Nietzsche: le libre-arbitre0
Introduction de l’explication de texte
(texte vu sur la notion LIBERTE)
Ce texte est extrait du chapitre « Les quatre grandes erreurs » du livre de Nietzsche Le Crépuscule des idoles, paru en 1888. L’extrait prend place après une critique des causes imaginaires. Le thème de l’extrait est le libre-arbitre, lui aussi considéré comme une erreur.
A priori, personne ne doute de l’existence de cette capacité à faire ou à ne pas faire. Tout le monde a déjà fait l’expérience de sa liberté : je peux me lever ou ne pas me lever. Même les enfants et les malades peuvent user de ce libre-arbitre pour faire ou ne pas faire. Ainsi, on considère généralement que chacun est l’auteur de ses actes, que chacun est responsable de ses actes et, par conséquent, que chacun doit en répondre puisqu’il avait la liberté de les faire ou non. Pourtant, ce libre-arbitre est-il une réalité avérée ? Puis-je expliquer un cambriolage par le seul libre-arbitre d’un criminel ? Si les conditions économiques avaient été différentes, si le système éducatif avait été différent, si les richesses étalées avaient été dissimulées, si la vitre avait été de meilleure qualité, si le criminel n’était pas perclus de cupidité, ce crime ne serait jamais advenu. Malgré tout, la loi (ou la religion) choisit généralement de punir le criminel au lieu de punir la société ou le système. Choisir d’expliquer un acte, résultant d’une pluralité de causes, par une cause unique (à savoir la volonté) n’est-il pas un tour de force de ceux qui cherchent à condamner ?
C’est cette question que Nietzsche examine dans ce texte en faisant l’hypothèse suivante : le libre-arbitre serait une invention. Une invention des théologiens. Car attribuer le libre-arbitre aux humains c’est leur assigner l’entière responsabilité de leurs actes. Par conséquent, c’est justifier leurs punitions.
La démonstration de Nietzsche se développe en trois temps : de « Il ne nous reste… » (l 1) à « … des théologiens » (l 4), Nietzsche énonce son hypothèse. Puis, dans un deuxième temps, de « Je ne fais que… » (l 4) à « …de trouver coupable » (l 9) Nietzsche dénonce le tour de force théologique en montrant l’enchaînement des idées. Inventer le libre-arbitre, c’est attribuer une responsabilité et par conséquent on justifie les punitions. Enfin, dans un troisième temps, de « Toute l’ancienne… » (l 9) à « …des peines » (l 11), Nietzsche dénonce le profond immoralisme (voire sadisme) des prêtres qui auraient créé ce système pour obtenir le « droit » d’infliger des peines.
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