Corrigés du bac blanc TL 20150
Corrigés des sujets du bac blanc 2015 pour Digoin
Les notes vont de 0 à 17. Moyenne de classe TL à 8.
Sujet 1 : Suffit-il d’avoir le choix pour être libre ?
Analyse des termes du sujet : L’énoncé du sujet semble supposer que le choix ne serait pas suffisant pour être libre. Dès lors, que signifierait la liberté ? et pourrait-on se passer du choix ? Assurément non. Il faut alors s’interroger sur les modalités logiques impliquées par « suffit-il ». Le sujet va-t-il se contenter d’opposer suffisant et insuffisant ou présuppose-t-il une troisième voie comme « nécessaire mais insuffisant » ?
Introduction
On offre un choix à un condamné à un mort. Si sa prochaine phrase est vraie, il sera pendu. S’il ment, il sera noyé. L’individu dispose de deux options différentes et peut sélectionner celle qu’il veut, pourtant il semble difficile d’affirmer qu’il est libre puisque le choix contraint va le conduire à la mort (et on peut postuler d’après l’expérience commune que ce n’est pas sa volonté).
Pour le sens commun, le choix apparaît comme une composante essentielle de la liberté. En effet, si on imposait le gouvernant politique au lieu d’offrir un choix entre plusieurs propositions, les citoyens ne diraient pas qu’ils sont libres de décider de leur dirigeant. Et pourtant, il apparaît que le choix n’est pas suffisant pour être libre puisque ce choix peut se situer lui-même au sein d’un cadre contraint et que les options restent limitées, voire déséquilibrées. Par exemple, lors de l’élection présidentielle de 2002 certains électeurs de gauche ont estimé ne pas avoir le choix alors qu’on leur proposait deux candidats au second tour.
Par conséquent, on en vient à formuler la problématique suivante : peut-on affirmer que le choix suffise à assurer la liberté ? (ou est-il insuffisant ?) (ou n’est-il qu’une composante nécessaire mais insuffisante ?)
Plan
Partie 1 : Thèse A : Oui le choix est suffisant pour être libre.
Argument 1 : Le système juridique reconnait responsable celui qui a le choix.
Exemple : Le meurtre
Argument 2 : Descartes, l’expérience quotidienne du choix prouve la liberté.
Ex : Au quotidien, je fais des choix (me lever ou pas, mettre mes chaussures ou pas), j’expérimente ma liberté de faire ou de ne pas faire.
Argument 3 : Les silences de la loi : la loi pose des limites mais offre une infinité de choix.
Ex : Même si la vitesse est limitée à 130km/h sur l’autoroute, je peux choisir de rouler à 110, 120 ou 125.
TRANSITION : Souligner qu’un choix prend place dans un cadre. Si vous avez choisi l’exemple de la limitation de vitesse, vous pouvez montrer que la pluralité des choix ne signifie pas une liberté totale. D’où la nécessité de poser une nouvelle thèse.
Partie 2 : Thèse non A : Non, le choix n’est pas suffisant pour être libre.
Argument 1 : Spinoza : l’illusion du libre-arbitre. L’humain n’a que l’illusion du choix car ce choix est déjà déterminé par des causes extérieures.
Exemple : Je crois avoir faim et choisir ce que je mange mais je n’ai pas choisi d’avoir faim.
Argument 2 : Freud, le déterminisme psychologique : au début de vingtième siècle Freud postule l’existence d’un inconscient à partir d’actes non expliqués (lapsus, actes manqués) et d’un déterminisme psychologique (puisque certaines actions seraient causées par notre inconscient et notre par notre volonté consciente).
Exemple : l’acte manqué.
Argument 3 : SHS : la deuxième moitié du vingtième siècle a mis à jour plusieurs mécanismes inconscients (comme le syndrome Kitty Genovese) qui établissent que certains comportements humains sont déterminés et prédictibles.
Exemple : l’inhibition de l’initiative individuelle en groupe.
TRANSITION : Et alors ? La théorie du déterminisme permet de dévoiler les mécanismes de l’illusion : le choix dont on faisait la source de la liberté serait dans certains cas déjà « écrit » par des forces extérieures mais cela ne remet pas en cause la nécessité du choix pour conquérir la liberté.
Partie 3 : Dépasser l’apparente opposition. Thèse C (A et non A) : Le choix est une condition nécessaire mais insuffisante pour être libre.
Ici les élèves sont relativement libres selon la construction opérée et le fil rouge choisi.
Argument 1 : Conquérir les libertés politiques. Repousser les frontières du choix.
Exemple : Droit de vote. Droits civiques.
Argument 2 : S’émanciper des déterminismes.
Exemple : la mise à jour d’un déterminisme particulier permet de s’en libérer.
Argument 3 : Kant, l’autonomie morale.
Exemple : Atteindre le plus haut degré de liberté suppose de sortir de l’hétéronomie pour passer à l’autonomie et s’imposer ses propres règles.
Sujet 2 : Agir moralement, est-ce nécessairement lutter contre ses désirs ?
Analyse des termes du sujet : L’énoncé du sujet semble supposer qu’une tradition philosophique a fait de la répression des désirs le cœur de la moralité et que cette conception serait limitée. Ici le terme clé est « nécessairement ». La modalité logique de la nécessité impliquerait qu’on ne peut pas ne peut le faire.
Introduction
L’imagination populaire présente le saint homme ou le sage dans l’ascèse, c’est-à-dire dans la modération, la privation voire le sacrifice. On imagine St-François ou l’abbé Pierre vivre dans le dénuement et non la débauche excessive.
Pour le sens commun, l’action morale se présente sous la forme du sacrifice : l’intérêt public ou l’intérêt d’autrui passe avant l’intérêt privé. Par exemple, quand je choisis de payer mes impôts ou de donner de l’argent à un nécessiteux, je privilégie l’intérêt des autres au détriment de mes désirs égoïstes. Pourtant, il n’est pas toujours obligatoire d’aller contre ses désirs pour agir moralement : ainsi si une bonne passion telle que la générosité ou le courage me pousse à agir, je peux suivre la morale et simultanément mes désirs. Par exemple, si j’offre un objet à un proche que j’aime, le bonheur de cette personne entraîne également mon bonheur.
Par conséquent, on en vient à formuler la problématique suivante : L’action morale implique-t-elle obligatoirement de renoncer à ses désirs ? (ou peut-elle les réconcilier ?) (ou peut-elle les concilier ?)
Plan
Partie 1 : Thèse A : Oui il faut renoncer à ses désirs pour agir moralement.
Argument 1 : Le sacrifice de l’intérêt privé est emblématique. La solidarité plutôt que l’égoïsme. (On pouvait présenter un argument par l’absurde en montrant que le criminel se définit par son égoïsme au sens où il privilégie ses désirs aux dépends du groupe).
Exemple : Payer ses impôts. L’intérêt public prime sur l’intérêt privé.
Argument 2 : La générosité. Faire passer autrui avant soi.
Ex : Le don. L’évêque Myriel dans Les Misérables de Victor Hugo incarne ce don chrétien poussé à l’extrême.
Argument 3 : Kant, la morale se définit en tant que devoir. Faire le bien suppose d’obéir aux impératifs catégoriques et ne tolère aucune contextualisation.
Exemple : Si on demande à un médecin de soigner un tueur d’enfants, il est tenu moralement d’obéir car la morale lui impose de dépasser ses goûts personnels.
TRANSITION : « Qui fait ça ? » Critique de l’idéalisme kantien. Certes le devoir moral supposerait de dépasser ses désirs mais cette vision utopique peut-elle s’appliquer dans les faits ? Ne faudrait-il pas envisager une autre forme de morale plus pragmatique qui ne demanderait pas aux individus de sacrifier leurs désirs ?
Partie 2 : Thèse non A : Non, il n’est pas obligatoire de renoncer à ses désirs pour agir moralement. On peut concilier les deux.
Argument 1 : Certains désirs peuvent s’exprimer dans la cadre de la morale. La passion de générosité.
Par exemple : Si quelqu’un aime offrir des cadeaux parce que cela lui procure du plaisir, il est dans une démarche égoïste et satisfait ses désirs mais cela n’entre nullement en conflit avec les normes morales.
Argument 2 : Egoïsme déguisé. Si on prend le problème sous l’angle d’une morale conséquentialiste (qui prête attention aux conséquences des actions) et non une morale intentionnaliste (qui privilégie les intentions), quelqu’un qui agirait en apparence de manière morale (en payant ses impôts ou en aidant ses voisins) pourrait, dans le secret de sa conscience, suivrait ses désirs en défendant son intérêt personnel.
Exemple du marchand honnête qui ne vole pas ses clients car garder sa clientèle est dans son intérêt.
Argument 3 : Adam Smith : la théorie de la « main invisible ». La somme des intérêts privés sert l’intérêt public.
Exemple : Si on invente un remède contre le cancer pour gagner des milliards, on sert également l’intérêt public.
TRANSITION : Ceci nous amène à conclure que dans certains cas, la morale imposerait de renoncer à ses désirs alors que dans d’autres, il
Partie 3 : Dépasser l’apparente opposition. Thèse C (A et non A) : on pourrait même en venir à postuler que l’action morale repose sur les sentiments.
Ici les élèves sont relativement libres selon la construction opérée et le fil rouge choisi. Certains ont choisi de finir sur le désir d’agir moralement qui permet de surmonter le paradoxe.
Argument 1 : Smith : égoïsme bénéfique. La théorie de la main invisible ne montre pas seulement que l’égoïsme est compatible avec la moralité mais pourrait même postuler que l’égoïsme est nécessaire à al moralité.
Exemple : Un être égoïste et cupide qui travaille de toutes ses forces pour inventer un traitement contre le cancer est plus utile à la société qu’un ascète renonçant à ses désirs mais n’inventant rien.
Argument 2 : Ecole écossaise : les sentiments moraux (Hume, Hutchetson).
Exemple : Quand les sentiments nous poussent à agir de manière juste il faudrait les écouter pour agir moralement.
Argument 3 : Dès lors, ne faut-il pas sélectionner lesdits sentiments ? La conclusion de la réflexion pourrait être une classification des désirs.
Exemple : Il faut suivre nos désirs moraux ainsi que nos désirs égoïstes dont les effets sont favorables mais proscrire nos désirs aux conséquences néfastes.
Sujet texte (en classe)