Freud: Que révèle le rêve ?0
Non les signes d’un hypothétique au-delà, mais des désirs inavoués. Le rêve est le message codé venu de l’intériorité du dormeur, qu’on ne comprendra qu’en défaisant par l’analyse ce qu’a réalisé un travail inconscient.
Une autre fois, je suis assis dans un wagon et tient sur mes genoux un objet qui a la forme d’un chapeau haut de forme, mais qui est en verre transparent. La situation me fait penser tout de suite au dicton : « Mit dem Hute in der Hand kommt man durchs ganze Land. » Le haut-de-forme de verre me rappelle, par un bref détour, le bec Auer, et je sais bientôt que j’aimerais faire une découverte qui me rendrait aussi riche et indépendant que mon compatriote, le Dr Auer von Welsbach, l’est devenu par la sienne, et qu’alors je voyagerais au lieu de demeurer à Vienne. Dans le rêve, je voyage avec mon invention – le haut-de-forme de verre, qui n’est certes pas encore d’usage courant. – Le travail du rêve affectionne tout particulièrement de figurer par la même formation composite deux représentations qui s’opposent : ainsi, par exemple, une femme qui se voit porter en rêve une haute tige de fleur, ainsi qu’on figure l’ange dans les tableaux de l’Annonciation (innocence – Marie est le nom de cette femme), mais la tige est garnie de grandes fleurs blanches, qui ressemblent à des camélias (contraire de l’innocence : la Dame aux camélias).
Une bonne partie de ce que nous venons de dire sur la condensation du rêve peut se résumer dans cette formule : chaque élément du contenu du rêve est surdéterminé par le matériel des pensées du rêve, il ne dérive pas d’un seul élément des pensées du rêve mais de toute une série d’entre eux, lesquels n’ont nullement besoin d’être proches les uns des autres dans les pensées du rêve mais peuvent appartenir aux domaines les plus divers du tissu des pensées.
FREUD, Sur le rêve
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