Chronique n°25: Pagan Pandemia0

Posted on janvier 27th, 2014 in LITTÉRATURE

Pagan Pandemia

« Soupe de phalanges »

 

Le roman porte le sous-titre « soupe de phalanges ». C’est un double jeu de mots que comprendra le lecteur néanmoins ce n’est pas le titre que j’aurais choisi.

L’histoire se révèle rapidement être une histoire d’urban fantasy, à l’univers original et surprenant mais cela ne sautait pas aux yeux. Dans un rayon de librairie, je n’aurais pas forcément commencé par ce titre.

Ensuite, ce qui frappe, d’emblée, c’est le vocabulaire. Si vous aimez les Jaworsky et les langues ciselées au vocabulaire soutenu, passez votre chemin. Ici, c’est du Michel Audiard. Un argot vibrant constitue le roman. C’est déroutant par moment mais cela apporte une vitalité à la langue et au récit. Au moins, je sens palpiter la langue.

Le livre présente différents niveaux de lecture. Je vais revenir sur l’intrigue principale dans un instant. Je commence par les messages cachés qui grouillent comme des mouches autour d’une écuelle de lait. Ne serait-ce que dans le choix des titres de chapitres, on devine la culture et les références de l’auteur. Mais c’est dans la construction de l’univers qu’on s’amuse à retrouver des références franchement camouflées.

Les deux personnages principaux sont un celte et un viking. C’est le genre de tandem qu’Howard aimait mettre en scène. Les « phalanges » sont constituées de cinq paladins ? Logique. Les cinq doigts de la main. De par leur fonction, ils rappellent bien les « quatuor » qui se promènent chez Goodkind. En revanche, pas l’ombre d’un elfe ou d’un orc.

L’histoire se déroule sur Terre, en France, à la fin des années 2000. Les personnages regardent la télévision , boivent de l’alcool (beaucoup) et se dessoudent à coup d’opinel.

On alterne les phases de récit à la troisième personne et à la première, un peu comme dans Nightwatch. Ce n’est pas vraiment gênant. L’auteur gère bien ses scènes et n’est jamais confus.

Le livre suit les mésaventures d’un duo de choc, franchement pathétique, qui se retrouve accidentellement obligé de sauver la peau d’un gamin de quinze ans qui ne comprend rien aux forces occultes qui dirigent l’univers.

J’en viens aux points intéressants. Outre la langue vivante, riche et variée, le personnage principal est un pur anti-héros. Il pue. Je résume mais c’est l’idée. A cause de ses pouvoirs magiques, il empeste la charogne. Ca nous change des héros stéréotypés d’Hollywood.

Le gros point fort du roman, qui m’a séduit, réside dans les personnages. L’histoire brasse une cinquantaine d’individus qui ont tous leur personnalité et leur parler. C’est bien, c’est presque excellent. Les héros sont confrontés à une galerie pittoresque de personnages et j’applaudis le travail de l’auteur sur ce point.  Certains écrivains ont tendance à glisser dans le manichéisme et le prêchi-prêcha, en répétant à toutes les pages que le « X c’est mal » ou que « Y c’est bien ». J’apprécie de voir que tous les points de vue sont exprimés. Cela ajoute du réalisme à l’univers du récit.

Et, pour finir, je dirai que c’est probablement le seul livre au monde qui fait l’apologie de l’alcoolisme :)

 

 

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