La biologie de la survie, HBR n°180

Posted on janvier 6th, 2017 in Fiches de lecture

hbr-18Martin Reeves, Simon Levin et Daichi Ueda, « La biologie de a survie », HBR n°18, dec-janv 2017, pp. 58-68

Il est toujours intéressant de constater que même les experts libéraux libéraux d’Harvard recommandent le travail collectif plutôt que l’isolement et le repli sur l’intérêt personnel à court terme.

Les auteurs de l’article ont identifié un problème : les entreprises ont des durées de vie de plus en plus courtes. Ils attribuent ce phénomène à deux causes : le manque d’adaptation et de robustesse à long terme.

Leur solution consiste à s’inspirer de la biologie: dans un écosystème ce sont les organismes les mieux adaptés qui survivent, par conséquent il faut s’en inspirer.

Cela se traduit concrètement par 6 pistes d’action pour les entreprises:

  • maintenir l’hétérogénéité des personnes, des idées et des comportements;
  • soutenir la modularité;
  • préserver la redondance entre les composants;
  • accepter la surprise, pas l’incertitude;
  • créer des boucles de rétroaction et des mécanismes adaptatifs;
  • encourager la confiance et la réciprocité dans leurs écosystèmes d’affaires.

L’exemple étudié « Sony/Amazon » permet d’illustrer la question du rapport à l’écosystème. Sony avait sorti sa liseuse 3 ans avant Amazon, ce qui lui donnait un avantage compétitif, pourtant c’est le deuxième qui a conquis le marché. Pourquoi? Parce qu’il avantagé ses partenaires (auteurs, éditeurs) et favorisé son écosystème, quitte à sacrifier ses bénéfices à court terme. Quand Sony proposait 800 titres, Amazon en affichait 80 000.

Evidemment il s’agit d’une théorie. Cet article identifie un problème et propose une thèse soutenue par des arguments et illustrée par des exemples toutefois on peut émettre des critiques quant à la validité du raisonnement. On retrouvait déjà l’idée des équipes hétérogènes chez Teresa Amabile et l’idée de la redondance dans le management japonais toutefois cela représente des risques et des coûts importants à l’heure où les entreprises cherchent surtout à les réduire.

La philosophie classique avait tendance à opposer l’intérêt privé et l’intérêt collectif. Par exemple celui qui fraude les impôts pénalise la communauté par égoïsme.  Adam Smith a renversé cette conception en défendant, dans la théorie de la « main invisible », la thèse que la somme des intérêts privés forme l’intérêt public. Pourtant la théorie de Smith, qui a inspiré plusieurs tendances libérales, n’avait pas prévu les excès du néo-libéralisme et l’accroissement des inégalités. Dès lors il est intéressant de constater que les experts en économie d’Harvard en reviennent à conseiller de « jouer collectif »: pour durer une entreprise ne doit pas penser qu’à ses intérêts à court terme. Elle doit aider son écosystème et ses partenaires. Ce n’est pas évident: dans une société individualiste le réflexe du repli sur soi fait que certaines personnes préfèrent penser à elles, par ego ou manque d’imagination, au risque de couler plutôt que de penser au collectif.

Nous reviendrons sur les exemples de réussite d’Adobe et d’Elon Musk dans un article suivant.

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