 2012 in En terminale

« Il est pensé : donc il y a un sujet pensant », c’est à quoi aboutit l’argumentation de Descartes. Mais cela revient à poser comme « vraie a priori » notre croyance au concept de substance : dire que s’il y a de la pensée, il doit y avoir quelque chose qui pense, ce n’est encore qu’une façon de formuler, propre à notre habitude grammaticale qui suppose à tout acte un sujet agissant. Bref, ici déjà on construit un postulat logique et métaphysique, au lieu de le constater simplement… Par la voie cartésienne on n’arrive pas à une certitude absolue, mais seulement à constater une très forte croyance. Continue Reading

Leibniz: L’identité morale de la personne0

Posted on novembre 23rd, 2012 in En terminale

Je ne voudrais point dire non plus que l’identité personnelle et même le soi ne demeurent point en nous et que je ne suis point ce moi qui ai été dans le berceau, sous prétexte que je ne me souviens plus de rien de tout ce que j’ai fait alors. Il suffit pour trouver l’identité morale par soi-même qu’il y ait une moyenne liaison de conscienciosité d’un état voisin ou même un peu éloigné à l’autre, quand quelque saut ou intervalle oublié y serait mêlé. Ainsi, si une maladie avait fait une interruption de la continuité de la liaison de conscienciosité, en sorte que je ne susse point comment je serais devenu dans l’état présent, quoique je me souviendrais des choses plus éloignées, le témoignage des autres pourrait remplir le vide de ma réminiscence. On me pourrait même punir sur ce témoignage, si je venais de faire quelque mal de propos délibéré dans un intervalle, que j’eusse oublié un peu après par cette maladie. Et si je venais à oublier toutes les choses passées, et serais obligé de me laisser enseigner de nouveau jusqu’à mon nom et jusqu’à lire et écrire, je pourrais toujours apprendre des autres ma vie passée dans mon précédent état, comme j’ai gardé mes droits, sans qu’il soit nécessaire de me partager en deux personnes, et de me faire hériter de moi-même. Et tout cela suffit pour maintenir l’identité morale qui fait la même personne.

LEIBNIZ, Nouveaux essais sur l’entendement humain, Livre II, chap27

Locke: La conscience, principe de l’identité personnelle0

Posted on novembre 23rd, 2012 in En terminale

Il n’y a que la conscience qui puisse unir en une même personne des existences éloignées, et non l’identité de substance. Car, quelle que soit la substance, quelle que soit sa structure, il n’y a personne sans conscience : [ou alors] un cadavre pourrait être une personne, aussi bien que n’importe quelle substance sans conscience. Continue Reading

Descartes : je suis, j’existe0

Posted on novembre 23rd, 2012 in En terminale

Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa place et le transporter en un autre lieu, ne demandait rien qu’un point qui fût fixe et assuré. Ainsi j’aurai droit de concevoir de hautes espérances, si je suis assez heureux pour trouver seulement une chose qui soit certaine et indubitable.

Continue Reading

Nietzsche: Pourquoi vouloir ne pas tromper ?0

Posted on novembre 23rd, 2012 in En terminale

La volonté de vérité, une volonté de mort ?

« Donc la foi dans la science, cette foi qui existe en fait d’une façon incontestable, ne peut avoir son origine dans un calcul utilitaire ; elle a dû se former au contraire malgré le danger et l’inutilité de la « volonté de vérité », malgré le danger et l’inutilité de la « vérité à tout prix », danger et inutilité que la vie démontre sans cesse. (Vérité « à tout prix » ! Nous savons trop bien ce que c’est, nous ne le savons hélas que trop, quand nous avons offert sur cet autel, et sacrifié de notre couteau, toutes les croyances, une à une !)

« Vouloir la vérité » ne signifie donc pas « vouloir ne pas se laisser tromper », mais, – et il n’y a pas d’autre choix- : « vouloir ne pas tromper les autres ni soi-même », ce qui nous ramène dans le domaine moral.

Qu’on se demande sérieusement en effet : « Pourquoi vouloir ne pas tromper ? », surtout s’il semble – et c’est bien le cas ! – que la vie soit montée en vue de l’apparence, j’entends qu’elle vise à égarer, à duper, à dissimuler, à éblouir, à aveugler, et si, d’autre part, en fait, elle s’est toujours montrée sous son plus grand format du côté des fourbes (polytropoi) les moins scrupuleux ? Interprété timidement, ce dessein de ne pas tromper peut passer pour donquichotterie, petite déraison d’enthousiaste ; mais il se peut qu’il soit aussi quelque chose de pire : un principe destructeur ennemi de la vie… « Vouloir le vrai » ce pourrait être, secrètement, vouloir la mort. »

Nietzsche, Le Gai Savoir (1881-1887), § 344, trad. A. Vialatte

 

← Older posts  Newer posts →