Sextus empiricus: les sens ne peuvent juger des objets extérieurs0
En fait la vue, même dans son état naturel, dit de la [même] tour tantôt qu’elle est ronde, tantôt qu’elle est carrée ; le goût dit des mêmes aliments qu’ils sont déplaisants dans le cas de gens rassasiés et agréables dans le cas de gens affamés ; de même, l’ouïe saisit le même son intense pendant la nuit et assourdi pendant le jour ; à l’odorat il semble que les mêmes choses sont malodorantes pour la plupart des gens et ne le sont pas du tout pour les tanneurs ; et le même toucher nous donne une impression de chaleur quand nous entrons dans un établissement de bains par la galerie et de froid quand nous en sortons. C’est pourquoi, puisque les sens entrent en conflit entre eux même quand ils sont dans un état naturel, et que leur désaccord est indécidable, et puisque nous ne possédons pas de critère pour les juger sur lequel on soit d’accord, il s’ensuit nécessairement les mêmes difficultés. […] Il n’est donc sans aucun doute pas vrai que le sens seul puisse juger des objets extérieurs.
SEXTUS EMPIRICUS, Esquisses pyrrhoniennes, II, §54-56
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