Chronique 15: Sapkowski, Le Sorceleur0

Posted on septembre 15th, 2013 in LITTÉRATURE

Sapkowski, Le sorceleur

Pour changer des milliers d’auteurs anglo-saxons, on peut lire de la fantasy continentale, française, allemande, italienne voire polonaise.

C’est avec cette nouvelle, Le sorceleur, que Sapkowski se fait connaître et qu’il crée son héros Géralt de Riv (qui aura droit à son adaptation en série télé et en jeux vidéos sous le nom de Witcher).

Les premières aventures sont rédigées sous forme de nouvelles (vous les trouverez en recueils chez Bragelonne) et suivent généralement un schéma simple : le héros cherche un monstre et le tue. Sapkowski a ensuite repris son personnage pour écrire une vraie saga de fantaisy en cinq volumes avec un héros, une archère, un guérisseur, un guerrier, un nain, etc.

Résumé : Le sorceleur Geralt de Riv est embauché pour une mission : détruire une stryge. Il s’avère que le monstre est en réalité la princesse du coin frappée d’une malédiction. Certains aimeraient que l’héritière trouve la mort mais Geralt n’est pas le tueur de monstres dépourvu de cervelle qu’on croit.

Com : Je vais manquer d’adjectifs laudatifs pour qualifier l’œuvre de Sapkowski tellement je suis fan. Le sorceleur, la première nouvelle, est déjà un petit bijou. Bien écrit. Le style est limpide. L’action prenante. Le personnage principal rappelle Elric et Conan, de par son côté héros solitaire. J’ai plutôt envie de la comparer à Loup solitaire le héros de Joe Dever, d’abord parce que son surnom est « loup blanc », parce qu’il est solitaire ensuite et surtout parce qu’il cumule plusieurs talents. Geralt use de sa tête, de ses muscles, de ses glaives, de ses potions, de ses artefacts, de sa magie et même de virii pour affronter les monstres. Vive le dopage !

Sapkowski aime détourner les Contes de fées dans les premières aventures du sorceleur et on apprécie. Le lecteur doté d’une solide culture classique sera plié de rire en opérant les connexions tout au long du texte. Je ne donne pas d’exemple, ce serait gâcher le suspense.

Sapkowski est polonais et ça se voit. Je ne veux pas faire une lecture contextualisante de son œuvre mais c’est criant. Même si l’auteur adopte des positions très modernes sur la question de la liberté sexuelle ou de l’avortement (alors que la Pologne est un pays très catholique et assez conservateur), l’esprit polonais déborde. Pour ceux qui ne connaissent pas du tout ce formidable pays, je vais rappeler que la Pologne a été envahie à la fois par les Nazis et par les Communistes. Ils ont eu la peste ET le choléra. Du coup, les Polonais sont moins douillets que les Français, on ne les voit pas se plaindre pour tout et n’importe quoi. Cet « esprit » se ressent dans le personnage de Geralt (et chez ses compagnons). Il est conscient de ses capacités mais extrêmement modeste. Le sorceleur ne se plaint jamais, même s’il est à moitié mort. Le héros fait passer le bien avant tout.

On mentionne à plusieurs reprises deux camps qui se font la guerre : les royaumes libres (mais égoïstes calculateurs) et l’empire des méchants au nord. Ce serait un peu facile de faire le rapprochement avec l’Histoire de la Pologne. Le héros ne prend pas parti. La guerre est un danger en soi. La série échappe très vite au manichéisme affiché d’entrée pour se recentrer sur qui est vraiment important : sauver la demoiselle en détresse.

Leave a Reply