Sextus Empiricus: on se fie quand même aux sens0
Ceux qui disent que les sceptiques rejettent les choses apparentes me semblent ne pas avoir écouté ce que nous disions. Ce qui nous conduit à l’assentiment sans que nous le voulions conformément à une impression passive, nous ne le refusons pas, comme nous l’avons dit plus haut. Or c’est cela les choses apparentes. Mais quand nous cherchons si la réalité est telle qu’elle apparaît, nous accordons qu’elle apparaît, et notre recherche ne porte pas sur ce qui apparaît mais sur ce qui est dit de ce qui apparaît. Or cela est différent du fait de faire une recherche sur ce qui apparaît lui-même. Par exemple, le miel nous apparaît avoir une action adoucissante. De cela nous sommes d’accord, car nous subissons cette action adoucissante par nos sens. Mais, de plus, s’il est doux, pour autant que cela ne découle pas de l’argument précédent, nous continuons de le chercher : ce n’est pas la chose apparente mais quelque chose qui est dit de la chose apparente. Si nous proposons des arguments directement contre les choses apparentes, nous ne proposons pas ces arguments dans l’intention de rejeter les choses apparentes, mais bien pour montrer la précipitation des dogmatiques.
SEXTUS EMPIRICUS, Esquisses pyrrhoniennes, I, §19-20
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