Analyse d’un texte de Rousseau (Notions: nature, liberté)0

Posted on novembre 16th, 2011 in En terminale

Texte de Rousseau

 

« Mais, quand les difficultés qui environnent toutes ces questions, laisseraient quelque lieu de disputer sur cette différence entre l’homme et l’animal, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation, c’est la faculté de se perfectionner ; faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu, au lieu qu’un animal est, au bout de quelques  mois, ce qu’il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu’elle était la première année de ces mille ans. Pourquoi l’homme seul est-il sujet à devenir imbécile ? N’est-ce point qu’il retourne ainsi dans son état primitif, et que, tandis que la bête, qui n’a rien acquis et qui n’a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l’homme reperdant par la vieillesse ou d’autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête elle-même ? Il serait triste pour nous d’être forcés de convenir, que cette faculté distinctive, et presque illimitée, est la source de tous les malheurs de l’homme  […] »

 

Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes

P 183-184 de l’édition Garnier-Flammarion

 

 

Explication de texte

Qui est l’auteur ?

Jean-Jacques Rousseau.  

Philosophe du 18ème siècle. Originaire de la république de Genève, il est compté comme un philosophe français. Il a écrit quelques ouvrages en philosophie politique. Il pense notamment que la société résulte d’un « pacte social ». Rousseau conteste l’inégalité entre les hommes à c’est la société qui crée les inégalités.

Rousseau a également laissé une œuvre conséquente sur les théories de l’éducation. Mais pour expliquer ce texte il faudra se concentrer sur l’aspect « philosophie politique ». Rousseau ayant abandonné ses cinq enfants ses adversaires l’ont accusé de ne rien connaître à l’éducation.

De quel livre est extrait ce passage ?

Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes.

Discours écrit par Rousseau. Le philosophe cherche à montrer qu’à « l’état de nature » les hommes étaient égaux, heureux. Ensuite, la société a créé les inégalités (le riche/le pauvre).

Quelle est la thèse de l’auteur dans ce texte? (quelle est la position défendue par l’auteur ?)

L’homme n’a pas une nature comme les animaux mais une perfectibilité, c’est-à-dire la capacité d’évoluer, de se perfectionner.

A quelle problématique répond-il ?

L’homme a-t-il une nature ?

Vous pouvez replacer ce texte dans une confrontation entre nature et culture. Il peut être également utilisé dans un sujet sur la société ou la liberté.

 

Quelle est l’argumentation utilisée par le philosophe ?

Comment débute l’argumentation de Rousseau ? Il explique qu’une espèce animale n’évolue pas en mille ans. Un bébé animal ressemble déjà à ce qu’il sera toute sa vie. Un bébé cheval sait courir. Il ne fera rien de nouveau.

On devine que par opposition l’homme est différent.

Le bébé humain est très différent de l’adulte qu’il va devenir. Il est différent des adultes qu’il peut devenir. Car Rousseau définit la nature humaine comme « perfectibilité », c’est-à-dire la capacité d’évoluer (en bien ou en mal).

Place de ce texte dans l’œuvre de Rousseau

Rousseau cherche à montrer que l’homme est bon par nature et que la société le pervertit. Alors pourquoi ce texte ?

Si l’homme est vraiment « bon par nature », que c’est notre nature inaltérable d’être bon à on devrait être bon et la société n’y pourrait rien. Or ce n’est pas le cas.

Comment expliquer ça ?

Rousseau montre que la nature de l’homme est d’être perfectible : on peut évoluer. Donc on peut évoluer en mal. On devient jaloux, arrogant. La société nous déforme.

Pessimiste ce texte ? Non. Si Rousseau établit la capacité de l’homme à évoluer, il établit également l’espoir d’un changement. Certes la société est mauvaise mais on peut changer. Ce qui ouvre la possibilité pour un « nouvel homme », un nouveau « contrat social » (qui sera développé dans le livre suivant de Rousseau Du contrat social).

 

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