St-Augustin: le passé et le futur n’existent que dans le présent0
En revanche, ce qui m’apparaît comme une évidence claire, c’est que ni le futur ni le passé ne sont. C’est donc une impropriété de dire : « Il y a trois temps : le passé, le présent et le futur. » Il serait sans doute plus correct de dire : »Il y a trois temps : le présent du passé, le présent du présent, le présent du futur. » En effet, il y a bien dans l’âme ces trois modalités du temps, et je ne les trouve pas ailleurs. Le présent du passé, c’est la mémoire ; le présent du présent, c’est la vision directe ; le présent du futur, c’est l’attente. S’il m’est permis d’user de ces définitions, alors, oui, je le vois, je déclare, il y a trois temps, et ces trois temps sont. Je veux bien que l’on continue à dire : « Il y a trois temps : le passé, le présent, le futur », selon un abus de langage habituel. Soit ! je n’en ai cure, je ne m’y oppose pas ni ne le blâme, pourvu toutefois que l’on comprenne bien ce que l’on dit : ni le futur ni le passé ne sont un présent actuel. De fait, notre langage comporte peu d’expressions propres, pour beaucoup d’impropriétés, mais on voit bien ce que nous voulons dire.
AUGUSTIN, Les Confessions, Livre XI, chapitre 20
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