Le renard0

Posted on novembre 16th, 2011 in LA MÈTIS

Le renard

« Le renard a dans son sac mille tours, mais sa ruse culmine dans ce qu’on peut appeler la conduite du retournement. De son côté, le poulpe symbolise, dans l’infinie souplesse de ses tentacules, l’insaisissabilité par polymorphie[1]. »

 

 

 

 

 

Oppien décrit plusieurs ruses du renard. L’animal peut s’étendre par terre et faire le mort. Quand les oies l’attaquent, il se réveille et les prend au piège.

Cette ruse est comparable à celle qu’utilise Renart dans la branche III du roman éponyme. Renart fait le mort pour que les marchands le ramassent et le rangent parmi le stock de poissons.

D’après Oppien, le renard vit dans une tanière avec sept entrées, ce qui le rend insaisissable. Il peut flairer les pièges. Oppien utilise le verbe olisthànein pour comparer le renard au corps d’un athlète frotté d’huile qui glisse entre les mains adverses.

Autre astuce du renard. Pour chasser les outardes, il se retourne et agite la queue. Après avoir attiré ses proies, il se retourne et attaque.

Si un aigle fond sur lui, le renard se renverse. L’aigle est trompé, le renard lui échappe. Le renard maîtrise tous les retournements : devant/derrière, mort/vivant, sur le ventre/sur le dos. Il opère un jeu de bascule entre des catégories opposées.

Pindare fait l’éloge d’un vainqueur au pancrace : Mélissos de Thèbes. C’est un lion doublé d’un renard car il maîtrise le retournement.

Que représente le renard pour les Grecs ?

Le renard symbolise la conduite du retournement: faire une chose puis son contraire. Le retournement est plus que la duplicité ou le déguisement puisqu’on peut instantanément faire une chose puis son contraire et à nouveau le contraire du contraire. L’affrontement entre deux judokas consiste justement à alterner pousser-tirer pour surprendre l’adversaire.

La conduite du retournement est une attitude feinte et un rapport au temps puisqu’il s’agit de choisir avec soin le moment du retournement. Le renard se retourne quand sa proie est à portée.

 


[1] Detienne et Vernant, Op. Cit. p 41

Comments are closed.

Leave a Reply